Tout un quartier toute une histoire
Saint Germain des prés / Photo by Sophie Louisnard on Unsplash
Une immense abbaye
On comprend l’étonnement de certains touristes qui déboulent du métro à Saint-Germain des prés et qui, au vu du nom de l’endroit, s’étonnent de ne pas trouver… De prés. D’ailleurs vu les prix on est tenté de parler de "Saint-Germain des prêts". Bref donc pas une pâquerette, ah si tiens en voilà une ! Pourtant, il y a des siècles de cela, on était pourtant ici en pleine campagne. Aux portes de Paris, certes, mais hors les murs. En fait, c’est Germain d’Autun évêque de Paris qui a démarré le quartier si j’ose dire en fondant là une abbaye au VIe siècle. Abbaye dans laquelle on peut vénérer les reliques de Saint Germain et qui va se développer tellement qu’elle sera l’une des plus importantes du royaume, chérie des rois de France. Et autour de l’abbaye se développe un bourg qui sera longtemps une sorte de village près de Paris. On y donne notamment une foire, l’ancêtre de notre supermarché quand on y pense puisqu’on y trouvait quasi tout ce qu’il était possible selon l’époque.
Saint Germain des prés en 1618
Au Moyen Age, il est englobé. Paris est gourmand. L’abbaye de Saint-Germain est énorme. Ses trois clochers veillent sur d’immenses bâtiments. Des jardins complètent l’ensemble et servent aux moines à méditer, ou à soigner puisque comme dans toutes les abbayes, on cultive la tradition d’accueil et de soin. La Révolution Française va souffler tellement fort sur Paris que l’abbaye Saint-Germain ne s’en remettra pas. Fermée en 1792 lors de la dissolution des monastères, vendue comme bien national, transformée en usine de salpêtre pour ce qui concerne l’église, c’est un bâtiment en ruine qui aborde, essoufflé, le XIXe siècle. Il en reste de belles ruines et l’église Saint-Germain demeure, ancrée grâce a ses fondations millénaires.
Le palais abbatial délabré en 1860
Le Paris intellectuel y trouve ses tables
Le café de Flore à Saint Germain des prés Photo par Alex Segre/Shutterstock
À la Révolution, on y croise Danton ou Marat qui habitent dans le quartier de Saint Germain. Au XXe siècle, il devient le centre intellectuel de Paris. Ici, Marguerite Duras boit son café. On aperçoit Truffaut, Jean-Luc Godard, ou Jacques Prévert, et on sifflote les belles chansons de l’égérie de Saint-Germain, la divine Juliette Gréco. Bref, c’est le quartier des amoureux des mots.
Alors, rien d’étonnant, si j’ose dire, dans le fait que l’un des plus grands écrivains de l’histoire de Grande-Bretagne soit mort ici, rue des beaux-arts, le 30 novembre 1900. Il s’appelait Oscar Wilde. On peut placer ses pas dans ceux des écrivains en se posant un instant sur la terrasse du "café de Flore" au 172 boulevard Saint-Germain ou des "Deux magots" au 6 place Saint-Germain.
Oscar Wilde / Mort en 1900 à Saint Germain des prés (1882 par Napoléon Sarony).
Adresse et métro :
Boulevard de Saint-Germain des prés 75 006 Paris / Métro ligne 4 station Saint-Germain des prés.
Autour de Saint-Germain des prés
L'institut de France et l'Académie française
L'institut de France Photo par TTstudio/Shutterstock
L'institut de France n'est pas très loin au 23 du quai Conti. C'est le lieu qui regroupe 5 académies très prestigieuses, notamment l'Académie française qui siège "sous la coupole" depuis 1635 et sa fondation par le cardinal de Richelieu. Juste en face il y a le pont des arts, très romantique et, autour du pont, voire dessus, on croise des noctambules et quelques peintres.
Adresses et metro :
23 quai conti et Pont des arts 75 006 Paris / Metro : stations Mabillon ou Pont des arts (à moins de 3 mn à pied).
