LES MÉROVINGIENS (Ve–VIIIe siècle)
Le monde après Rome
Imaginez le décor : la Gaule après la chute de Rome, ce n’est pas un musée poussiéreux, c’est un champ de ruines. De la grandeur romaine il reste des morceaux de marbre plantés dans la boue. On marche dans des villes à moitié vides, on croise des fortifications effondrées, on se demande qui commande qui — c’est un joyeux bazar. Et la civilisation romaine, raffinée, organisée, qui aimait tellement les bains chauds et les mosaïques… eh bien elle a pris froid. Fin de partie. Maintenant ce sont les Francs. Et clairement, ils n’ont pas lu Sénèque, ils s'en foutent. Chez eux ce qui compte c'est la force et... La chevelure. Rien de pire pour un roi franc que d'être chauve, ou pire : tondu quand il est vaincu. La chevelure est signe de force et de virilité.
Clovis (466–511), le baptême fondateur
Clovis, au départ, il ressemble plus à un chef de meute qu’à un futur roi de France. Mais il a quelque chose que les autres n’ont pas : l’œil. Il regarde cette Gaule traumatisée, il voit les évêques qui tiennent encore debout, un peu comme des poteaux au milieu de la tempête, et il se dit : “Tiens, si on faisait copain-copain ?” Et PAF, baptême à Reims. Là c’est du génie. En un seul geste, il se transforme d’envahisseur en héritier. Tout le monde respire mieux. Il devient fréquentable. On le regarde moins comme un sauvage poilu et plus comme un monsieur respectable. C’est là que la mayonnaise “France” commence à prendre.
Brunehaut et Frédégonde
Ah celles-là… on pourrait écrire des tragédies en cinq actes sur elles. Deux femmes, deux tempéraments, deux haines. Brunehaut, l’organisatrice, la femme qui comprend ce qu’est un royaume, qui veut remettre de l’ordre dans tout ça. Et Frédégonde… attention. Elle, c’est la silex dans la botte. Celle qui vous sourit avec douceur en vous servant votre coupe de vin, pendant que son serviteur verse du poison dans votre dessert. Leurs manigances s’étendent sur quarante ans, quarante ans de drames familiaux, de maris qui meurent trop vite, d’héritiers qui disparaissent subitement, de petits cousins “accidentellement” étranglés. Non, ce ne sont pas des histoires romancées : c’est la vraie vie des Mérovingiens — et elle est sanglante. Brunehaut, accrochée au pouvoir, a une fin tragique. Elle est condamnée à être attaché par les cheveux et les mains à un cheval au galop qui est lancé dans un champ de pierre. Une bouillie à la fin. L'horreur... Mais l'époque à l'habitude, on coupe, on égorge, on arrache les yeux quand on est en conflit politique. "Autres temps autres moeurs" comme dit le vieux proverbe Français.
Dagobert (603–639), le dernier vrai roi
Dagobert est un roi sérieux, et pourtant aujourd’hui on le réduit à une culotte à l’envers — c’est presque criminel. Dagobert, c’est le dernier Mérovingien qui a réellement régné. Après lui, les rois se contentent de régner en apparence. Ils ont le titre, ils ont les cheveux longs… mais ils n’ont plus les décisions.
Charles Martel (676–741), le vrai patron sans couronne
Et là, on arrive à un drôle de personnage : Charles Martel. Lui, il n’est pas roi. Il ne met pas la couronne, il n’a pas le beau titre, mais tout le monde sait que c’est lui le patron. Quand ça cogne, c’est lui qui répond. Quand il y a un territoire à défendre, il est devant, pas derrière. Et en 732, à Poitiers, il renvoie les envahisseurs d’Espagne direction sud. On va être clair : cette victoire-là, elle a fait trembler l’Europe entière — et elle a fait de Charles Martel le héros du moment. Les franciscains ont dû se faufiler dans chaque ville pour le célébrer. On ne chante pas son nom dans les rues… mais on ne discute pas ses décisions.
