Le 14 juillet fête nationale depuis quand ?
D'après la Loi, depuis juillet 1880, le 14 juillet c'est la fête nationale. Elle ne dit rien d'autre et ne fait pas référence officiellement à un 14 juillet particulier. Ca n'est pas une commémoration. Pourtant, pour faire passer la décision, le gouvernement de l'époque a valorisé la fête de la fédération du 14 juillet 1790 pour convaincre les députés qui trouvaient le 14 juillet 1789 trop sanglant. Avant cette loi, plusieurs jours ont été plus ou moins la fête nationale. Sous l'ancien régime, on fêtait la Saint Louis le 25 août (les rois descendaient de Saint Louis). Pendant la Révolution Française on fête plutôt la fondation de la République le 22 septembre, de 1793 à 1803. Napoléon y met fin et met en place la Saint Napoléon le 15 août 1806. Napoléon III la remet en place en 1852. En 1880, la Républque reprend le symbole du 14 juillet avec d'autant plus de raisons de le faire que la date était célébrée en cachette par les républicains sous le Second Empire. Ca n'a plus jamais changé depuis !
Il est de tradition de pavoiser les mairies et les monuments publics le 14 juillet. Photo choisie par Monsieurdefrance.com : [email protected] via dépositphotos
Feux d'artifices et bals populaire : les traditions du 14 juillet
Le bal du 14 juillet 1909 à Paris. Source de Monsieurdefrance.com : Gallica.fr / BNF.
Feux d'artifices et bals populaires
C'est assez vite que les bals populaires s'imposent comme une part de la fête nationale. Les mairies organisent ces bals qui sont gratuits et sont donc très fréquentés. Les feux d'artifices, découvert au début du 17e siècle en France, commencent à embraser le ciel de France dès la fin du 19e siècle. Avec le temps viendront les habitudes : dans certains villes ont chante la Marseillaise au moment de lancer le feu. Le bouquet final fait aussi partie du spectacle.
Le feu d'artifice de la Tour Eiffel depuis 1888
Le plus gros feu d'artifice est tiré depuis la Tour Eiffel au dessus du champs de Mars où a eu lieu la fête de la fédération le 14 juillet 1790. Photo choisie par monsieurdefrance.com krys500 via depositphotos
Depuis quelques années, des drônes remplacent parfois les fusées. Depuis 1888, le plus gros feu est traditionnellement tiré à Paris, sur le champ-de-Mars, depuis la Tour Eiffel. Sauf exception, il y a plusieurs centaines de milliers de personnes pour le voir. (comme en 2024 où il n'y aura pas de foule pour des raisons de sécurité des jeux olympique).
L'interview du président, légion d'honneur...
C'est à Valery Giscard d'Estaing (1926-2020) qu'on doit l'interview du 14 juillet qu'il a inaugurée en 1978. Elle n'est pas toujours d'actualité. Nicolas Sarkozy y renonce pendant son mandat en 2007. François Hollande la remet en place en 2012. Emmanuel Macron ne se prête à l'exercice que 2 fois entre 2017 et 2023. De 1978 à 2009, une garden party était donnée dans les jardins de l'Elysée et dans la plupart des préfectures dans le pays. A Paris, plus de 10 000 personnes y participaient. Elle a été supprimée pour raison d'économie en 2009 par Nicolas Sarkozy. Le 14 juillet est aussi une date privilégiée pour remettre la Légion d'Honneur.
Le défilé du 14 juillet depuis quand ?
Dès 1880, il est proposé d'organiser des défilés militaires lors de la fête nationale pour renforcer les liens entre l'armée et la nation. Il faut dire que les militaires sont souvent des appelés puisque la conscription est obligatoire pour tous les hommes depuis 1872. La tradition est restée dans de nombreuses villes de France. Les militaires, mais aussi la police, la gendarmerie ou les pompiers, défilent le matin du 14 juillet.
