Aux origines : l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés
Saint Germain des prés en 1618
Au VIᵉ siècle, Paris est encore une petite cité entourée de champs et de marécages. C’est ici, dans les prés situés à l’extérieur des murailles, que Germain, évêque d’Autun, fonde une abbaye. Elle deviendra l’un des grands foyers spirituels de la capitale. Très vite, l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés s’impose comme une puissance religieuse et culturelle. Elle rayonne par ses terres immenses et par l’activité de ses moines copistes qui préservent et diffusent le savoir. Pendant le Moyen Âge, l’abbaye connaît un apogée. Ses clochers dominent le paysage de la rive gauche et symbolisent la force d’un ordre qui influence la vie politique, spirituelle et intellectuelle. Les pèlerins affluent, les manuscrits se multiplient et les liens avec le pouvoir royal renforcent le prestige du lieu. La Révolution française change brutalement la donne. L’abbaye est détruite en grande partie, ses bâtiments conventuels disparaissent et ses trésors sont dispersés. Mais l’église principale, devenue paroissiale, survit à la tourmente. Aujourd’hui encore, l’église Saint-Germain-des-Prés est l’un des plus anciens édifices religieux de Paris, mêlant des éléments carolingiens, romans et gothiques. Elle reste le cœur battant du quartier et le témoin silencieux de plus de quinze siècles d’histoire.
👉 Pour prolonger la découverte du patrimoine religieux, il est intéressant de visiter aussi la cathédrale Notre-Dame de Paris et la Sainte-Chapelle.
Le palais abbatial délabré en 1860
Les cafés de légende : Flore et Deux Magots
Saint-Germain-des-Prés ne serait pas ce qu’il est sans ses cafés mythiques. Le Café de Flore et Les Deux Magots sont devenus des institutions littéraires et philosophiques. Dès l’entre-deux-guerres et surtout après 1945, ces terrasses deviennent le point de rencontre des plus grands intellectuels. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir s’y installent presque quotidiennement. Camus, Queneau, Boris Vian et Juliette Gréco les rejoignent. Les cafés de Saint-Germain-des-Prés deviennent alors des laboratoires d’idées, où se construisent philosophies et œuvres littéraires. L’existentialisme, notamment, prend forme dans la fumée des cigarettes et autour des cafés noirs servis au Flore. Aujourd’hui encore, ces cafés attirent visiteurs du monde entier. On vient y boire un café en imaginant Sartre écrivant sur un carnet ou Beauvoir observant la rue. Ces lieux incarnent la mémoire vivante d’un Paris créatif et intellectuel.
Le café de Flore à Saint Germain des prés Photo par Alex Segre/Shutterstock
👉 Pour une autre plongée dans l’esprit des cafés littéraires, il faut aussi découvrir le Quartier Latin, berceau des étudiants et des penseurs.
L’esprit littéraire et artistique de Saint-Germain
Saint Germain des prés / Photo by Sophie Louisnard on Unsplash
Au XIXᵉ siècle déjà, les romantiques flânent dans ce quartier. Mais c’est au XXᵉ siècle que Saint-Germain-des-Prés devient véritablement le centre intellectuel et artistique de Paris. La rue de l’Odéon est emblématique. Sylvia Beach y fonde la librairie Shakespeare and Company, qui publie Ulysse de James Joyce en 1922. En face, Adrienne Monnier ouvre la Maison des Amis des Livres, accueillant les écrivains français. Cette petite rue devient alors le cœur littéraire du monde entier. Le quartier est aussi celui de Juliette Gréco, muse des existentialistes, qui chante dans les caves de jazz comme Le Tabou. Le jazz, venu des États-Unis, trouve ici un public enthousiaste. Des musiciens américains, installés à Paris après la guerre, font vibrer les nuits de Saint-Germain. Les maisons d’édition comme Gallimard, situées non loin, renforcent ce rayonnement littéraire. Saint-Germain-des-Prés est à la fois décor et source d’inspiration pour les écrivains, musiciens et artistes.