Pépin le Bref (714–768), le mec qui pose LA question qui tue
Pépin, c’est le petit fils de Martel, et il a hérité de la bosse politique. Il regarde les rois mérovingiens, avec leur chevelure sacrée, leurs airs nobles, et surtout… leur inutilité grandissante, et il se dit : “Bon, là, il y a une anomalie.”
Et il ose poser LA question au pape — celle qui change le destin du pays : “Doit-on être roi parce qu’on descend d’un roi… ou parce qu’on gouverne vraiment ?” Et Rome, qui ne manque jamais d’esprit pratique, répond :“Parce qu’on gouverne vraiment.”
Là, Pépin se frotte les mains. Les Mérovingiens perdent leur couronne et Pépin devient roi.
Pourquoi on change de dynastie ?
Parce que les Mérovingiens ne régnaient plus. Ils existaient, ils posaient pour la tapisserie, ils faisaient figure de rois — mais ils ne dirigeaient rien. Le pouvoir était ailleurs, dans les bureaux du maire du palais. Et dans un monde qui bouillonne, qui s’effondre, qui se redresse, il faut des gens qui décident. Pépin appartient à cette espèce-là. Les Carolingiens entrent en scène parce que le pays a besoin de rois qui gouvernent, pas de rois qui somnolent.
LES CAROLINGIENS (751–987)
La dynastie qui sort son pays des ruines
Si les Mérovingiens ont mis la France sur les rails, les Carolingiens, eux, vont soulever la locomotive à mains nues pour remettre le pays en marche. Sous eux, on range les papiers, on répare les routes, on éduque les clercs, on traite avec les puissances étrangères. Bref : on recommence à faire de la civilisation. Et tout ça commence avec… Pépin le Bref.
Pépin le Bref (714–768), le premier Carolingien
Alors lui, avec sa petite taille et son énergie de moine-soldat, il va donner au pays un mouvement, une direction. On dirait presque qu’il court partout avec un marteau dans la main pour réparer ce qui traîne. Ce n’est pas un roi qui fait la sieste. C’est un roi qui secoue le royaume. Il prépare le terrain pour quelqu’un d’encore plus grand que lui. Et ce quelqu’un… c’est son fils.
Charlemagne (742–814), l’homme en mouvement
Ah… Charlemagne. On prononce son nom et on voit tout de suite une silhouette large, un cavalier infatigable, un homme qui parle plusieurs langues… mais qui écrit mal, parce qu’à la plume, ça tremble. Mais ce n’est pas grave — il a autre chose : il sait s’entourer de gens qui savent. Charlemagne, ce n’est pas seulement un conquérant. C’est un bâtisseur d’Europe. Il protège les monastères, fait recopier les manuscrits, améliore l’enseignement. La fameuse “renaissance carolingienne”, c’est lui. On pourrait dire que Charlemagne a ré-appuyé sur le bouton “culture” en Europe. Et puis ce moment incroyable : le 25 décembre de l’an 800, il se retrouve à Rome, et le pape lui met une couronne impériale sur la tête. Charlemagne n’avait pas demandé ça, mais ça fait quand même son petit effet. Ce jour-là, l’Occident a de nouveau un empereur. Et c’est un Franc. Pas un Romain. Et ça, ça change tout.
Louis le Pieux (778–840), le fils bien trop gentil
Louis, lui, n’est pas son père. Il n’a pas la prestance, pas l’autorité. C’est un gentil. Le genre à vouloir faire plaisir à tout le monde — et forcément, à ne satisfaire personne. Et avec ses fils qui se déchirent pour la succession, le royaume se défait comme une chemise trop usée.
Le résultat ? Le fameux partage de Verdun, en 843. Tuc-tuc-tuc, on coupe en trois la couronne de Charlemagne. On distribue les morceaux. Et là, forcément, ça commence à partir en vrille.
Et ensuite… l’effritement
Après Louis, on se perd un peu dans des successions de rois moins marquants — des gars pas forcément mauvais, mais pas flamboyants non plus. Le pouvoir devient de plus en plus local, les seigneurs reprennent de l’importance, et la monarchie s’essouffle. Le dernier c'est Louis V, qu’on surnomme “le Fainéant” (encore un surnom pas très gentil). Il arrive sur le trône et n’y reste pas longtemps. Il meurt jeune, sans héritier. Et là, c’est le moment de faire le point. À qui appartient la couronne ? À la famille Carolingienne ? Ou à celui que les grands du royaume vont choisir ? Devine…
Pourquoi on change de dynastie ?
