Les catacombes c'est quoi ?
Pendant des siècles, dès l'époque romaine en fait, on a creusé le sol de Paris pour en extraire des pierres et ériger les principaux monuments de la cité. Les pierres de Notre Dame de Paris ou du Louvre, par exemple, viennent de ces carrières. Au fil du temps, ce sont des kilomètres de galeries, sur plusieurs niveaux, qui ont été creusés sous le sol de la Capitale française. On estime à plus de 300 kilomètres la longueur totale de ces galeries sous Paris et leur profondeur à environ 20 mètres en dessous du sol. Une partie a été détruite lors de la création du Métro Parisien à la fin du XIXe siècle. Certaines de ces carrières ont été détruite par sécurité. D'autres existent encore. On y a longtemps cultivé les fameux champignons de Paris. Ils étaient 300 producteurs en 1885 et produisaient 1000 tonnes de champignons par jour. Ils sont 6, aujourd'hui, à continuer la tradition.
Le plus grand ossuaire du monde
Et, à la fin du XVIIIe siècle, et jusqu'en 1861, une partie d'entre elles a été utilisée pour entreposer les os de millions de parisiens décédés au fil des siècles quand on a fermé les cimetières parisiens et, notamment, le plus important et le plus célèbre d'entre eux ; le cimetière des innocents. Aujourd'hui, la partie visible des catacombes fait un peu plus d'un kilomètre.
Les restes de près de 6 000 000 de personnes sont soigneusement rangés dans les catacombes de Paris. Photo : dépositphotos.com
Que peut on visiter ?
Il faut descendre une bonne centaine de marches pour entrer dans les catacombes et parcourir 1,7 km de galerie pour 11 000 M2 au total. Attention, les plafonds sont bas ! 1m80 maximum. Il y fait toujours la même température : 14,5 °C. N'allez surtout pas visiter d'autres parties que la partie "officielle". Chaque année les pompiers de Paris sauvent des curieux perdus dans les catacombes. Rappelez vous : il y a 300 km de galerie...
On voit des centaines de milliers d'os, soigneusement rangés. Les crânes ensemble, les tibias ensemble, et par rangées. Les lieux sont décorés avec des colonnes sculptées dans la pierre. Il y a quelques monuments funéraires tels que des tombeaux d'inspiration antique ou égyptienne. Il y a aussi des noms de lieux pour se repérer comme "le sarcophage du lacrymatoire" ou "la fontaine de la Samaritaine". On peut aussi découvrir quelques "cabinets de curiosités" consacrés à une thématique précise, par exemple la minéralogie ou des curiosités médicales comme des os originaux. C'est au Vicomte Louis-Etienne Héricart de Thury (1776-1854) qu'on doit la mise en place des catacombes tels qu'on les connait aujourd'hui. C'est lui qui a voulu mettre en place un parcours, des sculptures et de la science avant l'ouverture des lieux au public en 1809.
L'oeuvre de Décure.
Décure, un soldat de la fin du XVIIIe siècle, employé comme carrier dans les catacombes, a aussi laissé quelques oeuvres sculptées. Pris de passion pour l'endroit, et pour l'art, cet ancien soldat a passé plusieurs années à tailler la pierre pour décorer l'endroit. Si vous êtes espagnol, vous découvrirez la citadelle de Port Mahon, aux Baléares, Décure ayant participé à son siège en 1756. Très précis, minitieux, il a aussi décoré le sol avec des pierres de silex noir. Sa passion a fini par lui coûter la vie puisqu'il est mort enseveli en 1782 alors qu'il creusait un escalier vers ses oeuvres. Le plafond c'est écroulé.
On croise des monuments ou même des panneaux avec des phrases qui font réfléchir comme cette phrase de l'Enéide. Photo choisie par monsieurdefrance.com : Par Deror avi — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6085673
Un lieu scientifique au XIXe siècle
Les catacombes ont servi à de nombreuses expériences. En 1813, Louis-Etienne Héricart de Thury (1776-1854) expérimente la mise à l'eau de poissons dans ce monde totalement noir. Ils deviennent aveugles (et ne se reproduisent pas, ce qui fait qu'il n'y a pas de poissons dans les catacombes). Les lieux sont aussi utilisés par la spéléologie avec Armand Viré (1869-1951) qui a mis en évidence l'existence de crustacés dans les eaux des catacombes. Jacques Maheu (1873-1937), un botaniste important, y étudie la flore des cavernes et évoluant dans la nuit. En 1861, Nadar (1820-1920) y travaille sur la photographie de nuit avec une lumière artificielle. Alors que les temps de pose sont très long au milieu du XIXe siècle, il est obligé de figurer les ouvriers par des mannequins.
Des millions d'os dont ceux de
On sait que, parmis les os des catacombes, se trouvent forcément ceux de plusieurs personnalités de l'histoire de France. Les sepultures ayant été détruites, leurs os ont rejoint les os de millions d'autres anonymes. Ainsi, sans les reconnaître, vous croiserez probablement les os de l'écrivain François Rabelais (1494-1553), de Jean de la Fontaine (1621-1695) l'auteur des fables qui portent son nom ou encore Charles Perrault (1628-1703) l'auteur des célèbres contes de Perrault. C'est ici, également que reposent l'architecte de Versailles Jules Hardoüin-Mansart (1646-1708) et celui du Palais du Luxembourg ou du Parlement de Bretagne à Rennes : Salomon de Brosse (1571-1626). C'est aussi l'endroit où se trouvent les restes de nombreux révolutionnaires comme Danton (1759-1794), Camille Desmoulins (1760-1794) ou Robespierre (1758-1794).
