Où est le côté cour et où est le côté jardin ?
Depuis la salle, le côté cour est à droite et le côté jardin à gauche. Il y a plusieurs moyens de s'en souvenir. Par exemple imaginer le nom "Jesus Christ" quand vous êtes devant la scène et prendre les initiales. Le J de Jésus pour J de Jardin et le C de Christ pour C de Cour. Quand vous êtes sur scène, le plus simple c'est de vous souvenir que le côté COUR est du côté de votre COEUR, donc à gauche (et donc le côté Jardin à droite). Vous pouvez aussi vous souvenir qu'il y a un D dans jarDin et dans Droite. Mais vous verrez on prend vite l'habitude. Et puis c'est classe non ?
Une scène : a gauche côté jardin à droite côté cour. Photo choisie par monsieurdefrance.com 678studio via depositphotos.
Pourquoi ce système ?
Parce que la gauche et la droite ne sont pas les mêmes pour tout le monde selon l'endroit où on est. La gauche vue de la salle est à droite vue de la scène. Le plus simple c'est donc une appellation inamovible des deux côtés. Pour votre information complète, les techniciens situés à Cour sont les "courriers" et les techniciens situés à droite sont les "jardiniers" et n'allez pas leur parler de pelouse, ça n'est pas le sujet ! Vous noterez d'ailleurs que le spectacle n'est pas le seul à avoir son jargon pour désigner la droite et la gauche. Dans la marine il y a babord et tribord et dans l'héraldique (la science des blasons) il y a dextre et senestre. Des habitudes quoi ! Des traditions plutôt. Ah ! Si vous vous lancez dans une carrière à l'étranger, côté cour en anglais c'est "Stage left" et côté jardin en anglais c'est 'Stage Right".
Quand vous avez la salle devant vous, le côté cour c'est le côté de votre coeur donc le côté gauche. Photo choisie par monsieurdefrance.Com : jjspring via depositphotos.
Pourquoi côté cour et côté jardin ?
Notez d'abord qu'on a longtemps dit "côté roi" et "côté reine" (franchement ça avait une autre gueule non ?) parce que le roi et la reine, quand ils assistaient à un spectacles, le faisaient face à face. C'est en 1771 que cette façon de désigner la gauche et la droite de la scène a fini par s'imposer à Paris. Une habitude prise par la Comédie Française lors des mises en place de spectacles. La salle était située aux Tuileries (le palais, disparu, qui donnait entre le Louvre et le jardin des tuileries). Les spectacles étaient donnés dans la Salle des Machines, dont une partie donnait sur la Cour du château (vers le Louvre) et l'autre vers les jardins (des tuileries). Les comédiens et les techniciens ont fini par prendre l'habitude de dire côté cour ou côté jardin en plus de côté roi ou côté reine, avant que la Révolution Française, interdisant rois, reines, aristocrates et j'en passe... Ne finisse par imposer le très républicain "côté cour et côté jardin".
La scène de la Comédie Française aux Tuileries en 1790. Photo choisie par monsieurdefrance.com Par Antoine Meunier — Cette image provient de la bibliothèque en ligne Gallica sous l'identifiant ARK btv1b10303194d, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=223238
Les superstitions du monde du spectacle
Photo choisie par monsieurdefrance.com : AndrewLozovyi via depositphotos
Pourquoi on ne parle jamais de corde au théâtre ?
Tant qu'on y est et pour être sûrs que vous nous ferez pas de gaffe si vous vous lancez dans le spectacle ou si vous séduisez une ou un artiste, voici quelques petites choses à savoir. On ne parle jamais de cordes, même si elles soutiennent à l'évidence les décors, on dit des "portillons". Cela tient au fait que les premiers machinistes de théâtre, qui devaient gérer un nombre incroyable de cordes et de noeuds, étaient souvent des marins parce ce que la marine de l'époque exigeait un vrai savoir en terme de cordes (il vous suffit d'imaginer un voilier pour comprendre). Or, dans la marine, on ne parle jamais de cordes parce que les cordes servaient à pendre les mutins sur les navires. D(autres disent que la seule corde était celle de la cloche qu'on faisait sonner avant de jeter le corps des marins mort à la Mer. En parler portait donc malheur. Donc, dans le théâtre comme dans la marine, vous dites fil, filin, bout... MAIS JAMAIS CORDE OK ?!
Pourquoi on dit merde pour souhaiter bonne chance ?
Au 19e siècle, on disait "merde" pour souhaiter de la merde, dans le sens où on souhaitait aux comédiens beaucoup de spectateurs et ces spectateurs étant transportés par des chevaux ou des voitures à cheval. Plus il y avait de spectateurs, plus il y avait de chevaux, plus il y avait de crottin (de merde donc) et c'était la preuve qu'il y avait de succès. En souhaitant "merde" à un comédien, on lui souhaitait la réussite. L'expression est d'ailleurs entrée dans le language courant puisqu'on dit plutôt "merde" à son gamin quand il va passer un examen que bonne chance qui serait censé porter malheur.
Pourquoi jamais de vert sur scène ?
Le Grand Molière serait mort sur scène alors qu'il était habillé en vert. Portrait par MIGNARD choisi par monsieurdefrance.com : via https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/moliere-1622-1673-dans-le-role-de-cesar-de-la-mort-de-pompee, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=631410
En fait, à l'origine, c'est plutôt une précaution pour la santé. Au 17e siècle, pour avoir du vert, on utilisait du vert-de-gris, un produit très malsain, corrosif (on s'en sert de nos jours pour néttoyer le vieux cuivre) qui rendait malade et qui irritait. Ajoutez à cela que Molière serait mort sur scène, pendant qu'il jouait "le malade imaginaire" alors qu'il était habillé en vert. Il devait avoir la tête ailleurs puisque l'interdiction du vert sur scène est déjà mentionnée 1 siècle avant sa naissance. En tous cas, la santé et la mort de Molière : Ca fait trop pour une seule couleur : on oublie le vert !
Pourquoi on n'offre jamais des oeillets ?
Parce que c'était signe de la fin. Du contrat, en l'occurence. L'être humain étant ce qu'il est, il n'est pas toujours courageux. La tradition était d'offrir un bouquet de fleurs à la fin de la semaine, pour féliciter le comédien de son travail de la semaine en même temps qu'on lui remettait son cachet (les contrats était hebdomadaires). Les faux-culs existant déjà, pour éviter d'avoir une scène, de nombreux directeurs de théâtre parisiens envoyaient un bouquet d'oeillets, les fleurs les moins chères, pour signifier au comédien qu'il n'était pas renouvelé tout en évitant d'avoir à lui dire en face. S'il était renouvelé, on envoyait plutôt des roses (plus chères). Donc, au théâtre, offrez des roses. Jamais des oeillets. Encore que dans la vie aussi il y a des gens qui pensent que les oeillets blancs portent malheur, en amour surtout puisqu'ils signifieraient que la personne qui les reçoit à un ou une rivale.
N'offrez jamais d'oeillets à une actrice ou un acteur. Photo choisie par monsieurdefrance.com : AntonMatyukha via depositphotos.
"MacBeth" la pièce "voldemort"
On ne prononce jamais le nom de la pièce "MacBeth" de Shakespeare. Elle porte malheur parce qu'en mourrant MacBeth parle des esprits, et qu'au théâtre on croit aux esprits. Il semble que les troupes qui ont joué la pièce en prononçant le nom aient eu pas de soucis, du coup, on ne la prononce plus. On dit "la pièce", ou "la pièce écossaise" mais jamais MacB...ARRRRRRGH.