Parce que les Carolingiens, après Charlemagne, se sont essoufflés. Ils n’ont pas su transformer le coup de génie de Charlemagne en tradition solide. Le pouvoir s’est dispersé. Les seigneurs ont repris le contrôle local. Et au sommet, il n’y avait plus de grands hommes. Alors, le royaume s’est tourné vers un nouveau candidat, un homme solide, fiable, bien implanté autour de Paris : Hugues Capet.
Les premiers capétiens (987 - 1328)
Une dynastie qui avance doucement… mais sûrement
Les Capétiens, ce ne sont pas des rois éclairs ni des volcans de tempérament. Ce sont des rois qui avancent lentement, comme un bœuf qui laboure — mais le sillon qu’ils tracent est solide. Ils vont transformer une France éclatée en un royaume soudé. Et tout commence avec un type pas très spectaculaire, mais très malin : Hugues Capet.
Hugues Capet (940–996), le premier d’une très longue série
On est en 987. On regarde le trône, et personne ne semble vraiment incontestable. Alors les grands du royaume se disent : “Tiens, Capet… il n’est pas flamboyant, mais il est stable. Il rassure. Il connaît les bonnes familles. Il a les bonnes alliances. Prenons lui.”
Hugues Capet monte sur le trône. Et surtout — surtout ! — il fait passer une règle très simple :
“Le roi, ce sera mon fils.”
Finies les successions folkloriques, finies les tantes et les cousins qui se réveillent à 4h du matin en se disant “tiens, si je tentais ma chance ?”. On va de père en fils et ça va durer… plus de 3 siècles.
Louis VI (1081–1137), celui qui dit “stop” aux barons
Louis VI, dit “le Gros” (pas très sympa, on aurait pu dire “le Solide”), en a ras-le-bol de ces petits seigneurs locaux qui font la loi dans leurs coins et qui rackettent les voyageurs. Alors il y va, frontalement, avec des troupes et du caractère, et il remet de l’ordre. C’est le roi qui commence à montrer que la France, ce n’est pas une mosaïque de petits chefs — c’est un royaume avec un vrai patron.
Philippe Auguste (1165–1223), celui qui botte les fesses aux Anglais
À son époque, une bonne partie de la France est sous influence anglaise — merci Guillaume le Conquérant et sa petite descente de 1066. Mais Philippe Auguste, lui, ne se laisse pas faire et en 1214, à Bouvines, il met une claque magistrale aux Anglais et à leurs alliés.
Ce jour-là, ce n’est pas seulement une victoire militaire : c’est un moment où le peuple, la noblesse et le clergé se mettent d’accord sur une chose :
— “C’est lui notre roi.”
C’est là que la France commence à se reconnaître dans sa monarchie.
Saint Louis (1214–1270), le roi sous le chêne
Louis IX, qu’on appelle Saint Louis, est un roi profondément religieux. Il est même dans l'excès : persécutant les juifs et les cathares, bref tout ceux qui ne sont pas dans la droite ligne de l'Eglise. Mais ce n’est pas un mystique dans sa tour d’ivoire. C’est un homme qui rend la justice en plein air, sous un arbre, entouré de son peuple. Est-ce que c’est complètement exact ? Peut-être que la scène a été légèrement embellie… mais l’esprit, lui, est vrai.- Saint Louis veut un royaume juste, propre moralement, presque idéal. C’est un roi qui incarne le “bon père de famille” national.
Philippe le Bel (1268–1314), le roi de fer
Et puis vient Philippe le Bel, avec son regard froid et sa mâchoire qui ne tremble pas. Pas du genre à rire aux banquets. Il impose l’autorité royale d’une main ferme, taxe le clergé, défie le pape, et surtout… s’en prend aux Templiers.
