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D'où viennent les noms de famille ?

La France c'est le pays du monde qui compte le plus de noms de famille différents. Certaines parlent de plus de 1 000 000 de patronymes, d'autres de 800 000. Ce qui est sûr, c'est qu'ils sont nés progressivement du besoin de différencier pour savoir de qui on parlait. Souvent nés d'une originalité qu'avait un lointain ancêtre, les noms sont devenus une habitude, avant d'être obligatoires et encadrés par la loi. Aux noms anciens, nés au milieu du moyen-âge, l'immigration a ajouté d'autre noms et chacun d'eux raconte une part de l'Histoire de France.

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Comment sont nés les noms de famille ? 

 

Le 12e siècle est l'époque pendant laquelle les noms de familles sont nés progressivement. Ici quelques personnes de l'époque qui travaillent dans les vignes. illustration choisie par monsieurdefrance.com : Par unknown, Normandie — Den Haag, Königliche Bibliothek, 76 F 13, fol. 3v & 9v, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1218773

Le 12e siècle est l'époque pendant laquelle les noms de familles sont nés progressivement. Ici quelques personnes de l'époque qui travaillent dans les vignes. illustration choisie par monsieurdefrance.com : Par unknown, Normandie — Den Haag, Königliche Bibliothek, 76 F 13, fol. 3v & 9v, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1218773

 

Peu de prénoms et de plus en plus de monde !

 

Au 12e siècle, les naissances augmentent et l'espérance de vie s'améliorent en France. Or, on a peu de noms à disposition pour nommer les nouveaux nés. D'autant que lors du baptême, les noms des saints les plus connus sont souvent les plus attribués : Martin, Pierre, Jean etc... Du coup, avec le nombre de personnes qui augmentent, et le besoin de savoir de quel personne on parle, l'habitude s'est prise de donner un surnom. Bien pratique, par exemple, pour savoir de quel Jean vous parliez quand ils étaient nombreux à s'appeler Jean dans les environs. Ces surnoms, au départ, ne désignaient souvent qu'une seule personne, mais ils ont fini par être transmis aux personnes de la famille pour rappeler la filiation avec la personne à qui on avait donné le surnom. Dans l'immense majorité des cas, personne n'a choisi son surnom, devenu nom de famille. Ce sont les autres qui l'ont donné tout simplement pour savoir de qui ils parlaient. 

 

Saint Martin de Tours, évangélisateur des Gaules, très populaire au Moyen-âge, dont le prénom est devenu le nom de famille le plus porté en France avec au moins 300 000 personnes. Il est célèbre pour avoir coupé son manteau en deux pour protéger un pauvre du froid. Pauvre qui s'est révélé être le Christ d'après l'hagiographie de Saint Martin. Photo choisie par monsieurdefrance.com zatletic via depositphotos.

Saint Martin de Tours, évangélisateur des Gaules, très populaire au Moyen-âge, dont le prénom est devenu le nom de famille le plus porté en France avec au moins 300 000 personnes. Il est célèbre pour avoir coupé son manteau en deux pour protéger un pauvre du froid. Pauvre qui s'est révélé être le Christ d'après l'hagiographie de Saint Martin. Photo choisie par monsieurdefrance.com zatletic via depositphotos.

 

 

Un surnom pour différencier et savoir de qui on parle. 

 

Du coup, la plupart du temps, ces surnoms, qui vont devenir noms de famille, s'appuyaient sur une différence bien pratique pour savoir de qui on parlait. On pouvait s'appuyer sur un lieu original où vivait la personne (par exemple, du pont, pour quelqu'un qui vivait près d'un pont), sur un trait de caractère (le sage, pour quelqu'un de calme), une aventure (cornu pour un homme avec des cornes parce qu'il était cocu) ou un trait physique (le grand, le roux etc... ). Par exemple, Jean le gros, facile à reconnaître parce qu'il est gros, transmet son nom à Pierre, son fils, qui n'est pas gros, mais dont on se souvient qu'il est le fils de Jean le gros, et le fils de Pierre le gros, qui s'appelle Martin, est désigné par le gros parce qu'il est le fils de Pierre, lui même fils de Jean le gros et ainsi de suite, même si l'origine du premier surnom finit par se perdre et qu'on ne sait plus du tout pourquoi ce nom qu'on se transmet est le gros. Ce qui prime c'est qu'il marque l'appartenance à une famille. On a longtemps changé de nom au gré de certaines circonstances. Par exemple, que Pierre le gros, fils de Jean le gros, mais qui n'est plus gros lui même, vivant à Rouen, aille s'installer à Paris et il devient Jean Derouen parce que, pour les voisins, c'est plus facile de savoir de qui on parle quand on dit que c'est le jean qui vient de Rouen plutôt que Jean le gros alors qu'il n'est pas gros. Cette habitude des surnoms donnés pour différencier puis transmise aux descendants, prise bien depuis longtemps par la noblesse, a fini par devenir usuelle dans toutes les couches de la société. Cela ne s'est pas fait d'un seul coup, mais avec l'usage, avant de devenir une règle et d'être encadrée par la loi. 

