Coluche c'est l'histoire d'un mec en 1812
Le nom de Coluche évoque immédiatement l'humoriste préféré des français. C'est le 2e COLUCHE célèbre de notre histoire en fait puisque, si vous aviez rencontré un Français de 1810, il vous aurait parlé d’un autre Coluche, bien différent : un grognard, c’est-à-dire un soldat de Napoléon, parmi ces hommes qui ont suivi l’Empereur à travers l’Europe, traversant des batailles épiques comme la prise de Moscou et la tragique retraite de la Bérézina. Ce Coluche-là, c’était Jean-Baptiste Coluche, un militaire culotté qui est devenu célèbre pour avoir tenu tête à son patron : l'empereur.
Un grognard c'est un soldat de Napoléon, des hommes dont on disait qu'ils grognaient mais qu'ils suivaient toujours l'empereur. Illustration choisie par monsieur de France :
"On ne passe pas !"
Jean-Baptiste Coluche est né en 1789 en Seine-et-Marne. Conscrit de l'An IX, il participe à toutes les grandes campagnes de la Grande Armée de Napoléon : Iéna, Eylau, Varsovie, Wagram où il est blessé, et même le Portugal sous les ordres de Masséna. Mais ce qui lui vaut d’être célèbre, c’est une scène survenue en 1809. Ce soir-là, après une victoire à Ebersberg, Napoléon fait une halte entre Linz et Vienne dans une maison en ruine. Le soldat Coluche est chargé de la garde et doit empêcher quiconque de passer sans l’accompagnement d’un officier d’état-major. C'est l'ordre qui lui a été donné "personne ne doit passer". Ainsi sera fait :
Même Napoléon !
Une estampe qui représente Coluche bloquant l'entrée à l'empereur.
Alors que l’Empereur décide de sortir seul pour se promener, il se retrouve face à Coluche. Ce dernier, appliquant strictement son ordre, lui barre la route : « Halte ! On ne passe pas ! ». Napoléon, sûr de lui, tente de continuer sa marche. Coluche, sans hésiter, lui réplique : « Si tu avances encore, je t’enfonce ma baïonnette dans le ventre ! ». La scène attire l’attention des soldats et officiers présents, et Napoléon, voyant la situation, décide de repartir.
Coluche est aussitôt capturé et emmené devant un tribunal militaire, risquant une exécution pour avoir osé menacer l’Empereur. Pourtant, lorsque Napoléon le fait comparaître, le grognard défend son acte en disant : « J’avais mes ordres ». Après plusieurs heures d’incertitude, l'Empereur, impressionné par son respect de la discipline, lui accorde la Légion d’Honneur, lui offrant le célèbre ruban à fixer sur sa boutonnière en guise de reconnaissance.
Coluche fini sa vie aubergiste.
Devenu une figure admirée, Jean-Baptiste Coluche quitte l'armée et rentre ensuite dans son village natal, où il tiendra longtemps une auberge, dans laquelle il n'empêchait personne d'entrer, avant de mourir en 1867, dans son lit, loin des champs de bataille. Sa tombe existe toujours dans le cimetière de Gastins. Elle a été restaurée. Le café existe toujours.