Ah, l’affaire des Templiers…
Le 13 octobre 1307, les Templiers sont arrêtés partout en France, dans une opération fulgurante orchestrée par Philippe le Bel. Leur grand maître, Jacques de Molay, finit sur le bûcher en 1314. On raconte qu’avant de mourir, il lance en direction du pape Clément V et du roi Philippe cette sentence terrible : “Avant un an, je vous cite au tribunal de Dieu !” Et ce qui est frappant, c’est que dans les mois qui suivent, le pape meurt… puis le roi meurt lui aussi. Pur hasard ou justice divine ? On vous laisse décider.
Pourquoi on change de dynastie ?
Parce que Philippe le Bel laisse derrière lui trois fils… qui meurent sans héritiers mâles. Les Capétiens directs s’éteignent. Et quand arrive la question : “Qui sera roi ?”, l’Angleterre se pointe et dit : “Ah mais nous, on a une petite revendication familiale par les femmes…”
Et là, désolé les Anglais : loi salique. Une vieille coûtume franque qu'on ressort pour l'occasion et qui dit : “Pas de couronne par les dames.” D'autres disent "les lys ne filent pas quenouilles". Bref, il faut que ce soit un homme avec une paire de c...
On prend donc un cousin français du dernier capétien en ligne directe. Il s'appelle Philippe de Valois. Chez les Anglais, grande colère de Edouard III qui est le petit fils du roi, donc plus proche au niveau généalogique, mais par les femmes. Il décide qu'il est aussi roi de France. Résultat : la guerre de Cent Ans. Ambiance…
LES VALOIS (1328–1589)
Philippe VI (1293–1350), le déclencheur malgré lui
Philippe de Valois monte sur le trône parce que la France refuse qu’un roi étranger, et surtout anglais, puisse régner par filiation maternelle. On brandit donc la fameuse loi salique, et voilà les Anglais vexés comme rarement. C’est ainsi que la guerre de Cent Ans commence, pas pour une question de frontières, mais pour une question d’orgueil dynastique et d’identité nationale. Philippe VI n’a pas une grande chance dans son règne : il hérite d’un conflit qu’il n’a pas voulu, et il va en payer le prix.
Charles V (1338–1380), la tête froide
Quand Charles V arrive, il comprend vite que se battre frontalement contre les Anglais est une bêtise. Il change de stratégie : il asphyxie l’ennemi, il le prive de ressources, il achète des fidélités. C’est un roi qui gagne davantage par l’intelligence que par la violence, et son allié le plus précieux s’appelle Bertrand Du Guesclin. Ensemble, ils reprennent au fil des ans des territoires perdus, et surtout, ils redonnent confiance à une France qui vacillait.
Charles VI (1368–1422), le roi de verre
Le règne commence bien — il s’appelle même “Charles le Bien-Aimé”. Mais ensuite sa raison se déchire. Il hurle qu’il est fait de verre et qu’on ne doit pas le toucher, il ne reconnaît plus ses proches, il se perd dans son propre palais. Un roi fou sur un trône fragile : c’est la recette parfaite pour la guerre civile. Armagnacs contre Bourguignons, frères contre frères — et pendant ce temps, l’Angleterre en profite pour remettre un pied dans le royaume.
Jeanne d’Arc (1412–1431), la flamme dans la nuit
Alors que tout semble perdu, que le royaume est au bord de la dissolution, surgit une jeune fille de Lorraine, Jeanne, 17 ans, conviction brûlante. Elle relève le futur Charles VII, lui fait lever la tête, fait lever le siège d’Orléans, redonne l’espoir à un peuple qui n’y croyait plus. Elle meurt brûlée vive, mais sa mort devient un mythe fondateur — celui d’une France qui, parfois, se sauve grâce à son peuple.
Louis XI (1423–1483), l’araignée aux doigts fins
Petit roi sec, nerveux, pas très spectaculaire, rarement aimable — mais diablement efficace. Louis XI centralise, contrôle, manœuvre, file des pièges aux nobles encore trop indépendants. On l’imagine toujours en train de plisser les yeux en silence en observant ses ennemis. Ce roi-là n’est pas flamboyant, mais il consolide le royaume d’une manière qui marque profondément l’État.