 

 

Les 4 grandes catégories des noms de famille : 

 

Les signatures en bas d'un acte de mariage en Normandie au 17e siècle.

Les signatures en bas d'un acte de mariage en Normandie au 17e siècle.

 

 

1 Les noms de familles nés de prénoms 

 

Même si c'est justement le manque de prénoms qui a fini par entrainer la naissance des noms de familles, certains prénoms sont devenus des noms. Martin, par exemple. Pour désigner Jean, le fils de Martin, on a fini par l'appeler Jean Martin. Cela signe souvent que le premier porteur du nom était assez original pour qu'on puisse le désigner de son seul prénom pour savoir qu'on parlait de lui, alors même que d'autres portaient le même prénom. Il y a aussi le cas où le prénom était plus rare et qu'il suffisait, donc, à faire comprendre de quelle personne il s'agissait. C'est le cas, par exemple en Lorraine, pour Mansuy, prénom à l'origine, et qui vient de Saint Mansuy qui fut évêque de Toul. Certains prénoms étaient écrits ou prononcés différemment et permettaient de faire la différence comme, par exemple, demange, qui est une variante de Dominique.  Enfin, on donnait aussi des diminutifs, Pierre pouvait devenir Perrinet pour désigner un Pierre plutôt petit, ou le cadet d'une famille, ou le fils de Pierre. De même pour Martinet ou Martineau pour le petit Martin... Encore une fois, difficile d'être exhaustif et précis : rien n'est plus humain que les noms de familles. On faisait comme on voulait et comme on pouvait. On estime à 36 % les noms de famille nés d'un prénom à l'origine. 

 

 

2 Les noms de famille nés de lieux

 

Pierre vit près d'un puits, rien de plus facile que de l'appeler Pierre Dupuis pour savoir dequel Pierre on parle. Photo choisie par monsieurdefrance.com : vichie81 via depositphotos

Pierre vit près d'un puits, rien de plus facile que de l'appeler Pierre Dupuis pour savoir dequel Pierre on parle. Photo choisie par monsieurdefrance.com : vichie81 via depositphotos

 

Rien de plus simple, pour différencier quelqu'un, que de dire où il habite. Pierre vit près du pont, on l'appelle Pierre du pont pour le différencier de Pierre du châne qui vit près d'un chêne. On trouve ainsi de nombreux noms de famille qui rappellent un nom de lieu comme rivière, du pré, du pont, du chêne du chemin, la croix pour quelqu'un qui vit près de la croix du village, la grotte (ou la crotte dans le sud) pour celui qui vie auprès d'une grotte, pareil pour capelle ou chapelle, ou même des castel pour parler de quelqu'un qui vit au château. C'est le cas dans la quasi totalité des noms de famille de la noblesse, qu'on reliait à la terre possédée, d'où la particule, qui ne signe pas la noblesse mais qui a été beaucoup utilisée par la noblesse pour désigner une famille. Par exemple : la famille de Castelnaud porte le nom de la terre de Castelnaud qu'elle possède et le conserve même quand elle ne possède plus Castelnaud. Enfin, on peut aussi désigner quelqu'un par l'endroit d'où il vient ou par ses origines. Par exemple Jean Picard parce qu'il vient de Picardie et qu'il s'est installé à Paris ou en Normandie, c'est à dire dans un endroit où ce qui fait son originalité c'est de venir d'un endroit plus lointain. Pareil pour les langlais, descendants d'un anglais...  On estime à 30 % les noms de familles nés d'un nom de lieu. 

