Quoi voir à Montmartre ?
C'est haut et c'est beau
C’est le point culminant de Paris. 130 mètres d’altitude. Ce n’est pas si simple de monter à Montmartre preuve que c’est bien assez haut. 222 marches si on prend les escaliers de la rue Foyatier. Moins fatigant si on prend le funiculaire et qu’on s’offre un joli panorama de Paris. Mis en service en 1900, il peut transporter 1300 personne par heure et par voies. Il a fonctionné à l'eau, avant de passer à l'electricité. La station basse se trouve au niveau des places Saint Pierre et Suzanne Valadon. La Station haute est située place du Cardinal Dubois. Il faut compter le prix d'un ticket de métro parisien, soit 1,90 € en 2023, pour empreinter le funiculaire de Montmartre.
La Place du tertre et les rues autour
La place du tertre à Montmartre avec ses peintres et ses cafés. Photo choisie par monsieurdefrance.com : Daboost / Shutterstock.com
Le coeur de Montmartre c'est la "Place du tertre", elle tient son nom du tertre qui formait le sommet de la colline de MontMartre avant la création de la Basilique. Lieu de la potence au moyen-âge, de la plantation d'un arbre de la Liberté lors de la Révolution de 1848, de stockage des canons de Paris en 1871, point de départ de la Commune la même année, elle est petite (35 mètres sur 38) et on y découvre de nombreux peintres et caricaturistes. Elle est cernée de petits cafés. Il faut emprunter la rue Mont Cenis, la rue Norvins, la rue Bonne Franquette, l'avenue Junot avec ses maisons bourgeoises, la rue des Saules est la rue du "Lapin agile" (qui tient son nom d'un lapin qui buvait) du nom de André Gill (le lapin à Gill est devenu le lapin agile), célèbre artiste qui en a dessiné l'enseigne en 1880. Léo Férré, ou Claude Nougaro y sont montés sur scène. Montmartre c'est aussi le quartier du "Moulin de la Galette" à l'angle de la rue Lepic, du chat noir et du célèbre Moulin Rouge (nous y reviendrons plus loin).
La rue Cortot et les poulbots.
Au 6 rue Cortot, Erick Satie a composé quelques uns de ses morceaux célèbres en 1890. le 12 a été habité par Renoir et par Francisque Poulbot (1879-1946), le célèbre dessinateur de gamins de Paris, les "Poulbots" ce sont les enfants effrontés qui ont été si présents dans le Paris d'autrefois.
Regroupés en bandes, il faisaient les 400 coups dans les rues. On les embauchait pour deux sous pour aller porter un message (on les surnommait d'ailleurs les vas-y-dire) ou pour garder son cheval. Le plus célèbre poulbot - même si le mot Poulbot est né avec la carrière du dessinateur Poulbot près de 50 ans après - c'est Gavroche, qu'on découvre dans "Les misérables" de Victor Hugo en 1862:
Gavroche représenté au XIXe siècle
"Ce petit être est joyeux. Il ne mange pas tous les jours et il va au spectacle, si bon lui semble, tous les soirs. Il n'a pas de chemise sur le corps, pas de souliers aux pieds, pas de toit sur la tête ; il est comme les mouches du ciel qui n'ont rien de tout cela. Il a de sept à treize ans, vit par bandes, bat le pavé, loge en plein air, porte un vieux pantalon de son père qui lui descend plus bas que les talons, un vieux chapeau de quelque autre père qui lui descend plus bas que les oreilles, une seule bretelle en lisière jaune, court, guette, quête, perd le temps, (…) et n'a rien de mauvais dans le cœur. C'est qu'il a dans l'âme une perle, l'innocence, et les perles ne se dissolvent pas dans la boue. Tant que l'homme est enfant, Dieu veut qu'il soit innocent. Si l'on demandait à la grande et énorme ville : Qu'est-ce que c'est que cela ? elle répondrait : C'est mon petit"
C'est pour ces gamins de Paris, qui écumaient Montmartre, quartier populaire et qu'il a tant représentés et tant aimés que Monsieur Poulbot a fait ouvrir un dispensaire en 1923.
