Le cimetière autour de l'église : une tradition chrétienne
A l'époque gallo-romaine, les cimetières étaient déjà à l'extérieur. Les gallos-romains brûlaient les corps de leurs morts et on découvrait les tombes, souvent le long des routes, en arrivant en ville. C'est le christianisme qui a changé cette tradition dans cette partie de la Gaule qui est devenue la France. En effet, plus question de brûler les corps puisque les chrétiens attendaient la résurrection des corps. Pas de corps, pas de résurrection, vous imaginez ? Du coup, on a enterré les corps. Et quitte à être enterrés autant l'être le plus près possible du lieu de Dieu : de l'église. Et même de l'autel de l'Église, là où on célèbre la Messe. Des coups, les plus riches, les nobles principalement, ont pris l'habitude de se faire ensevelir le plus près possible de l'autel. Dans une chapelle dédiée, dans un tombeau, mais tout près de l'autel. Certains se faisaient enterrer dans les allées, et dans certaines très très anciennes églises, on trouve encore de ces tombeaux dans l'allée. Dans de très petites églises d'ailleurs puisqu'à la fin de la Révolution Française, parce qu'en pleine déchristianisation de la France et pour trouver du salpêtre et de quoi tirer sur les pays coalisés contre la France, on a ordonné de déterrer les nobles enterrés dans les églises. Pour les autres, les moins riches, on les enterrait au cimetière, situé autour de l'église. Un cimetière bien souvent entouré d'un mur, avec un petit muret plus bas à enjamber, pour éviter que les animaux n'aillent déterrer les morts.
Un cimetière en Normandie : l'un des rares autour de l'église comme avant la Révolution Française. Image par user32212 de Pixabay
La Révolution Française change tout.
C'est l'un de ses décrets dont les conséquences sont toujours visibles de nos jours. Par mesure d'hygiène, pour éloigner les maladies, la République ordonne que les morts soient enterrés dans un nouvel endroit dédié, à la sortie de la commune. On crée donc les cimetières, qui deviennent communaux, et qui sont donc à la charge de la commune. Ils deviennent laïcs, et on peut y être enterré si on n'est pas chrétien, ce qui est compliqué voire interdit dans les cimetières avant la Révolution.
Des cimetières, il y en a tant :
Le plus célèbre : .
Le cimetière du Père La Chaise à Paris en Automne / photo par Elena Dijour/Shutterstock.com
C'est le cimetière du Père La Chaise le plus célèbre de Paris et de la France. Pas pour sa taille (43 hectares), ni pour le nombre de concessions funéraires (70 000) mais parce qu'y reposent de nombreuses célébrités. Jim Morrison (dont la tombe est gardée), Balzac, Appolinaire, Yves Montand, Oscar Wilde.
La tombe de Jim Morrisson au cimetière du Père La Chaise à Paris / photo par HUANG Zheng/Shutterstock.com
Certaines tombes sont étonnantes comme la tombe d'Allan Kardec, spiritiste et voyant, qui est fleurie toute l'année ou celle de Victor Noir. Sur la tombe, le gisant en bronze du journaliste repose tel qu'il était après sa mort brutale. Il est allongé, avec un pantalon moulant. Si moulant qu'on voit la forme de son sexe. Une forme qu'on ne peut pas rater puisque, alors que la tombe est verte à cause du temps qui passe, la partie du sexe brille. C'est parce que ce sexe est vu comme un symbole de fertilité et qu'il arrive que des gens le frottent pour avoir des enfants...
La tombe de Victor Noir au cimetière du Père La Chaise à Paris / photo par Andrea Izzotti/Shutterstock.com
À Paris, il y a aussi le cimetière de Montmartre, plus petit. On y trouve les tombes de Michel Berger, Dalida, ou encore la célèbre famille Samson. Famille de bourreaux sur plusieurs générations et dont les plus célèbres membres ont été à l'ouvrage pour faire tomber des centaines de têtes lors de la Révolution Française. L'un d'eux est notamment mort en glissant sur du sang alors qu'il voulait brandir une tête et la montrer aux gens assemblés autour de l'échafaud.
Le plus petit
Et peut être le plus émouvant, est situé en Normandie tout près de Caumont-l'éventé. Ici, repose le lieutenant James Gerald Marshall-Cornwall mort en 1944 lors de la Bataille de Normandie quelques jours après le D.DAY
Les cimetières militaires
Cimetière américain en Normandie / photo par Alzheimhurt/Shutterstock.com
Il en existe de nombreux, et pour cause, la France a été le théâtre de nombreuses guerres. La plupart des cimetières militaires français sont situés dans le Nord et dans l'Est de la France. Le plus célèbre est peut être l'ossuaire de Douaumont, près de Verdun avec un cimetière situé devant cet énorme bâtiment, doté d'une tour (un phare), et qui contient les restes des corps non identifiés de 140 000 corps. Il existe aussi de nombreux cimetières américains. Leur territoire a été concédé par la République Française aux Etats-Unis d'Amérique, ce qui fait que les héros reposent en terre américaine. Certains sont très connus comme le cimetière de Colleville en Normandie, ou Saint-James. Il existe aussi des cimetières allemands, anglais, canadiens...
Les cimetières les plus beaux
Le cimetière paysager de la Madeleine à Amiens, classé monument historique, on y trouve de grands arbres, des tombes mélancoliques et des sentiers qui font les détours que chaque vie humaine ne manque pas de prendre, qu’elle le veuille ou non.
Cimetière de Bonifaccio en Corse / photo par Mor65_Mauro Piccardi/Shutterstock.com
À Bonifacio, en Corse, il y a le sublime cimetière marin qui dresse ses tombes face à la grande bleue. Même élan à Sète, d’où la vue est splendide pour les mânes de nos prédécesseurs, parmi eux Paul Valéry ou Jean Vilar.
La Toussaint une véritable tradition française
Les chrysanthèmes une vraie tradition. Image par Andrey de Pixabay
Le moment où les cimetières sont les plus fleuris et les plus visités reste sans conteste la période du 1er novembre. Pour la Toussaint, de nombreux Français viennent se recueillir sur les tombes de leurs proches. 35 000 000 de personnes déclaraient le faire il y a 2 ans, soit près d'un Français sur deux. Si la tradition de fleurir les tombes à la Toussaint est ancienne, celle d'y poser des chrysanthèmes a été créée par le président de la République Raymond Poincaré, qui a demandé à ce qu'on fleurisse les tombes des soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Les chrysanthèmes fleurissant à cette période, on les a choisis . Quand les monuments aux morts ont été créés, quelques années plus tard, la tradition des chrysanthèmes est restée, et pas seulement pour fleurir la mémoire des soldats.