 

 

3 Les noms de familles nés d'une situation

 

Le boucher est rare, c'est pratique pour le reconnaître, et sa fonction devient un nom. Photo choisie par monsieurdefrance.com : Par unknown master — book scan, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1638812

Le boucher est rare, c'est pratique pour le reconnaître, et sa fonction devient un nom. Photo choisie par monsieurdefrance.com : Par unknown master — book scan, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1638812

 

Si on continue à partir du principe qu'un nom de famille c'est, au départ, un surnom pour différencier, la situation de la personne est un bon moyen de le faire. Une situation professionnelle, par exemple. Jean est surnommé le charbonnier, parce qu'il produit du charbon, et son fils, Pierre, est désigné sous le nom de le charbonnier même s'il ne fait plus de charbon mais parce que c'est Pierre le fils du charbonnier. On trouve ainsi toute une série de noms de famille d'origine professionnelle comme le marchand, boucher, boulanger, moulin (pour celui qui bosse au moulin), meunier, tisserand, Forgeron (qui a donné feron, Defer, lefèvre etc... ) mais aussi sergent pour un militaire, prévost pour celui qui rend la justice, tout comme bailli ou le bailli, chevalier, pour celui qui travaille avec le chevalier ou le comte pour celui qui travaille pour le comte. Il y a aussi ceux qui savent écrire comme clerc, le clerc... On peut aussi désigner quelqu'un parce qu'il possède quelque chose que les autres n'ont pas, ainsi pour cheval, qui peut être celui qui possède un cheval, charretier, pour celui qui possède une charette, le puit ou du puit, pour celui qui possède un puit... Enfin, il y a aussi des situations moins flatteuses, et on les prends facilement parce qu'on est déjà très mauvaise langue au moyen-âge. Le bâtard, né hors mariage, est désigné par le fait qu'il est bâtard parce que c'est moins fréquent que de ne pas l'être. Il n'est pas rare que le cornu, le cerf, et tout ce qui rappelle les cornes soit collé à quelqu'un dont on sait qu'il est cocu. Et même si ça ne lui fait pas plaisir, les voisins choisissent cette situation pour savoir de qui ils parlent. Ce surnom est transmis de manière informelle, même quand on a oublié l'infortune du premier porteur du nom. On est estime à 30 % les noms de familles nés d'une situation. 

 

Le forgeron, rare, et souvent soigneur, a donné forgeron, Ferron, lefebvre, lefèvre... Illustration choisie par monsieurdefrance.com : Par Fabian Ackermann — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=61078713

Le forgeron, rare, et souvent soigneur, a donné forgeron, Ferron, lefebvre, lefèvre... Illustration choisie par monsieurdefrance.com : Par Fabian Ackermann — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=61078713

 

 

La particularité des enfants trouvés 

 

Les enfants abandonnés étaient très nombreux au moyen-âge, et même bien après. L'interdiction d'avorter, sous peine de mort, obligeait de nombreuses femmes à aller au terme de leur grossesse et il arrivait que les enfants soient abandonnés pour de multiples raisons. On les laissait souvent sur les marches des églises, l'Eglise les prenait souvent en charge dans les monastères ou les couvents (prise en charge toute relative et dans des conditions rudes). Un système de tourniquet était parfois installé dans le mur des couvents. On plaçait l'enfant dans une sorte de boite qu'on poussait et qui se retrouvait dans les murs du couvent. Du coup, le nom de famille était souvent donné par les gens qui trouvaient l'enfant. On trouve, ainsi, des noms nés du moment où l'enfant a été trouvé comme janvier, février etc... De même, certains enfants trouvés sont appelés trouvé tout simplement. On peut aussi leur donner le nom de l'endroit où ils ont été trouvé, par exemple portail pour parler de l'enfant trouvé devant le portail de l'église.