La Basilique du Sacré-Coeur à Montmartre
La basilique du Sacré-Coeur à Montmartre. Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Shutterstock.com
Elle est assez récente dans l'histoire de Paris puisqu'elle a été ouverte en 1875, inaugurée en 1895 et achevée en 1923. Elle a d'ailleurs été assez récemment classée Monument Historique (2022). D'une hauteur de 85 mètres en haut du plus haut des 5 dômes (à ajouter aux 130 mètres de la butte, ce qui fait qu'on voit ce monument de loin dans Paris), elle a été construite après la débacle de 1871 avec l'assentiment de l'Assemblée Nationale qui en a autorisé la construction (à l'époque l'Eglise et l'Etat n'était pas encore sépraré) pour qu'on puisse y célébrer le culte catholique. En réalité, elle a été bâtie par les conservateurs en réaction à la Commune de Paris, sur les lieux même où cette Révolution a commencé. La souscription nationale qui a permit la construction a mobilisé plus de 10 millions de donateurs. Contestée dès sa construction, elle a failli être stoppée, devenir théâtre, maison du peuple avant d'être terminée et consacrée au culte catholique définitivement. L'intérieur est assez sombre. On y découvre de nombreuses statues. Le "cul de four", le fond de la basilique est assez spectaculaire avec une représentation du Christ toute en mosaïques (c'est la plus grande mosaïque de France). La visite est gratuite, ce qui est rare à Paris, ne vous en privez pas.
Son campanile, à côté de la Basilique, fait résonner la plus grosse cloche de France. Nommée "la savoyarde", elle a été fondue à Annecy en 1895, fait trois mètres de diamètre et pèse 18 835 kg. Chaque année, plus de 11 millions de touristes (mais aussi des pelerins) passent au Sacré-coeur. C'est d'ailleurs le 2e monument religieux le plus visiter de Paris après Notre-Dame.
Le cimetière de Montmartre
Il fait 11 hectares. C'est le 3e plus vaste cimetière de Paris. Dans ce cimetière reposent de nombreuses personnalités, notamment la chanteuse Dalida (1933-1987), dont la tombe est régulièrement fleurie, celle de Michel Berger (1947-1992). On peut aussi voir la tombe de "Zdar" du groupe Cassius, le cénotaphe d'Emile Zola (ses cendres ayant été transférées au Panthéon), les tombes du peintre Edgar Degas, du musicien Hector Berlioz, de Sacha Guitry, Georges Feydau (le célèbre auteur de théâtre), de Téophile Gautier ou encore le caveau de la famille Sanson, dynastie de bourreaux qui a traversé l'histoire judiciaire de Paris du XVIIe, XVIIIe siècle... Le plus célèbre, Charles Henri Sanson, a guillotiné pendant la Révolution Française. Son fils est mort d'un accident du travail, en glissant sur le sang de l'échaffaud et en faisant ainsi une chute mortelle. Le dernier membre de la dynastie a été viré parce qu'il était joueur, qu'il perdait beaucoup et qu'il a fini par mettre la guillotine en gage pour jouer.
Le moulin rouge
Le moulin rouge à Paris. Photo choisie par Monsieurdefrance.com Hermann Traub de Pixabay
C'est le plus célèbre cabaret parisien. Paris a toujours aimé la fête ! C’est vrai que l’ambiance est beaucoup plus policée aujourd'hui qu’il y a 100 ans quand on venait ici se donner des sensations fortes en cassant les codes, boire, rigoler et s’offrir un peu de sensualité en voyant une cheville, un mollet et même parfois plus grâce aux culottes fendues des danseuses de cancan. On a toujours chanté et dansé, notamment lors des foires. On chantait on dansait pour fêter les victoires, les naissances royales aussi, ces moments étonnants lors desquels on mettait des tonneaux en perce aux carrefours en proposant aux parisiens de s’abreuver. Au XVIIIe siècle, quand la Régence fait voler en éclat le carcan des dernières années du roi Louis XIV, on adore les bals à l’Opéra. On s’éclate dans les bals masqués qui permettent de séduire qui ont veut sans se soucier de savoir quelle est la position sociale de celle ou celui qu’on convoite. C’est la grande force du Paris de l’époque, une grande ville qui permet l’anonymat et dont le côté frondeur est indulgent envers le plaisir Le XIXe siècle voit la naissance des cabarets, on y chante, souvent contre le pouvoir. A la fin du siècle, on commence à danser sur scène. Maupassant, Michelet, les plus grands talents masculins viennent s’encanailler en regardant danser les petites pépées parisiennes notamment du côté de Montmartre. D’autres y vivent carrément leur vie tel Toulouse Lautrec qui peint le quotidien au Moulin Rouge en admirant cette nouvelle danse qui défrise le bourgeois : le fameux cancan. Danse lancée par Céleste Mogador au Bal Mabille et reprise avec succès par la Goulue (surnommée ainsi parce qu'elle buvait les verres des clients) et ses collègues du Moulin Rouge sur des airs d’Offenbach. Pour en savoir plus, voici le site officiel du Moulin Rouge.
