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+ de 35 000 monuments aux morts rappellent la mémoire des soldats morts pour la France

Il y en plus de 35 000 en France, et elles sont rares les communes qui n'en comptent pas un, même de petite taille. Les monuments aux morts font partie du paysage français depuis un peu plus de 100 ans. Depuis qu'on a voulu rendre hommage aux soldats morts pour la France pendant la Première Guerre Mondiale. C'est toujours le cas chaque 11 novembre et chaque 8 mai. C'est un devoir sacré

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1 400 000 morts pour la France.

 

La Première Guerre Mondiale a fait plus de 9 000 000 de morts dans le monde. Pour sa part, la France a perdu plus de 1 400 000 soldats morts au Front pendant les 52 mois de guerre et elle compte 4 000 000 de blessés au moment de l'armistice qui met fin à cette guerre le 11 Novembre 1918, dans un wagon, dans la forêt de Rethondes. Parmi tous les pays belligérants, la France est proportionnellement la plus touchée, elle qui a perdu 900 soldats par jour en moyenne pendant le conflit. C'est, en fait, toute une génération qui a été emportée par la guerre. Pas une famille n'a pas vu passer le maire ou le facteur avec la terrible nouvelle de la mort d'un proche : fils, père, cousin, ami... Les champs de bataille ont été très nombreux, depuis le Nord, jusqu'à l'Est, et ils sont nombreux, les soldats, a avoir été enterrés à la hâte pendant les combats autour de Verdun, du Chemin des Dames... Certains corps n'ont jamais été retrouvés. D'autres corps n'ont pas été identifiés. Après la guerre, on regroupe les dépouilles dans des nécropoles, non loin des anciens champs de bataille. Pour les familles, souvent très loin de ces endroits où elles pourraient se recueillir, il n'y a pas de tombe à fleurir et il n'est pas possible de rapatrier dans le village le corps du soldat que la famille a perdu dans les combats. 

 

 

Et peu de tombes pour se recueillir

 

C'est peu après la fin de la guerre qu'une idée émerge. Eriger un lieu qui permettra aux familles de se recueillir alors que le corps de l'être aimé est loin ou n'a pas été retrouvé. Un lieu qui portera le nom des morts pour la France de la commune. L'idée n'est d'ailleurs pas complètement nouvelle. Il en existait déjà quelques uns érigés après la guerre de 1870, notamment à Montauban, Vernon, Alberville, Aurillac... On considère même que le plus ancien monument aux morts date du XVIIIE siècle. Il s'agit de la Porte Desilles à Nancy, dédiée, à l'origine, aux nancéiens et lorrains morts aux côtés des Insurgents pendant la guerre d'indépendance. Ce qui est nouveau c'est que quasiment toutes les communes de France vont se doter d'un monument aux morts. Rares sont celles qui n'en n'ont pas. Soit qu'elles n'aient pas eu le moyen de le faire, soit qu'il n'y ait pas eu de morts pour la France dans la commune (c'est arrivé. Très rarement mais c'est arrivé comme par exemple à Thierville en Normandie). 

 

Monument aux morts de Lignière Orgères en Mayenne. Photo choisie par Monsieur de France : Jérôme Prod'homme (c)

Le monument aux morts de Lignières-Orgères, en Mayenne. Sous le socle est inscrit "On ne passe pas". Photo choisie par monsieurdefrance.com : Jérôme prod'homme (c)

 

 

Par souscription, on érige 35 000 monuments en 7 ans. 

 

Même si l'Etat participe via des subventions, les monuments aux morts sont érigés par souscription. Autrement dit ce sont les Français qui donnent de l'argent à leurs communes pour permettre l'édification du monument. En 7 ans, de 1918 à 1925, la quasi totalité des 35 000 monuments aux morts de France est achevée. 

 

 

De toutes les formes, de toutes les tailles et des messages.

 

Il sont souvent situés au coeur de la commune. Dans les villages, on les retrouve souvent près de la mairie ou de l'eglise. Le plus petit est à Cordey, en Normandie. Le plus grand est le Monument aux Parisiens morts pour la France. Situé au cimetière du Père Lachaise, il rappelle le sacrifice de 94 415 parisiens et 4000 disparus. Certains sont en forme d'obélisque, ceinturés d'obus et d'une chaîne. D'autres sont constitués d'une statue. La France, la Patrie, un soldat (et son chien, comme à Pagny sur Moselle, en Lorraine, ou le soldat est accompagné d'un chien que les enfants de l'époque ont appelé "totoche"). Sur certains monuments on voit une femme tenir un corps, comme celui de Metz en Lorraine, ou un soldat nu repose dans les bras de la Patrie. La plupart sont gravés des noms des soldats de la commune tombés pendant la guerre. On lit souvent le nom de la commune et "à ses enfants morts pour la France". En Alsace et en Moselle, on lit plutôt "à nos morts" puisque, annexées par l'Allemagne en 1871, ces régions ont du combattre côté allemand. 

 

 

Des messages aussi. 

 

Certains monuments aux morts sont dit "pacifistes" car ils sont gravés d'un message contre la guerre comme le plus monument de Gye l'Evêque sur lequel est inscrit "guerre à la guerre" ou celui de Saint Martin le beau est inscrit "aux victimes de la guerre". Eguzon-Chantôme, le monument reprend une citation du poète Horace qui dit "les mères détestent la guerre" tandis que celui de Balnot sur Laignes affiche "maudite soit la guerre". 

 

Ces monuments aux morts d'après la Première Guerre Mondiale ont continué à être dédiés aux morts pour la France d'autres conflits comme la Seconde Guerre Mondiale ou la Guerre d'Algérie. C'est devant ces monuments que les communes se réunissent autour du maire au moment des commémorations des armistices de 1918, le 11 novembre et 1945, le 8 mai. Un discours est prononcé. On lit les noms figurant sur le monument et on dit "mort pour la France". Traditionnellement la Marseillaise est chantée en cloture de la cérémonie

 

Le monument aux morts de Verdun. Il prend un sens très fort dans cette ville dont le nom résonne comme une guerre dans la Guerre puisque la Bataille de Verdun c'est 300 jours et 300 nuits de combats et 163 000 soldats français morts ou disparus (143 000 côté Allemand). Photo choisie par monsieurdefrance : depositphotos 

Le monument aux morts de Verdun. Il prend un sens très fort dans cette ville dont le nom résonne comme une guerre dans la Guerre puisque la Bataille de Verdun c'est 300 jours et 300 nuits de combats et 163 000 soldats français morts ou disparus (143 000 côté Allemand). Photo choisie par monsieurdefrance : depositphotos

Jérôme Prod'homme

Jérôme Prod'homme

Jérôme est "monsieur de France" l'auteur de ce site.