 

Une "tour d'abandon" dans laquelle on plaçait les enfants trouvés pour les faire passer de l'autre  côté du mur de l'église ou du couvent et le confier aux religieux. Photo choisie par monsieurdefrance.com: Daniel Jolivet, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons

Une "tour d'abandon" dans laquelle on plaçait les enfants trouvés pour les faire passer de l'autre  côté du mur de l'église ou du couvent et le confier aux religieux. Photo choisie par monsieurdefrance.com: Daniel Jolivet, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons

 

Le plus célèbre exemple d'enfant trouvé à qui on a donné un nom est Jean le Rond d'Alembert, mathématicien célèbre, fondateur de l'Encyclopédie au 18e siècle. Né le 16 novembre 1717, à Paris, il est le fruit d'un amour passager entre Madame de Tencin et soit le Chevalier Destouches-Canon, soit le duc d'Arenberg. Né le 16, il est abandonné le 17 novembre et un serviteur de sa mère le dépose sur les escaliers de l'église Saint Jean le Rond à Paris (elle n'esiste plus). L'agent de l'assistance, qui le trouve, l'appelle "le rond" du nom de l'église où ils se trouvent tout les deux. A la différence d'autres enfants trouvés, Jean le Rond est retrouvé par son père et on lui donne, en plus, un nom de famille qui le relie un peu à son père puisqu'on modifie d'Arenberg, en d'Alembert. 

 

Jean Le Rond d'Alembert (1717-1783) s'appelait Le Rond parce que trouvé devant l'église Saint Jean le Rond à Paris. Illustration choisie par monsieurdefrance.com Portrrait D’après Maurice-Quentin de La Tour — Bonhams, London, 4 Dez 2013, lot 48, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29727677

Jean Le Rond d'Alembert (1717-1783) s'appelait Le Rond parce que trouvé devant l'église Saint Jean le Rond à Paris. Illustration choisie par monsieurdefrance.com Portrrait D’après Maurice-Quentin de La Tour — Bonhams, London, 4 Dez 2013, lot 48, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29727677

 

 

4 Les noms de familles nés du physique ou d'un trait de caractère

 

De nombreux noms de famille sont nés de particularités du physique ou de caractère du premier porteur. Il suffit d'aller dans une cour d'école d'aujourd'hui, où plusieurs enfants portent le même prénom, pour constater qu'on prend assez vite une particularité pour différencier deux porteurs d'un même prénom. On trouve aussi toute une série de noms en rapport avec le physique : le roux, le blond, le grand, le maigre, le fort, le petit, le gros... Quelqu'un qui a la peau mate peut être appeler le noir, ou encore maure, le maure, morin, morinneaux parce qu'au moyen âge, on désigne une personne noire par le mot "maure". La condition physique joue aussi, par exemple dans le boeuf qui désigne quelqu'un de fort comme un boeuf. Le cheval peut désigner quelqu'un qui a une particularité physique qui rappelle le cheval. Quelqu'un qui est frisé peut être appelé mouton etc... On trouve, ainsi, des gens qui s'appellent le borgne, le boiteux mais ausi le beau, laid, le joli, joly etc...

 

Les traits physique sont à l'origine de nombreux noms de famille. Par exemple Le roux, facile pour désigner jean le seul roux de la famille ou du village. Photo choisie par Monsieur de France : svyatoslavlipik via depostiphotos

Les traits physique sont à l'origine de nombreux noms de famille. Par exemple Le roux, facile pour désigner jean le seul roux de la famille ou du village. Photo choisie par Monsieur de France : svyatoslavlipik via depostiphotos

 

Pour ce qui est du trait de caractère, on prend souvent les traits les moins flatteurs, parce qu'au moyen-âge aussi on aime critiquer. Ainsi pour le sauvage qui désigne quelqu'un qui vit isolé, le fol pour quelqu'un qui fait le fou. On peut aussi prendre une qualité comme champion pour celui qui a remporté une épreuve, le sage, prud'homme ou prod'homme pour désigner la personne qu'on consulte pour des conseils. On trouve encore des lamy pour celui qui est sympathique, des courtois etc... On un talent qui est signalé, par exemple pour la chanson (le merle, merleau...). Les noms de familles nés d'un trait de caractère ou du physique seraient environ 18 % des noms de famille. 

 

Des cas particuliers : région, origine et honneurs

 

Dans les noms de famille on retrouve parfois des origines, par exemple pour la Bretagne. Dans la partie bretonnante, on parlait le breton plutôt que le français, si bien que les noms de familles sont écrits dans la langue du lieu. Le petit, en Français, donne le Bihan en Breton. De même, Napoléon 1er a ordonné aux juifs de France de se doter d'un nom de famille pour pouvoir être enregistré dans l'Etat Civil qui est laïque, à la différence des registres paroissiaux qui l'ont précédé et qui enregistraient des évenements religieux comme les mariages, et qui ne concernaient que les catholiques. Les nouveaux arrivants, immigrés, ont parfois choisi leur nom de famille au moment de déclarer une naissance. Certains ont décidé de donner à leur nom de famille une consonnance française en pendant faciliter l'assimilation de leurs enfants. 

