Destins Français Lorraine / Région Grand Est

Qui était la première femme à avoir le bac ? Julie Victoire Daubié

Le 17 août 1861, le lendemain des épreuves écrites, le verdict tombe : 6 boules rouges, 3 blanches et 1 seule boule noire, le jury a décidé de donner le diplôme du Baccalauréat à une femme pour la première fois de son histoire. Cette femme c'est Julie Victoire Daubié, elle a 37 ans ce jour là, et déjà une vie bien remplie. Découvrez l'histoire de Julie Victoire Daubié, première bachelière de France.

Partagez :

Julie Victoire Daubié est vosgienne 

 

Elle est née le 26 mars 1824 à Bain-les-bains (aujourd'hui la Vôge les bains) une cité thermale et aussi industrielle puisque c'est la que se trouve une des plus anciennes manufactures de France (elle vaut la visite). C'est la 8e enfant de la famille. On l'appelle plutôt "Victoire" puisque Julie est le prénom de sa soeur ainée et marraine. Elle perd son papa très jeune, puisqu'elle n'a que 20 mois quand il meurt. 

 

 

Elle devient institutrice à 20 ans

 

En 1844, elle a 20 ans quand elle obtient le "certificat de capacité" qui lui permet de devenir institutrice. On ne demande ce diplôme qu'aux femmes laïques, les religieuses en sont dispensées et peuvent enseigner sans le passer. Cela met beaucoup Julie Victoire en colère. 

 

Au 19e siècle, l'éducation des filles, qui n'est pas du tout obligatoire, est confiée aux religieuses sans leur demandé quelque diplôme que ce soit. Cela met Julie Victoire Daubié en colère. Illustration choisie par Monsieurdefrance.Com : Ecole chretienne à Versailles en 1839. Par Antoinette Asselineau — Public Domain, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49965169

Au 19e siècle, l'éducation des filles, qui n'est pas du tout obligatoire, est confiée aux religieuses sans leur demandé quelque diplôme que ce soit. Cela met Julie Victoire Daubié en colère. Illustration choisie par Monsieurdefrance.Com : Ecole chretienne à Versailles en 1839. Par Antoinette Asselineau — Public Domain, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49965169

 

 

Et elle se lance pour le baccalauréat. 

 

A l'époque, les femmes ne font pas d'études. Ca n'empêche pas Julie Victoire Daubié d'étudier, notamment avec son frère avec qui elle travaille son latin, son grec, avant d'étudier aussi la zoologie. Son frère lui obtient, d'ailleurs, une autorisation officielle d'aller au Muséeum d'Histoire Naturelle suivre des cours. Remarquée par l'industriel François Barthélémy Arlès-Dufour, elle se lance dans une licence de lettres et elle est la première femme à tenter le baccalauréat. Le 17 août 1861 le verdict tombe après l'épreuve écrite. 6 boules rouges (favorables), 3 boules blanches (abstension) et 1 boule noir (refus). Voilà donc Julie Victoire Daubié première femme à obtenir le diplôme du bac. Plus tard, elle continue ses études et devient la première femme à obtenir une licence de lettres. On lui envoie son diplôme et il faut d'ailleur rayer le mot "Monsieur" pour écrire à la main : "mademoiselle". 

 

Julie Victoire Daubié / Le seul portrait qu'on a d'elle. Illustration choisie par monsieurdefrance.Com : Par Pierre Petit — Bibliothèque Marguerite Durand, Paris, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2691437

Julie Victoire Daubié / Le seul portrait qu'on a d'elle. Illustration choisie par monsieurdefrance.Com : Par Pierre Petit — Bibliothèque Marguerite Durand, Paris, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2691437

 

 

Le mythe du refus des hommes de lui donner le bac 

 