A l'origine des catacombes : le cimetière des innocents.
Un cimetière très ancien
C'est en 1786 qu'on a créé les catacombes. Pourquoi ? Parce qu'il fallait vider le fameux cimetière des innocents. Il faut dire que le plus gros cimetière de Paris débordait littéralement. On y enterrait les morts de 22 paroisses parisiennes, soit la totalité du centre de Paris. S'y ajoutaient les pestiférés et les noyés, les morts anonymes aussi. On estime à 2 millions de personnes le nombre de parisiennes et parisiens qui ont été enterré là. C'est le 7 mai 1780, quand le mur d'une cave située non loin s'écroule sous le poids des os du cimetière, que les autorités décident de fermer ce lieu de sépulture datant de l'époque Mérovingienne (VIIIe-IXe siècle) et qui a servi de lieu d'inhumation pour les parisiens pendant 1000 ans. Bordant la rue Saint Denis et l'église des Saint Innocents, qui lui a donné son nom et qui était consacrée aux victimes du roi Hérode quand il a décidé de faire tuer tous les premiers nés juifs après avoir appris par les rois mage qu'un roi était né dans la nuit de Noël. Elle a disparu en 1786, avec le cimetière a été évacué puis détruit pour laisser place à une ... place, qui a longtemps été la place du marché des innocents, avant la construction des halles, et qui s'appelle aujourd'hui la Place Joachim du Bellay. Elle est ornée de la célèbre fontaine des innocents, réalisée en 1559 par la volonté du roi de France Henri II par l'architecte Pierre Lescot (1515-1578) et sculptée par Jean Goujeon (1510-1567)
la fontaine des Innocents de nos jours. Photo choisie par monsieurdefrance : Kmlz on fr.wikipedia, CC BY-SA 2.5 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5>, via Wikimedia Commons
Un cimetière très particulier
On y enterrait les morts de la plus grande ville de France, et l'une des plus grandes villes d'Europe (2e après Londres), autant dire que le cimetière était plein à craquer. Les parisiens du XVIIe siècle affirmaient que la terre du cimetière des innocents pouvait dissoudre un corps en 9 jours. L'eau alentour était contaminée, et on raconte même que l'air des caves alentours était si viciés que les chandelles s'éteignaient toutes seules. Les riches étaient enterrés dans des tombes individuelles au centre du cimetière, dans des cercueils en bois, les très riches étaient enterrés dans l'église. Pour les pauvres, les côtés, des fosses communes et un linceul. A force d'enterrer, le sol du cimetière a fini par dépasser de plusieurs mètres le sol des chaussées environnantes, même si, périodiquement, on vidait certaines fosses pour entreposer les os dans un charnier situé sur le côté (et financé par Nicolas FLAMEL, le célèbre alchimiste). Une danse macabre ornait les murs. Ceci dit, Paris étant une ville étonnante, et la place y manquant depuis des siècles, plusieurs cases étaient occupées non seulement par des os, mais aussi par des boutiques de mode au XVIIIE siècle.
Le cimetière des innocents à Paris au XVIIIE siècle. Illustration choisie par monsieurdefrance.com : Par Theodor Josef Hubert Hoffbauer — Travail personnel, scan by Jebulon, Domaine public Wikicommons
Le cimetière des innocents était aussi célèbre pour ses deux reclusoirs, dans lesquels des religieux ermites s'enfermaient pour se couper du monde. Dans ces céllules de pierres, à une seule ouverture constituée d'une fenêtre avec sa grille, les reclus étaient emmurés vivants, la plupart de leur plein-gré. Une femme a toutefois été condamnée à y être enfermée plutôt que brûlée vive pour avoir été adultère et avoir fait assassiner son mari. Les reclus recevaient de quoi se nourrir par les dons des passants par la fenêtre et y restaient jusqu'à la mort.
Où sont les catacombes de Paris ?
s'y rendre :
Adresse :
1 Avenue du Colonel Rol-Tanguy, 75 014 PARIS
RER :
Ligne B station Denfert-Rochereau
Métro :
Lignes 4 et 6 station Denfert-Rochereau
BUS :
38 / 59 / 64 / 68 / 88
Parking :
83 Boulevard Saint-Jacques (payant).
Les horaires
Du mardi au dimanche : 9H45 - 20H30 sauf soirées exceptionnelles. Fermeture le lundi et le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre.
Site officiel :
Pour découvrir les horaires et les infos à jour : le site officiel des catacombes.
Les tarifs :
Honnêtement c'est assez cher puisque pour le même tarif on peut visiter le Louvre ou Versailles. Attention, ce que je vous donne ici ce sont les tarifs 2023. Pour êtres sûr des tarifs consultez le site officiel. Il faut reserver, la vente sur place n'est pas toujours possible en raison de l'affluence.
Plein tarif : 29 euros (avec audioguide).
Tarif réduit (dont 18-25 ans, éfudiants...) : 23 euros (avec audioguide).
Enfants (5 à 17 ans) : 10 euros.
Notez qu'il n'y a ni consigne ni bagagerie.
