Vice-président aux États-Unis : une fonction essentielle
Dans la plupart des grandes républiques, la fonction de vice-président est centrale. Aux États-Unis, elle assure la continuité du pouvoir en cas de décès ou de démission du président. Ce fut le cas neuf fois dans l’Histoire américaine, notamment après des assassinats célèbres :
Le vice-président américain Lyndon B. Johnson devenu président des USA en 1963 / Photo choisie par monsieur de France: Par Yoichi Okamoto — LBJ Library: http://www.lbjlibrary.org/collections/photo-archive.html, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19957232
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Andrew Johnson succède à Abraham Lincoln en 1865.
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Lyndon B. Johnson prend la tête du pays après la mort de John F. Kennedy en 1963.
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Et cas unique, Gerald Ford devient président en 1974 sans jamais avoir été élu, à la suite du scandale du Watergate qui pousse Richard Nixon à la démission.
Dans ces exemples, le vice-président joue un rôle de stabilisateur politique. En France pourtant, cette solution institutionnelle n’existe plus depuis longtemps.
Henry Boulay de la Meurthe : l’unique vice-président français
La France n’a connu qu’un seul vice-président de la République. Et ce fut entre 1849 et 1852. Il s’appelait Henry Boulay de la Meurthe (1797-1858), avocat de formation, né à Nancy en 1797. Député de la Meurthe puis des Vosges, cet homme de loi et de pouvoir s'engage dans les bouleversements de la Révolution de 1848, qui met fin à la monarchie de Louis-Philippe. Mais que l’on ne s’y trompe pas : s’il s’oppose à la monarchie, Boulay de la Meurthe n’est pas un révolutionnaire social. Lorsque les ouvriers de Paris se révoltent en juin 1848 après la fermeture des ateliers nationaux, il est du côté du pouvoir, pas de celui du peuple.
Soutien de Louis-Napoléon Bonarparte, il devient vice-président de la République
Le portrait officiel de Henry Boulay de la Meurthe / image choisie par Monsieur de France : Par Buffet — Bibliothèque nationale de France, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=788607
Son soutien inconditionnel à Louis-Napoléon Bonaparte est récompensé en 1849. Il devient vice-président de la République, fonction créée pour équilibrer les pouvoirs dans cette jeune Deuxième République. Mais l’équilibre ne dure pas. En 1852, Louis-Napoléon Bonaparte change les règles du jeu. Il transforme la République en Second Empire et devient Napoléon III. Le poste de vice-président disparaît aussitôt, et Boulay de la Meurthe est relégué au rang de sénateur, avec en prime une rente confortable.
Une fin de vie discrète et un legs oublié à Nancy
La biblothèque Municipale de Nancy. Les "salles Boulay de la Meurthe" sont situés sous les toits en haut à droite / Photo choisie par Monsieur de France : Chabe01 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=115653775
La rente impériale lui permet de constituer une imposante bibliothèque personnelle de 8000 ouvrages. À sa mort, son épouse décide de léguer cette collection à la ville de Nancy, à condition que deux salles lui soient dédiées dans la bibliothèque municipale, accompagnées d’un buste commémoratif. Promesse tenue, mais avec une malice toute nancéienne : les deux salles Boulay de la Meurthe sont placées… dans le grenier, au milieu des nids de pigeons. Une manière discrète – et peut-être ironique – de remplir l’obligation sans trop d’honneur.
Aujourd’hui, Henry Boulay de la Meurthe est pratiquement inconnu du grand public, et pourtant, il fut le seul à avoir occupé cette fonction unique en France. Dans un pays où la République s’est réinventée à plusieurs reprises, son passage reste une curiosité historique.