Place Henri Mondor
Théâtre de l'Odéon Photo par OKcamera/Shutterstock
C'est ici que se trouve le Café Procope, le plus ancien café de Paris, fondé par un Italien nommé "Procopio". On y servait du café, du chocolat, et c'était le point de rencontre de beaucoup d'esprits des Lumières. C'est là que le bonnet phrygien a été proposé comme symbole de la République. Plus loin, se trouve la statue de Danton, grand révolutionnaire, l'homme qui, face à la défaite des armées de la Révolution Française a dit "de l'audace, encore et toujours de l'audace et la France est sauvée". On peut admirer sa statue pleine de mouvement. Pas très loin se trouve le superbe théâtre de l'Odéon. C'est là que Beaumarchais a donné la première du "Mariage de Figaro" en 1784 dont les mots annonçaient à l'aristocratie les ennuis à venir à travers ces mots "vous ne vous êtes donnés que la peine de naître". Un magnifique théâtre à l'Italienne derrière la façade classique qui se souvient fort bien des "évenements" de mai 1968.
Adresses et métro :
Place Henri Mondor 75 006 Paris. Metro lignes 4 et 10 station Odéon.
Zoom sur la monnaie de Paris
La facade de la Monnaie de Paris / Par PHGCOM — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5691175
La plus ancienne entreprise de France.
La façade est majestueuse comme il se doit à ce qu’on considère comme la plus ancienne entreprise du monde en activité. La Monnaie de Paris. C’est en tout cas la plus ancienne institution française puisqu’elle a été voulue par le roi Charles le Chauve en l’an 864. Il faut dire que la monnaie est presque aussi vieille que les états. Ce sont les Grecs qui ont inventé la monnaie en l’an 670 avant Jésus-Christ. Avant, on troquait pour régler ses achats et on payait ses impôts en nature. Pas toujours pratique. Évidemment, l’Etat s’est très vite emparé de la monnaie et s’est réservé le droit de la fabriquer. Gare à celui qui triche en faisant de fausses pièces. Jusqu’à la Révolution Française, on condamne les faussaires à être bouillis vifs. Seul l’un d’entre eux s’en sortira, raté par le bourreau. Étonnamment, il s’appelait louis Secrétin. Mais bref.
Battre monnaie : le privilège de l'Etat
Monnaie frappée au balancier
L’Etat veut être seul à pouvoir battre monnaie. Quitte à s’en servir pour ses intérêts. Philippe le Bel, roi de France au moyen-âge, s’est fait une belle réputation de faussaire en allégeant le métal des monnaies pour renflouer ses caisses. Pendant un bon moment, le roi n’est pas le seul à émettre la monnaie. Les grands seigneurs le font aussi. Le droit de battre monnaie est l’un des plus grands privilèges. Le combat des rois de France sera de faire disparaitre ces monnaies locales autant que d’agrandir leur royaume. Ces pièces de monnaie dont l’Etat décide de la valeur et du nombre seront donc fabriquées par la Monnaie de Paris. En 1775, elle est installée dans un hôtel qui sert d’atelier de fabrication.
Elle a fabriqué le premier timbre-poste français.
Pierre-Antoine Demachy, huile sur toile, 1783. Vue de la Seine en aval du Pont-Neuf à gauche l'hôtel de la Monnaie 8 ans après sa contruction en 1775 (Musée de la Monnaie de Paris).
Un bâtiment immense pour l’époque avec ces 112 mètres de longueur et ses 12 000 mètres carrés. C’est là qu’on fabrique la monnaie également après la Révolution. On y crée les premiers billets de banque et c’est là qu’est émis le premier timbre-poste de notre histoire le 1er Janvier 1849. Aujourd’hui le magnifique hôtel de la monnaie de Paris n’est plus le lieu de fabrication de la monnaie qui nous a permis de faire les achats des fêtes de fin d’année. Mais la tradition de fabrication, et même de sublimation des pièces perdure à travers les médailles et les pièces inédites qui y sont toujours fabriquées. LA monnaie de Paris, elle, dans de multiples endroits, continue de fabriquer plus d’un milliard de pièces chaque année.
Adresse et métro
11 quai conti
Métro Pont Neuf (ligne 7) / Odéon (lignes 4 et 10) / Saint-Michel (ligne 4)
RER : Châtelet (RER A et B) / Saint-Michel Notre-Dame (RER B et C)
Horaires
Tous les jours 11H 18H sauf le lundi et sauf 25 décembre / 1er Janvier et 1er Mai
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