Dinard ou l'histoire d'une station balnéaire
Dinard : la plage et les célèbres tentes en toile bleu et blanche qui signent la ville. Photo choisie par monsieurdefrance.com : shutterstock.
Un hameau pendant plusieurs siècles.
Dinard, jusqu'au milieu du XIXe siècle n'est qu'un hameau de St Enogat, une parroisse bretonne qui fourni Saint Malo en marins, en vivres et aussi en engrais, grâce aux dejections des oiseaux sur les rochers. L'endroit est un des rares lieux républicains à l'époque chouane, et encore on parle là du village, les campagnes étant plutôt chouannes. Saint Enogat, qui tient son nom du 5e évêque d'Aleth (Saint Malo) est constituée d'un village, au bord de la mer mais qui lui tourne le dos et de nombreux hameaux comme le Prieuré, par exemple, fondé par des moines du Moyen-âge au XIIe siècle, la grande lande, la pionnière (dont la rue de la pionnière perpetue le souvenir) et Dinard : Un port. Enfin plutôt qu'un port, un village de pêcheur et surtout un point de passage de l'Ouest Breton vers Saint Malo, l'opulente cité commerciale. On y prend un bac, très taxé d'ailleurs, qui mène à la Cité Corsaire, notamment pour vendre des toiles tissées dans les campagnes avec le chanvre qui se plait bien en Bretagne. Un lieu comme tant d'autres, si ce n'est une courte apparition dans l'Histoire quand le duc Jean IV de Bretagne débarque le 3 août 1379 à Dinard, depuis l'Angleterre, pour reconquérir son duché. Ce qui va tout changer c'est le tourisme.
Sceau du duc Jean IV de Bretagne / Image choisie par monsieurdefrance.com
Un coup de coeur qui lance Dinard
C'est un couple d'américains, William et Lyona Faber, qui va lancer la station balnéaire de Dinard autour de 1835 en découvrant le site grâce à un ami anglais qui le connaissait déjà, peut être après avoir été prisonnier à Saint Malo lors des guerres impériales. C'est en tous cas au couple Faber qu'on doit l'une des premières villas bâties pour profiter de la vue magnifique sur Saint Malo. Conscients du potentiel de l'endroit, à une époque où le tourisme se developpe toujours plus chez les aristocrates et dans une certaine bourgeoisie, les Faber achètent des terrains et les revendent à leurs amis anglais, notamment ceux de Dinan, qui sont rapidement assez nombreux pour justifier l'apparition d'un Consul brittanique et la création d'une église anglicane, Saint Barthelemew (qui est toujours à son emplacement de nos jours). Les anglais vont imprimer leur marque a Dinard et mettre à la mode ce qu'ils pratiquent déjà depuis un bon moment outre-Manche : les bains de mer.
Les premiers bains de mer à Dinard
Une des cabines qui amenaient les baigneuses au bord de l'eau à Dinard. Photo choisie par monsieurdefrance.com : carte postale ancienne.
Alors que la médecine commence à voir les bains de mer d'un bon oeil, et qu'il est déjà chic d'aller se baigner en Grande Bretagne, cette mode des bains de mer atteint la France et notamment Dinard, qui voit s'établir un établissement de bains de mer et qui voit arriver ses premiers baigneurs. On les voit approcher de l'eau sur les plages, notamment la plage de l'Ecluse. Les dames se baignent aussi, habillée de grands maillots qui les couvrent, et amenée dans leurs cabines posées sur des charettes à cheval qui les déposent au plus près de l'eau parce qu'il serait indécent qu'on les voit si peu habillées. Parallelement, les grands fortunes commencent à bâtir leurs villas. Coppinger achève la sienne en 1858. Elles rivalisent de beauté et d'ingéniosité. Tout est possible pour les architectes, de la villa anglaise avec tourelles et bow-windows aux demeures inspirées de malouinières locales. Les hôtels sont de plus en plus nombreux et de plus en plus chics. Depuis le hameau de Dinard, la cité balnéaire s'élargit vers la pointe du Moulinet, la Plage de l'Ecluse au point qu'on commence à parler de Saint Enogat Dinard, avant de ne parler que de Dinard 50 ans après l'arrivée des premiers touristes.
Un monde fou à la plage de Dinard dans les années 1910 photo choisie par monsieurdefrance.com : carte postale ancienne.
La Belle Epoque :
Famille d'élégants en promenade à Dinard sur la pointe du moulinet sous la villa Saint Germain (elle est toujours là, à la pointe droite quand vous êtes sur la plage).
Les années 1860-1914 sont les grandes années de Dinard. La "Saison" amène les plus grands noms dans la cité. On gagne sa villa (et on la loue quand on y est pas, Airbnb n'a rien inventé...), on se promène en arpentant les sentiers, on fait les boutiques à Saint Malo, on pousse parfois jusqu'au Mont Saint Michel. On peut se rendre à la plage profiter d'un bain de mer ou voir les enfants jouer dans le sable ou tenter de pêcher des crabes dans les rochers. Les hôtels donnent souvent des spectacles ou des concerts (on y a vu Sarah Bernardt jouer à Dinard). L'apparition d'un nouveau sport : le lawn-tennis, fait un tel carton qu'un club (très fermé) est créé. C'est l'un des plus anciens de France. Il y a des courses de chevaux sur la plage assez régulièrement et on peut se ruiner quand on veut dans les casinos (la ville en comptera plusieurs à une époque). Pour les habitants des environs, la plage cesse d'être cette étendue vide et inutile pour se nourrir et devient l'origine de bien des emplois.