Rues et places secrètes à découvrir
Se promener dans Saint-Germain-des-Prés, c’est découvrir un Paris intime. Les ruelles, cours et petites places donnent au quartier un charme unique. La place de Furstenberg, avec son arbre central et ses réverbères, est l’une des plus jolies de Paris. Elle abrite aussi le musée Eugène Delacroix, installé dans l’ancien atelier du peintre romantique. La cour du Commerce-Saint-André, pavée et bordée d’immeubles anciens, évoque la Révolution française. On y trouvait déjà l’imprimerie de Marat. Chaque rue du quartier conserve une mémoire, chaque façade semble avoir vu passer l’Histoire.
👉 Pour d’autres flâneries parisiennes, il faut visiter aussi Montmartre ou les ruelles du Marais.
Monuments et institutions culturelles autour
L'institut de France Photo par TTstudio/Shutterstock
Saint-Germain-des-Prés est entouré de monuments prestigieux. L’Institut de France, avec sa coupole, abrite l’Académie française. Le Pont des Arts, surnommé “pont des amoureux”, offre une vue splendide sur la Seine et le Louvre. Le théâtre de l’Odéon, bâti au XVIIIᵉ siècle, reste l’un des hauts lieux du théâtre français. La Monnaie de Paris, institution fondée au IXᵉ siècle et encore en activité, illustre la continuité d’un savoir-faire unique.
Saint-Germain-des-Prés est au cœur d’un Paris où se croisent patrimoine, art et culture.
👉 Pour élargir la visite, ne manquez pas le musée du Louvre
La facade de la Monnaie de Paris / Par PHGCOM — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5691175
L’ambiance de Saint-Germain aujourd’hui
Le matin, les boulangeries ouvrent et l’odeur des croissants se répand dans les ruelles. Les cafés lèvent leurs rideaux métalliques et le quartier s’éveille doucement. À midi, les terrasses se remplissent. Étudiants, Parisiens et touristes s’y croisent. Venir à Saint-Germain-des-Prés, c’est participer à une atmosphère unique, où chaque table semble raconter une histoire. Le soir, les vitrines s’illuminent. Les galeries d’art accueillent des vernissages, les clubs de jazz rappellent les grandes heures de Juliette Gréco et de Miles Davis. Saint-Germain conserve son parfum bohème et intellectuel, qui fait encore rêver.
👉 Pour prolonger la balade, une pause au jardin du Luxembourg, situé tout près, permet de retrouver le calme d’un grand espace vert.
Anecdotes et souvenirs célèbres
Oscar Wilde / Mort en 1900 à Saint Germain des prés (1882 par Napoléon Sarony).
Les anecdotes abondent à Saint-Germain. On dit que Sartre écrivait parfois directement sur les tables du Café de Flore. Les serveurs devaient poncer le bois pour les nettoyer. Juliette Gréco, toujours vêtue de noir, chantait dans les caves de jazz et devint l’icône d’une génération. Son nom reste associé à l’esprit du quartier. Oscar Wilde y a fini sa vie. Chaque rue, chaque café, chaque librairie garde une trace de ceux qui ont marqué le XXᵉ siècle. Saint-Germain-des-Prés est un livre ouvert qu’il suffit de parcourir pour en tourner les pages.
FAQ
Qu’est-ce que Saint-Germain-des-Prés
Un quartier du 6ᵉ arrondissement de Paris, né autour d’une abbaye au VIᵉ siècle et devenu un haut lieu culturel et littéraire.
Que voir en priorité à Saint-Germain-des-Prés
L’église abbatiale, le Café de Flore, Les Deux Magots, la place de Furstenberg et la cour du Commerce-Saint-André.
Pourquoi ce quartier est-il lié aux écrivains et philosophes
Parce qu’au XXᵉ siècle, Sartre, Beauvoir, Camus et d’autres y ont vécu, écrit et débattu, façonnant son identité.
Peut-on retrouver l’ambiance des années 1950
Oui, les cafés, les clubs de jazz et certaines librairies conservent l’esprit bohème et intellectuel de l’époque.
Où se situe Saint-Germain-des-Prés
Dans le 6ᵉ arrondissement, sur la rive gauche de la Seine, à deux pas du Quartier Latin et du Jardin du Luxembourg.
