Les champs-élysées : des champs très longtemps...
Au XVIIIe siècle, les Champs-Élysées ressemblent davantage à une promenade campagnarde qu’à une avenue urbaine. Ils sont situés hors de Paris. Ca n'est pas forcément un lieu bien fréquenté, on y trouve de petites guinguettes, pas mal de prostituées aussi, et le soir il ne fait pas forcément bon s'y promener. Au 18e siècle, on découvre l'ancêtre des parcs d'attraction : le Colisée. Un lieu dans lequel on entrait pour entendre des spectacles, parcourir des fausses ruines, mais aussi des feux d'artifices et même des spectacles hydrauliques. Disneyland n'a rien inventé quoi... Bref, un lieu assez peu fréquenté qui se termine par une sorte de butte. Et cet endroit inspire les architectes.
Le plan des Champs-Elysées au 18e siècle / Photo choisie par monsieurdefrance.com : Par Roussel, Mbzt — Plan de Roussel, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=164137845
L'éléphant géant des Champs-Élysées
Le projet de Ribard de Chamoust avec aménagement intérieur / Photo choisie par Monsieur de France : Par Original téléversé par Nunh-huh sur Wikipédia anglais. — Transféré de en.wikipedia à Commons., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1649991
En 1758, l’architecte Charles Ribart de Chamoust imagine un projet audacieux : un éléphant monumental, dans lequel on entre par le ventre. Il faut dire que l'époque se passionne pour les terres lointaines. On aime la Chine, la Turquie... Et un éléphant c'est emblématique de ces contrées qui font rêver. Donc un éléphant mais pas uniquement une sculpture. À l’intérieur, plusieurs salons accueillent les visiteurs, et tout en haut, là où siègerait le cornac, une pièce permettrait de profiter d’une vue imprenable sur Paris. La trompe devait même cracher l’eau d’une gigantesque fontaine. Quelque chose d'un peu fou. Mais le projet est rejeté à Versailles et rapidement abandonné.
Napoléon relance l’idée d’un éléphant géant à la Bastille
Le projet de Alavoine / Photo choisie par monsieurdefrance.com : Par Auteur inconnu — Paris, Prisma einer Stadt, Zürich 1978, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5286498
Près de 50 ans plus tard, Napoléon Bonaparte remet l’idée au goût du jour. Cette fois, il ne vise pas les Champs-Élysées, il a déjà commencé son projet d'arc de triomphe, mais la Place de la Bastille, libérée de son ancienne forteresse rasée après le 14 juillet 1789. Le projet est confié à Cellerier, puis à Jean-Jacques Alavoine, qui imagine un éléphant haut de 24 mètres. Une maquette grandeur nature en plâtre est coulée pour que les Parisiens puissent visualiser le futur monument. Un musée dédié à Napoléon devait être installé à l’intérieur.
Un monument fantôme admiré pendant 30 ans
Avec la chute de l’Empire, inutile de vous dire qu'un musée Napoléon il ne faut pas y compter, le chantier est donc stoppé. La maquette en plâtre reste cependant en place sur la place de la Bastille et devient une curiosité touristique pendant trois décennies. L’idée revient brièvement de le déplacer à la barrière du Trône, mais sera finalement abandonnée. Très abimé par le temps, devenu un nid de rats, l'éléphant de plâtre est détruit en 1846.
Aujourd’hui, plus personne ne parle de construire un éléphant monumental à Paris, mais à l’heure des homards géants de Jeff Koons, qui sait si l’idée ne renaîtra pas un jour ?