François Ier (1494–1547), la Renaissance faite homme
Avec François Ier, on change de lumière. Il respire le souffle de la Renaissance italienne : arts, lettres, architecture, élégance. Il fait venir Léonard de Vinci en France, développe la langue française, construit Chambord et Fontainebleau. Il donne à la France une identité culturelle brillante, une personnalité esthétique qui s’exprime encore aujourd’hui.
Henri II (1519–1559), les belles années avant la tempête
Henri II est un roi solide, énergique, très chevaleresque, mais aussi entêté. Sous son règne, la fracture religieuse commence à se creuser sérieusement. Les protestants — qu’on appelle aussi huguenots — ne sont plus quelques bourgeois isolés : ce sont des communautés entières, des nobles influents, et parfois des villes entières qui basculent. Henri II refuse d’y croire. Pour lui, le royaume est catholique et doit le rester. Il réprime les protestants avec la fermeté d’un homme convaincu d’être dans le juste — ce qui, évidemment, ne fait qu’alimenter l’hostilité et l’opposition. C’est le début des violences religieuses, des provocations, des pamphlets, des attaques de processions, des bûchers symboliques et réels — une tension énorme qui gronde comme un orage qu’on voit venir. Et ironie tragique : au moment où le royaume aurait besoin d’un arbitre solide, Henri II meurt lors d’un tournoi, transpercé par une lance brisée dans l’œil, laissant le royaume aux mains de fils trop jeunes… au pire moment possible.
Les fils de Catherine de Médicis : trois rois et la tragédie
François II, Charles IX, Henri III — trois fils successifs, trois rois fragiles, trois règnes instables. Et pas un seul héritier mâle pour continuer la dynastie. Pendant leurs règnes, les guerres de religion s’enflamment. Catholiques contre protestants. Et le 24 août 1572, la nuit tombe sur Paris et… la Saint-Barthélemy transforme la capitale en boucherie religieuse. Le sang coule dans les caniveaux, la haine marque durablement le cœur français.
Henri III (1551–1589), la fin des Valois
Henri III, dernier Valois, gouverne dans une tension permanente. Un moine fanatique finit par l’assassiner en lui enfonçant un couteau dans le ventre. Avant de mourir, Henri III fait quelque chose de crucial : il désigne son successeur. Et ce successeur n’est pas un Valois, ce n’est pas un Capétien direct… c’est un cousin protestant : Henri de Navarre.
Pourquoi on change de dynastie ?
Parce qu’il n’y a plus d’héritier mâle direct chez les Valois. Et parce que la couronne ne passe pas par les femmes, on choisit la branche cousine. Problème : Henri de Navarre est protestant. Une partie de la France hurle “Jamais !” Mais lui va répondre par la réconciliation, la patience… et un célèbre “Paris vaut bien une messe.”
Les Bourbons arrivent.
LES BOURBONS (1589–1848)
Henri IV (1553–1610), le roi qui réconcilie
Henri de Navarre arrive dans un royaume ravagé par les guerres de religion. La France est fracturée entre catholiques et protestants, et Henri, lui, est protestant… sur le papier. Mais il a quelque chose que très peu de rois ont eu : le sens de l’apaisement et le goût du peuple. Il comprend que pour régner sur la France, il doit abaisser les haines et non les attiser. C’est pourquoi il se convertit au catholicisme — non pas par conviction profonde peut-être, mais par sagesse politique et par amour du pays. Et il lâche cette phrase devenue proverbiale : “Paris vaut bien une messe.”
Henri IV se concentre ensuite sur ce qui a manqué à son royaume pendant 40 ans : le pain, l’agriculture, la prospérité. Il veut que chaque Français puisse “mettre la poule au pot le dimanche”. Ce n’est pas du populisme — c’est un programme national. Il rétablit la paix avec l’édit de Nantes, qui accorde aux protestants des droits civils et religieux. C’est un roi qui adore les femmes aussi, il faut le dire, un séducteur invétéré, un homme à l’humour tendre — mais côté élégance… beaucoup de contemporains notaient qu’il sentait un peu la chèvre, et pas seulement après la chasse. Il finit assassiné en 1610 par Ravaillac. Une mort absurde, brutale, une plaie nationale. La France perd peut-être son roi le plus humain.