Le défilé du 14 juillet à Paris depuis 1880
Le défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées. Au premier rang : la garde républicaine. Photo choisie par monsieurdefrance.Com : joukoff.gmail.com via depositphotos.
Le plus important défilé militaire est le défilé du 14 juillet à Paris. Dès 1880, un défilé militaire est organisé le 14 juillet et régiments défilent devant le président de la République à l'hippodrome de Longchamps. Ce sera le cas jusqu'en 1914. Le défilé militaire continue pendant la Grande Guerre, et on voit des soldats alliés y participer. Le 14 juillet 1919 est organisé le défilé de la victoire. Il célèbre la fin de la guerre de 1914-1918 et la victoire des armées françaises et alliées. Des milliers de soldats défilent et passent sous l'Arc de Triomphe (ce qui n'est plus possible à partir de 1920 quand on y installe la tombe du Soldat Inconnu). C'est une première et on pense que c'est la dernière. L'année suivante, on reprend l'habitude d'un défilé dans un hippodrome, ça n'est plus Longchamps mais Vincennes. En 1930, un nouveau défilé est organisé. Il va des Invalides à la Place de la Concorde en passant par le pont Alexandre III. Ce sera le cas jusqu'en 1934 quand le président Albert Lebrun propose de faire défiler une nouvelle fois les armées sur les Champs-Elysées comme en 1919. Le défilé est interrompu pendant l'Occupation de 1940 à 1945. Il revient en 1945 et change souvent d'endroit : de République à Bastille par exemple. A partir de 1981, il est systématiquement présenté sur les Champs-Elysées, chaque année sauf en 2020 pour cause de l'épidémie de COVID 19 et en 2024 pour raisons d'organisation des jeux olympiques de Paris.
Le défilé du 14 juillet : déroulement et chiffres.
Il est composé de 4000 soldats environ, de près de 500 véhicules dont 80 motos et de 240 chevaux. Il commence toujours par le passage des troupes en revue par la présidence de la République sur la place de l'Etoile. Ensuite le président, escorté par la garde république à cheval, descend les Champs-Elysées en voiture militaire pour rejoindre la tribune officielle Place de la Concorde en présence du gouvernement et d'invités (élus, personnalités). Depuis quelques années, un pays hôte est invité et le chef d'Etat de ce pays est à la place d'honneur de la tribune. Ensuite, l'armée de l'air commence le défilé, notamment avec la Patrouille de France. Pour le défilé au sol, la Garde Républicaine commence et le défilé à pied est clôt par la Légion Etrangère (qu'on reconnait aux barbes des soldats, à leur hâche, leur képis blanc et leur tablier de cuir).
Parce qu'elle marche moins vite (88 pas par minutes) la Légion Etrangère termine le défilé du 14 juillet chaque année. Photo choisie par monsieurdefrance.Com : joukoff.gmail.com via depositphotos
2 traditions étonnantes du 14 juillet
Le 14 juillet célébré en août
En 1880, quand la loi passe, dans la commune de Virat (département de l'Ain) on constate que les foins doivent être faits. Impossible de retarder le travail au risque de voir l'orage gâter la récolte. On décide donc de décaler la célébration du 14 juillet au 1er dimanche du mois d'août. L'arrêté du maire, pris en juillet 1880, n'a jamais été aboli et c'est toujours le cas aujourd'hui. On fête le 14 juillet le premier dimanche du mois d'août.
Un litre de vin par famille dans les Vosges
La distribution du litre du 14 juillet à Mandres sur Vair par le garde-champêtre en 1980 / Photo choisie par monsieur de France : site officiel de la commune de Mandres sur Vair copie d'écran.