Enfin certains surnoms ont été ajouté au nom de famille initial parce qu'ils faisaient honneur à la famille. Par exemple la famille de Hauteclocque, est devenue Leclerc de Hautecloque suite au parcours admirable de Philippe de Hauteclocque, général puis maréchal de France, dont le surnom de guerre était Leclerc, pendant la Seconde Guerre Mondial, et c'est ce surnom qui lui est resté dans l'histoire de France (on ne compte plus les avenues ou rues Leclerc en France). Une ordonnance de 1954 a permis à la famille Bressolette de s'appeler la famille Pierre Bressolette suite aux hauts faits de resistance de Pierre Bressolette. Sa fille s'est donc appelée Sylvie Pierre-Bressolette. 

 

 

Les noms de familles et leur histoire 

 

Un acte de mariage en Normandie au 18e siècle

Un acte de mariage au 18e siècle. 

 

L'orthographe des noms de famille a beaucoup changé 

 

Si un jour vous faites votre généalogie en France, ne vous fiez pas à l'écriture de votre nom mais plutôt à sa sonorité. On a longtemps écrit les noms de famille comme on les entendait. Ainsi, vous pouvez parfaitement vous appeler Milet en 2024 et votre aieul du 18e siècle s'appeler Milet avec un seul L ou même millait. Les curés (qui tenaient les registres naissance, mariage et décès connus sous le nom de registre paroissiaux) écrivaient comme ils voulaient. Il arrivait même qu'ils entendent mal et qu'il déforment le nom. J'ai connu le cas d'une famille Millet qui s'est appelée Mallet deux générations. L'orthographe a été fixée au 19e siècle avec la naissance du livret de famille. Et même après, il n'est pas rare de voir des enfants portant le même nom ne pas l'écrire de la même façon parce que l'officier d'Etat Civil a écrit le nom d'une façon bien à lui. On a des cas dans les années 1960. L'informatique et les fichiers ont fini par bloquer les choses, avec un prix à payer, d'ailleurs, puisque les accents et les particularité (par exemple l'apostrophe) sont gardés par l'état civil mais disparaissent dans la vie de tous les jours (on ne peut pas avoir de boite mail avec un accent ou une apostrophe dans le nom du titulaire). 

 

 

La transmission des noms de familles au moins depuis 1539.

 

François 1er (1494-1547) roi de France a promulgué l'Edit de Villers-Cotterêt. Illustration choisie par monsieurdefrance.com : Par Jean Clouet —-Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=30275305

François 1er (1494-1547) roi de France a promulgué l'Edit de Villers-Cotterêt. Illustration choisie par monsieurdefrance.com : Par Jean Clouet —-Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=30275305

 

Ce qui était une habitude est devenu une tradition puis une obligation, notamment par l'Edit de Villers-Cotterêt de 1539. Cette année là, François 1er, roi de France et de Navarre, ordonne la création de registres dans lesquels seront inscrit les baptêmes, mariage et sépultures. L'usage est de donner à l'enfant le nom de son père quand il est né dans les liens du mariage, et uniquement le nom de sa mère quand il est né hors mariage, même quand on connait le père (on oblige bien souvent la pauvre femme à "avouer" de "quelles oeuvres" est né l'enfant). Les protestants et les juifs ne sont pas concernés par ces registres. Il arrivent qu'ils en tiennent eux même de leur côté, mais après 1689 et l'interdiction du protestantisme en France, il devient très risqué de tenir ces registres qui donnent tant d'information et que la police pourrait utiliser pour traquer des fidèles. 

 

 

1792 : naissance de l'Etat Civil. 

 

En 1792, la Révolution Française décide que l'Etat Civil est l'affaire de tous et le retire aux curés. C'est la naissance de l'Etat Civil et, plutôt que les baptêmes, mariages ou sépultures, on inscrit les naissances, mariages et décès. C'est un officier d'Etat Civil qui recueille les informations, et il n'y a plus ni parrain ni marraine, mais des témoins qui attestent que l'information est exacte. Plus tard, en 1877 on crée le livret de famille, qui consigne les évenements familiaux à partir du mariage. Il est obligatoire à partir de 1884 dans toutes les familles. 