Montmartre c'est aussi
Le clos de Montmartre et ses 2000 pieds de vigne, à l'angle de la rue des saules et de la rue Saint Vincent, qui donnent le seul vin encore fabriqué à Paris (assez mauvais, la vigne étant exposée plein nord, mais collector). Montmartre c'est aussi beaucoup de présences d'artistes, avec le Maison Dali, 11 rue Poulbot, qui présente plus de 300 oeuvres du célèbre peintre catalan. La Halle Saint Pierre, ancien marché couvert construit en 1868, est un lieu dédié à l'art brut.
Aller au Sacré coeur :
Adresse
La Basilique est située 35 rue du Chevalier de la Barre, 75 018 Paris. Il y a des stations taxis. Le parking le plus proche est le parking "anvers", 41 boulevard Rochechouart 75 009 Paris.
En métro
station Anvers (ligne 2) ou Abbesses (ligne 12).
En bus
Lignes 30, 31, 80, 85
Montmartre c'est une vieille histoire
Le mont des martyrs
Certains affirment que c’était le mont de Mars, le dieu de la guerre. D’autres que c’était le mont des martyrs parce que c’est là qu’on aurait coupé la tête de Saint Denis, Saint rustique et Eleuthère. Montmartre, c’est surtout une âme dans l’âme de Paris. Moitié artiste, moitié frondeuse, toujours prête à s’enflammer. C’est peut-être dû au fait que pendant fort longtemps, on était assez loin des murs de la Capitale pour n’être pas parisiens et assez prêt pour permettre à Henri IV de bombarder Paris. Pour nos prédécesseurs Montmartre, c’était la colline des moulins qui préparaient la farine qui entrait au matin pour nourrir l’énorme ventre de Paris.
Les moulins de Montmartre au XVIIe siècle. Illustration choisie par Monsieurdefrance.com : Jean Louis Prieur 1789.
Un village, une commune puis... La Commune.
En 1790 Montmartre est devenue une commune, elle s’est aussi appelé Mont Marat quand la révolution française a décidé qu’on supprimerait tout ce qui rappellerait un tant soit peu la "ci-devant" religion chrétienne, même une vague allusion à des martyrs. Retour au nom Montmartre quand le vent se calme et jusqu’à ce que Paris croque littéralement l’ancienne commune de Montmartre qui devient le quartier des ouvriers, des artistes et des cabarets, dont le fameux moulin de la galette. C’est de là que part la célèbre commune de Paris, cette révolution de 1871 qui se termine fort mal pour les insurgés. C’est d’ailleurs en guise d’expiation de la Commune et pour valoriser un nouvel ordre moral et religieux qu’on a construit tout en haut de la butte la célèbre basilique toute blanche qu’on voit de si loin et dont le parvis est devenu le rendez-vous des touristes et des amoureux. Il faut dire que Montmartre à un charme fou avec ces petites rues qui lui donnent un air de province et les peintres de la Place du tertre. C'est à Montmartre que les premiers cabarets spectacles s'installent au XIXe siècle dont le célèbre "lapin agile".
Le Lapin agile. Cabaret de MontMartre. Photo choisie par monsieurdefrance.com : carte postale ancienne.
Le quartier parisien des artistes et des ouvriers.
De nombreuses personnalités ont vécu dans ce quartier du 18e arrondissement de Paris. Parmi eux on peut citer la célèbre la Goulue, danseuse du Moulin-Rouge, Clémenceau, Dalida, Jean-Pierre Jeunet (réalisateur du fabuleux destin d'Amélie Poulain), Michou... Et la famille Sanson. Les plus célèbres bourreaux de l'histoire reposent dans le caveau familial du cimetière de Montmartre, donc le fameux Charles Henri Sanson, le bourreau qui actionnait la guillotine pendant la Révolution Française et a fait tomber des milliers de têtes dont celles de Louis XVI, Marie-Antoinette, Danton, Robespierre et tant d'autres sur la place de la Révolution, devenue Place de la Concorde.
Illustration choisie par monsieurdefrance.com : La goulue, montmartroise, sur la célèbre affiche du Moulin-rouge dessinée par Toulouse-Lautrec.