Dinard : la "Perle de la côte d'Emeraude".
Les villas sont de plus en plus nombreuses grâce à des entrepreneurs comme le Comte Rochaïd Dadah, d'origine Libanaise, qui craque pour Dinard et fait venir le train. On lui doit de nombreux travaux, à commencer par la construction de son château des 2 rives, mais aussi le percement d'un passage entre l'écluse et la Vallée (percement à la dynamite et inauguration en présence du Président de la République en personne).
Le comte Dadah et son épouse devant leur château des deux rives (juste au dessus du pont qui enjambe le passage entre la Plage de l'Ecluse et le bec de la Vallée).
Albert Lacroix propose le "lotissement" en achetant des terrains qu'il viabilise et auquel il permet d'accéder en traçant de nouvelles rues. C'est le début des constructions sur la pointe de la Malouine. Les touristes arrivent toujours plus nombreux depuis Saint Malo, où le train arrive en 1864, via un bac qui traverse l'estuaire de la Rance pour arriver au port de ce hameau de pêcheurs qu'était Dinard jusqu'alors.
Un spot "people"
Portrait de Georges V par Luke Fildes (1911).
De nombreuses célébrités de la Belle-époque sont passées à Dinard. On y a vu passer le futur roi Georges V et Edouard VII. Edmond Rostan (auteur de Cyrano de Bergerac) y a écrit, de même que Paul Valéry. Picasso a peint une série de baigneuses de Dinard, Agatha Christie y a apprit à nager, Sir Winston Churchill y a peint. On parle aussi de Lawrence d'Arabie ou, plus récemment, de Serge Gainsbourg qui y passait, enfant, ses vacances. Aujourd'hui, on croise toujours des célébrités à Dinard.
Lawrence d'Arabie par Sir William Rothestein.
La fin de la grande époque
Vue de Dinard par Pablo Picasso. Il a séjourné 2 fois au Gallic, dans les années 30. Un hôtel ultra moderne pour l'époque puisqu'on trouvait une salle de bain dans la quasi totalité des chambres. Une grande première.
La Première Guerre Mondiale porte un premier coup important à Dinard, qui est née d'un art de vivre aristocratique qui a disparu avec la guerre. Entre 1914 et 1918, les hôtels sont transformés en hôpitaux. Les années folles voient revenir les touristes et on fait la fête dans de nombreuses villas, notamment celle qui est devenue la mairie de nos jours. Les années 30 voient naître "la digue" et les "promenades" qui permettent de longer le littoral. La crise de 1929 porte un nouveau coup à la ville quand les brittaniques, ruinés, vendent leurs demeures et le coup de grâce est donné par la Seconde Guerre Mondiale.
La renaissance de Dinard
Dinard / Photo choisie par monsieurdefrance.com : Shutterstock
Après une periode un peu difficile, alors que les touristes préfèrent les stations plus modernes, Dinard fini par renaître à la fin des années 80. Cette periode "d'oubli" a permis d'éviter à Dinard ce qui est arrivé à d'autres stations balnéaires : la destruction du patrimoine. Pas d'immeubles tout neufs à la place d'une ancienne villa puisque la ville n'est pas demandée. Avec le retour de l'intérêt des touristes dans les années 90, le maire de l'époque, Marius MALET, a l'idée de protéger la ville contre les destructions et il fait classer plusieurs centaines de villas. Un "style dinardais" est imposé à toutes nouvelles constructions. Des rendez vous culturels internationaux sont mis en place tels que le Festival de Cinéma Britannique (qui a vu en premier "Love Actually" ou encore "4 mariage et un enterrement"), le festival de piano ou le Festival de mode. Dinard brille de nouveau. Et pour longtemps...
Où est Dinard ?
Dinard est peuplée d'un peu moins de 10 000 dinardaises et dinardais. Elle est située dans le département d'Ille-et-vilaine et en région Bretagne. La zone touristique de Dinard est la Côte d'Emeraude.
Aller à Dinard par le train.
Il n'y a pas de gare ferroviaire à Dinard. La gare TGV la plus proche est Saint Malo et vous met à 2H36 en moyenne de Paris Montparnasse. Des bus, ou des taxis permettent de rallier Dinard. On peut, par exemple, remonter de la gare vers Intra muros en bus, prendre le bateau bus aux pieds des remparts vers la Porte Saint Vincent, et arriver à Dinard par l'eau. Il faut compter 1H tout compris.
Aller à Dinard par la route
En voiture vous êtes à environ 35 minutes du Mont Saint Michel, 45 minutes de Rennes, 4H30 de Paris (en passant par l'A13 Caen) voire 4H40 (via l'A81) ou 5H20 en itinéraire sans péages). Des bus vous permettent de venir depuis Rennes.
Aller à Dinard par avion
Il existe l'aéroport de Dinard. Il est situé à Pleurtuit. Il offre quelques destinations, notamment vers la Grande Bretagne. Voici le lien pour découvrir les destinations. Il existe aussi un aéroport à Rennes, l'aéroport de Rennes Saint Jacques, à 1H00 de Dinard par la route.
Sites web :
Le site de l'office du tourisme de Dinard est ici.
Le site pour visiter la Bretagne c'est par là.
Lever de Soleil sur Dinard et Saint Malo / Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Jérôme Prod'homme.