On a souvent dit que les hommes avaient tout fait pour lui refuser le diplôme et que le ministre de l'éductation aurait dit que donner le bac à une femme c'était ridiculiser l'institution. On sait maintenant que c'est faux, grâce à Julie Victoire Daubié elle-même qui écrit "En France (j'aime à le dire pour l'honneur de mon pays) l'initiative sociale nous manque ici beaucoup plus que la liberté, car j'ai pu être admise, l'année dernière, à l'examen du baccalauréat, par la Faculté des lettres de Lyon, sans faire de demande exceptionnelle. J'ai rencontré partout, pour cette innovation, une bienveillance impartiale et des sympathies généreuses, dont je ne saurais trop remercier ma patrie et mon siècle "

 

 

Julie Victoire Daubié : journaliste, économiste, cheffe d'entreprise et écrivain

 

Le livre le plus célèbre de Julie Victoire Daubié : "la femme pauvre au 19e siècle". Source de Monsieur de France : Gallica.fr / BNF 

Le livre le plus célèbre de Julie Victoire Daubié : "la femme pauvre au 19e siècle". Source de Monsieur de France : Gallica.fr / BNF 

 

Elle écrit de nombreux ouvrage ou articles, dont son livre le plus connu  "la femme pauvre au XIXe siècle" un ouvrage dans lequel elle évoque les rudes conditions de vie des femmes de l'époque. Elle parle notamment des mères célibataires et la détresse, notamment économique, qui est la leur. Dans ses Vosges, elle fonde une entreprise de broderie, comme sa soeur l'a fait elle aussi,  et fait travailler beaucoup de femmes qu'elle paie au mieux. Elle déplore qu'on y fasse travailler les enfants, affirmant que le travail si tôt leur déforme le corps. Elle est sollicitée pour un journal économique "l'économiste français" et y partage son expérience. Féministe, au sens de l'époque, elle milite pour le droit de vote des femmes et elle oeuvre à leur émancipation par ses écrits, par une association (dont les ouvrages sont interdits un moment) et elle étudie la condition de la femme dans l'histoire. Ses ouvrages sont connus et reconnus, ils lui valent une médaille lors de l'Exposition Universelle de 1867. En 1874, elle est proche de passer son doctorat en écrivant une thèse sur la condition de la femme à l'époque romaine. 

 

 

Morte à Fontenoy le château à l'age de 50 ans. 

 

En 1872, Julie Victoire Daubié quitte Paris et revient dans les Vosges pour aider sa mère devenue âgée et malade. C'est là qu'elle meurt le 25 août 1874 à 17H00 des suites de la tuberculose. Elle repose toujours au cimetière de Fontenoy le Château, où sa tombe est visible. 

 

Julie Victoire Daubié (1824-1874)/ Source de monsieur de France : limedia.Fr

Julie Victoire Daubié (1824-1874)/ Source de monsieur de France : limedia.Fr

 

 

Le mémoire de Julie Victoire Daubié 

 

Signature de Julie-Victoire extraite de son livre La femme pauvre au XIXe siècle qu'elle a dédicacé et donné à la bibliothèque d'Épinal / Illustration choisie par monsieur de France : Par Bibliothèque multimédia intercommunale d'Épinal — https://galeries.limedia.fr/histoires/julie-victoire-daubie-premiere-bachelier-de-france/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=81472359

Signature de Julie-Victoire extraite de son livre La femme pauvre au XIXe siècle qu'elle a dédicacé et donné à la bibliothèque d'Épinal / Illustration choisie par monsieur de France : Par Bibliothèque multimédia intercommunale d'Épinal — https://galeries.limedia.fr/histoires/julie-victoire-daubie-premiere-bachelier-de-france/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=81472359

 

Julie Victoire Daubié, première bachelière de France, première licenciée Es-lettres, premiere journaliste économiste féminine a été longtemps oubliée. On la redécouvre depuis quelques années et son parcours inspire. 23 écoles portent son nom, de même que 4 collèges et 3 lycées (en 2024). Quelques rues portent son nom également, à Paris (13e arrondissement), à Nancy aussi. 

Jérôme Prod'homme

Jérôme Prod'homme

Jérôme est "monsieur de France" l'auteur de ce site.