Louis XIII (1601–1643), le silencieux et le cardinal
Louis XIII est timide, mal assuré, introverti. Ce n’est pas un homme qui parle fort, mais il a l’intelligence de s’entourer. Il trouve un alter ego : Richelieu. Le duo fonctionne comme une machine à recentraliser l’État : on brise le pouvoir des grands nobles, on casse les duels, on impose la loi royale. Le royaume sort peu à peu de l’aristocratie turbulente et entre dans l’ère de l’État moderne. Louis XIII n’est pas un roi flamboyant — il est efficace, cohérent, déterminé, discret. On lui doit déjà une France mieux tenue, mieux administrée, débarrassée des turbulences féodales. Et surtout : la France apprend à obéir à l’État plutôt qu’aux barons.
Louis XIV (1638–1715), le soleil qui brûle tout
Ah… Louis XIV. Le plus célèbre. Le garçon qui a failli être écrasé par la noblesse pendant son enfance (la Fronde) et qui réplique ensuite par un chef-d’œuvre politique : il enferme les nobles dans un palais. Versailles n’est pas une fantaisie architecturale — c’est une cage dorée. Les nobles s’y battent pour la proximité du roi, pour un regard, pour un tabouret, pour un sourire. Et pendant ce temps, le vrai pouvoir reste dans les mains du souverain. Louis XIV règne si longtemps — 72 ans ! — que les Français finissent par penser que la monarchie absolue est naturelle. Il rayonne par la guerre, la diplomatie, l’art, la danse, la mise en scène, mais aussi par l’orgueil. Il y a chez lui du génie et du béton : splendide et parfois étouffant. Le royaume, avec lui, devient spectacle permanent — mais un spectacle gouverné d’une main ferme.
Louis XV (1710–1774), l’équivoque, le charme et les doutes
Louis XV arrive sur le trône à 5 ans. C’est un enfant-roi, un petit garçon qu’on regarde avec attendrissement. On dit : “Il va être le Bien-Aimé.” Et au début, il l’est. Mais Louis XV est un homme qui se méfie de son pouvoir, qui ne s’aime pas comme roi. Il est timide, indécis, il doute de lui. En revanche, il aime l’amour — et les femmes l’aiment. Ses maîtresses jouent un rôle politique immense, notamment la marquise de Pompadour. On l’accuse de laisser trop d’influence à ses favorites, mais c’est oublier que Louis XV est un roi sensible, instinctif, parfois fragile. Il règne longtemps, il garde la paix, mais il n’aime pas exercer l’autorité. Sous lui, la monarchie perd en majesté ce qu’elle gagne en intimité — et la révolution se prépare déjà.
Louis XVI (1754–1793), l’homme de bonne volonté dans une tempête
Louis XVI est un homme sincère, honnête, presque timide, un amateur de serrurerie, un bon mari (ce qui est rare dans sa caste). Mais il arrive trop tard. Il hérite d’un royaume épuisé financièrement, énervé politiquement, en fermentation philosophique. Il veut bien faire — mais il n’a pas le sens politique de son rôle. Marie-Antoinette, elle, est jeune, mal comprise, maladroite, moquée. Le couple royal est tragique : sympathique au fond, mais écrasé par l’Histoire. La Révolution éclate. La monarchie s’effondre. Louis XVI est guillotiné en 1793. Sa mort est une césure profonde dans l’histoire française — le roi meurt, le citoyen naît.
Louis XVIII (1755–1824), le retour prudent
On a coupé la tête du roi… et pourtant, le roi revient. Louis XVIII remonte sur le trône après Napoléon. Mais ce n’est pas un monarque arrogant. Il arrive en équilibriste. Il comprend que la France n’est plus celle de 1789. Il accepte une charte constitutionnelle. Il gouverne avec des chambres, des députés, une presse parfois hostile. Louis XVIII est un roi raisonnable, calme, qui cherche la stabilité plutôt que la revanche.