En 1880, la commune de Mandres sur Vair, située dans le département des Vosges est enthousiaste quand elle reçoit la nouvelle loi qui fait du 14 juillet la fête nationale. Le maire de la commune s'appelle Nicolas Désiré FROMENT. Avec son conseil municipal, il prend la décision d'acheter des bougies pour illuminer les batiments publics de la commune, d'acheter de la viande pour les sapeurs-pompiers, et surtout que 1 litre de vin sera offert à chacune des 180 familles sans distinction. La disposition communale n'a jamais été abolie et elle a été continuée depuis. Chaque année, le 14 juillet, les familles de la commune de Mandres sur Vair reçoivent leur bouteille. Plus d'infos ici.
Le 14 juillet on fête quoi ?
La loi ne le dit pas. Elle dit juste que le 14 juillet est la fête nationale. Mais on sait qu'on célèbre la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, qui elle même a eu lieu un an après la prise de la Bastille le 14 Juillet 1789. On fête donc un peu les deux, même si, en 1880, on a beaucoup insisté sur la fête de la fédération pour convaincre des députés qui trouvaient la prise de la Bastille trop sanglante. Zoom sur les deux évenements :
Le 14 Juillet 1789 la prise de la Bastille.
La prise de la Bastille et l'arrestation de son gouverneur (en bas au centre) / Par Jean-Pierre Houël — Bibliothèque nationale de France, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=106405
Ce jour la, le peuple de Paris, inquiet de voir des troupes se rassembler autour de la capitale, prend les armes. Le renvoi du ministre Necker, le 12 juillet, ajoute à la tension parce que l'homme est perçu comme proche des gens. Le matin du 14 juillet, les émeutiers s'emparent des armes entreposées aux Invalides. Il leur faut de la poudre, or il y en a à la Bastille. Une foule considérable s'approche donc de la forteresse, qui est aussi une prison d'état ou un simple courrier du roi peut faire enfermer quelqu'un. Des négociations ont lieu, mais c'est la confusion. Une explosion est prise pour un coup de canon et des émeutiers commencent à attaquer. De leur côté, des soldats de la forteresse tirent une première fois. C'est à 15H30 qu'un détachement des gardes françaises se joint aux emeutiers et pointe un canon sur les portes qui cèdent. La Bastille est prise. Les soldats de la Bastille sont emmenés pour être jugés, le gouverneur de la Bastille à leur tête. Mais les émeutiers se saisissent de plusieurs d'entre eux, en premier lieu du gouverneur, le marquis de Launay, qui est massacré, de même pour Jacques de Flesselles, prévôt des marchands. La tête de Launay est promenée au bout d'une pique. Le soir du 14 juillet 1789, Louis XVI, qui dort à Versailles, est réveillé et on lui annonce la nouvelle. Il se rend à Paris le lendemain. Il est reçu par le général de la Fayette et le premier maire de Paris : Jacques Bailly, élu la nuit précédente.
Le 14 juillet 1790 la fête de la Fédération
La fête de la Fédération par Charles Thevenin. Source de Monsieur de France : Par http://parismuseescollections.paris.fr/en/node/506898, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26355065
1 an plus tard, la volonté est à la réconciliation. La fête de la fédération a lieu sur le champ de mars à Paris (il est toujours là, au pied de la Tour Eiffel). 1200 ouvrier préparent le site. Chacun met la main à la pâte, y compris Louis XVI qui vient de son château de Saint Cloud donner quelques coups de pioches aux côtés des ouvriers. Le 14 juillet 1790, 100 000 fédérés, venus de toute la France, défilent dans Paris et arrivent au Champ de Mars. Le roi, la Reine et leurs enfants sont là. Chacun prête serment à la Nation, à la Loi et au Roi à la suite de La Fayette qui dit " Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité. » Louis XVI lui même prête serment, et Marie Antoinette se joint à lui en prenant son fils dans ses bras pour le montrer à la foule. Un immense moment de concorde nationale donc. C'est ce moment là que de nombreux députés du 19e siècle ont choisi de célébrer, plutôt que la prise de la Bastille, quand ils ont voté pour faire du 14 juillet la fête nationale.
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