 

Un mariage pendant la Révolution Française. Illustration choisie par monsieurdefrance.com : BNF / Gallica.Fr

Un mariage pendant la Révolution Française. Illustration choisie par monsieurdefrance.com : BNF / Gallica.Fr

 

 

Les 50 noms de famille les plus portés en France en 2024 

 

1 Martin 2 Bernard 3 Thomas 4 Petit 5 Robert 6 Richard 7 Durand 8 Dubois 9 Moreau 10 Laurent 11 Simon 12 Michel 13 Lefebre 14 Leroy 15 Roux 16 David 17 Bertrand 18 Morel 19 Fournier 20 Girard 21 Bonnet 22 Dupont 23 Lambert 24 Fontaine, 25 Rousseau 26 Vincent 27 Muller 29 Lefèvre 29 Faure 30 André 31 Mercier 32 Blanc 33 Guérin 34 Boyer 35 Garnier 36 Chevalier 37 François 38 Legrand 39 Gauthier 30 Garcia 41 Perrin 42 Robin 43 Clément 44 Morin 45 Nicolas 46 Henry 47 Roussel 48 Mathieu 49 Gautier 50 Masson. 

 

 

Les noms de famille en France aujourd'hui :

 

Photo choisie par monsieur de France: samurkas via depositphotos

Photo choisie par monsieur de France: samurkas via depositphotos

 

On estime à environ 1 000 000 le nombre de noms de famille différents aujourd'hui. Certains s'éteignent, d'autres font leur apparition avec de nouveaux français. Ainsi, le nom de famille Garcia, assez rare au 19e siècle, est aujourd'hui le 41e nom de famille le plus porté en France. Alors que c'est le nom de son père qui était attribué à un enfant pendant des siècles, la loi a changé et stipule désormais que : . 

 

 

Le choix du nom de l'enfant : 

 

C'est au premier enfant que tout se décide, puisque ce qui est valable pour lui est valable pour les autres enfants d'un même couple. L'enfant peut porter soit le nom de son père, soit le nom de sa mère, soit les deux noms. Il n'est pas précisé qu'on donne le nom du père ou le nom de la mère en premier. Les parents choisissent.  Dans le cas où les parents ont eux même un double nom, il doivent choisir lequel des deux ils transmettront (pour éviter qu'un enfant se retrouve avec 4 noms de familles et ses enfants avec 8). Par exemple si le père s'appelle Le Roux-Du Lac et la mère s'appelle La Pierre-Du Pré, l'enfant peut s'appeler Le Roux-La Pierre, Le Roux-Du pré ou Du Lac-La Pierre ou Du Lac Du Pré. Tout est expliqué ici. 

 

Une chose n'a jamais changé au fil du temps : on nomme l'enfant très vite après sa naissance. Photo choisie par monsieurdefrance.com : mishatc via depositphotos

Une chose n'a jamais changé au fil du temps : on nomme l'enfant très vite après sa naissance. Photo choisie par monsieurdefrance.com : mishatc via depositphotos

 

 

Changer de nom de famille 

 

Il existe plusieurs possibilités et cela a été très simplifié ces dernières années. Dans le cas le plus simple, on peut demander à porter le nom d'un parent à la place du nom d'un autre parent.  Ca dure environ un mois, c'est gratuit et ça se fait en mairie. Pour changer de nom, sans prendre le nom d'un des deux parents, c'est plus compliqué. Il faut justifier d'un motif légitime, par exemple que le nom de famille soit dur à porter (sonorité, déshonneur etc...). Il faut faire la requête au ministère de la Justice, elle nest pas obligatoirement couronnée de succès et elle a un coût (variable). 

 

"relever" un nom de famille : 

 

On peut demander a ajouter à son nom de famille un patronyme qui est éteint et dont un membre de sa famille a été porteur. On parle de "relever un nom en deshérence". Il faut noter, cependant, que la loi est strice et ne permet de le faire que pour des noms de famille jusqu'au 4e degré jusqu'à l'arrière-arrière-grand-mère de la personne requérante. Le dossier doit cependant être très solide et il ne faut pas que d'autres descendants portent toujours le nom. 

Jérôme Prod'homme

Jérôme Prod'homme

Jérôme est "monsieur de France" l'auteur de ce site.