Une brève histoire des crèches
La représentation de la Nativité
La Nativité peinte par Charles LE BRUN en 1665. Musée du Louvre, Paris. Source : wikicommons.
Si on considère qu'une crèche c'est la représentation de la Nativité du Christ, alors les plus anciennes ont près de 2000 ans puisqu'on en a retrouvé dessinées dans les catacombes en Italie. En France on retrouve régulièrement dans les églises des représentation de la Nativité, que ce soit sous forme de fresques, de vitraux, comme à Chartres ou de tableaux comme celui de Charles LE BRUN (1619-1690) peintre préféré de Louis XIV et qui est à voir au Musée du Louvre à Paris. Quelques unes sont magnifique comme la Nativité de l'Eglise Saint Roch du Val de grâce à Paris. Sculptée en 1665 par Michel ANGUIER (1612-1686).
La représentation de la Nativité par Michel ANGUIER. Illustration choisie par monsieurdefrance.com : Par Mbzt — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12757451
Le Moyen-âge et l'apparition des crèches
Au Moyen-âge on aime découvrir des "mystères". Il s'agit de grands spectacles publics, souvent donnés devant les églises, et qui représentent de grands épisodes de la Bible. La Nativité est l'un des spectacles les plus appréciés. La crèche arrive plus tard. Le mot crèche vient du Francique ancien "kryptia" qui veut dire mangeoire. On dit que c'est Saint François d'Assise (dont la maman était de Tarascon en France) qui a eu l'idée, le premier, d'une crèche vivante, autrement dit de représenter la Nativité avec des personnages vivants, y compris le bébé, y compris l'âne et le boeuf. C'est en Bavière, Allemagne, que se trouve la plus ancienne crèche monumentale du monde à Füssen. Elle date du XIIIe siècle. En Italie, il y a celle la basilique de Sainte Marie Majeure à Rome, qui date de la même époque. C'est autour de Naples qu'apparaissent les premières crèches plus petites et pour les fêtes de Noël. On les trouve d'abord dans les églises, puis dans les grandes familles. En France, c'est au XVIe siècle qu'on voit apparaître des crèches dans les églises de Provence.
La Révolution Française et les crèches à la maison.
A la Révolution Française alors qu'on ferme de nombreuses églises et que le culte est interdit, de nombreux particuliers fabriquent de petites crèches en mie de pain ou en cire, en argile parfois, qui sont installées discrètement dans les maisons. Après la Révolution, la tradition perdure même quand les crèches font leur retour dans les églises de France. Il y a des crèches typiques dans certaines régions Françaises comme la crèche provençale, très connue, avec ses santons, et qui représente un village provençal avec ses personnages typiques, non seulement Joseph, Marie, Jésus... Mausi aussi un village provençal, souvent du XIXe siècle, avec ses artisans, son moulin, ses petites rues... Il existe aussi des crèches Franc-comtoises.
Des personnages de crèche provençale. Photo choisie par monsieurdefrance.com : depositphotos
Que met-on dans la crèche ?
Le minimum c'est Marie, Joseph, et la mangeoire, dans laquelle on mettra l'enfant Jésus le soir du 24 décembre. Autour il y a l'âne et le boeuf dont la tradition affirme que le souffle réchauffait le nouveau-né. Marie est souvent représentée à genou et Joseph debout. On peut aussi ajouter les bergers et leurs moutons. On voit souvent des anges. On place une étoile au sommet de la crèche pour rappeler que cette étoile a guidé les rois mages vers la crèche. Quelques jours après Noël, on installe les trois rois mages. Dans de nombreuses crèches, notamment provençales, on ajoute des maisons avec des artisans, des animaux (poules, chiens...) et des personnages d'époque beaucoup plus récentes comme le maire, l'instituteur... La crèche reste installée au moins jusqu'à l'Epiphanie, le 5 janvier. Mais la Tradition veut qu'elle reste même jusqu'au 2 février : le jour de la présentation de l'Enfant Jésus au Temple.
Une crèche typique. Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Yay images via depositphotos.
Les plus belles crèches de France
La Provence se taille la part du lion avec la plus grande crèche provençale à Grignan (dans la Drôme). La plus typique est aux Baux de Provence (Bouches du Rhône), là où l'un des rois mages, Balthazar, se serait installé et aurait eu une descendance. On peut aussi voir celle des Saintes Maries de la Mer ou encore Avignon. Pour les santons, l'incontournable c'est la foire aux santons de Marseille. En Alsace, la crèche de la Cathédrale de Strasbourg est véritablement magique. Et dans cette région, on peut découvrir un "sentier des crèches". Il propose de découvrir les crèches d'une trentaine d'églises depuis Altkirch jusque Lauterbourg. Il existe 3 itinéraires différents. Il y a aussi le village de Bergheim et plusieurs crèches à découvrir en plein air. Notre Dame de Paris présente la crèche la plus visitée de France depuis des années. On la reverra de nouveau probablement après les travaux. En Normandie, Lisieux (Calvados) présente plus de 250 crèches du monde entier.
Zoom sur la crèche provençale
Quelques personnages typiques de la crèche provençale comme lou ravi, l'idiot du village. Illustration choisie par monsieurdefrance.com : F. Latour, Marseille, Public domain, via Wikimedia Commons
Dans une crèche Provençale on met évidemment la même chose que dans les crèches "classiques", à savoir Marie, Joseph, l'enfant Jésus, l'âne, le boeuf. Mais on voit aussi des dizaines de bergers et on les voit discuter, travailler, aiguiser leur faux. On voit aussi des poules, des oies, et des maisons provençales tout autour avec leurs murs de pierre blanche et leurs toits de tuiles rouges. Il y a aussi l'ange Boufaréu, avec sa trompette, qui rameute tout le monde. Il y a aussi le chasseur, le meunier et du coup le boulanger, le rémouleur, mais aussi le pêcheur, le ramoneur. Il y a aussi la lavandière et la poissonnière. On doit aussi voir le maire (Lou consoul). Et il y a avoir aussi les bohémiens (le boumian et la boumiane) et non loin une farandole de danseur, l'arlésienne (à cheval), le joueur de pétanque (surnommé sardine), la Margarido (assise sur un âne près de son mari), lou Pistachier (le petit paysan), l'aveugle, son fils, le Tambourinaire, et surtout le ravi de la crèche avec les bras écarté et littéralement épaté parce qu'il voit (par extension quand on dit de quelqu'un qu'il est le ravi de la crèche c'est qu'il est un peu simple et facile à étonner). Plus profondément, le ravi c'est un garçon au coeur pur dont la joie est sans calcul devant la joie de Noël. On peut ajouter le curé, le vicaire, le moine, la "Ravida" (le version féminine du ravi), le simplet, les deux vieux (Grasset et Grassette), et au loin on voit arriver les Rois Mages et leur cohorte de chameaux, dromadaires et serviteurs.