Charles X (1757–1836), le réactionnaire
Charles X, lui, veut tourner la France vers le passé. Il est trop monarchiste pour son époque, trop absolutiste, trop attaché aux privilèges. La France grogne, puis gronde, puis renverse son règne lors des Trois Glorieuses de 1830. Charles X tombe comme un fruit trop mûr.
Louis XIX (1775–1844), le roi de vingt minutes
Oui, il existe. Louis-Antoine de France. Roi de France pendant… le temps que Charles X abdique et que lui-même abdique à son tour. Environ vingt minutes. Le plus court règne de notre histoire. On n’a même pas eu le temps d’être pour ou contre.
Louis-Philippe (1773–1850), le roi-citoyen
Louis-Philippe, c’est une autre sorte de roi : bourgeois, ami des parapluies et des trottoirs, portrait officiel en habit simple. Il incarne une monarchie presque républicaine, où le roi ressemble davantage à un président qu’à un souverain absolu. Mais le peuple finit par en vouloir plus encore, la bourgeoisie prend le pouvoir, la monarchie s’éteint… et la France glisse vers la République.
CONCLUSION
Et voilà. Vous avez traversé quinze siècles d’histoire avec des rois qui ont pleuré, aimé, tué, prié, juré, conquis, régné, échoué, et laissé derrière eux une France qui se souvient. Evidemment c'est très simplifié et je vous invite à lire des lire pour en savoir plus et surtout mieux. Ce qu est sûr c'est que la monarchie française n’est pas une suite de portraits poussiéreux : c’est une galerie de personnages flamboyants, fascinants, tragiques, drôles parfois, terribles aussi — mais toujours profondément humains et qui ont fait la France.
FAQ — Les questions qu’on se pose vraiment sur les rois de France
Quel règne a été le plus long ?
Louis XIV, évidemment ! 72 ans de règne. Si on compte depuis sa naissance, il est roi dès l’âge de 5 ans — et honnêtement, à la fin, il avait vu mourir son fils, son petit-fils, et je ne sais combien de courtisans. Il a enterré tout le monde, sauf la poussière de Versailles.
Quel règne a été le plus court ?
Louis XIX : environ vingt minutes. Le temps que son père abdique, puis qu’il abdique à son tour. Sincèrement, un aller-retour aux toilettes et vous avez raté son règne.
Quel roi a été le plus amoureux ?
Là, ça se discute. Mais si on parle d’intensité sentimentale… Henri IV, sans hésiter. Des maîtresses à n’en plus finir, des enfants naturels, des billets doux, des nuits animées… il aimait la vie, la chair, et la compagnie féminine.
Quel roi sentait mauvais ?
Henri IV — de l’aveu même de ses proches. On disait qu’il sentait le fort… pas la violette. Mais ça ne l’empêchait pas d’être aimé. Comme quoi, le charme fait parfois oublier le parfum.
Qui a lancé la phrase “Paris vaut bien une messe” ?
Henri IV, encore. Le protestant devenu catholique pour monter sur le trône. Une phrase de pragmatique — un peu cynique — mais diablement efficace.
Quel roi était vraiment fou ?
Charles VI. Il pensait être fait de verre et refusait qu’on le touche par peur de se briser. Il fuyait ses proches, oubliait leur identité… une tragédie humaine sur un trône fragile.
Quel roi a été le plus cruel ?
Philippe le Bel a laissé une réputation glaciale. Saccageur des Templiers, il a gouverné avec un visage en pierre. Mais pour la cruauté pure… certaines reines mérovingiennes comme Frédégonde pourraient concourir.
Quel roi a créé Versailles ?
Louis XIV. Et attention : pas seulement un château — un théâtre du pouvoir. Versailles, c’est le piège à nobles le plus élégant de l’histoire.
Le roi le plus intelligent ?
Probablement Charles V, dit “le Sage.” Pas le plus guerrier, mais le plus fin stratège. Le cerveau contre l’épée.
Le roi le plus malchanceux ?
Pauvre Louis XVI. Un homme de bonne volonté arrivé au pire moment. Quand on vous place dans une barque en pleine tempête… ce n’est pas vos talents de serrurier qui vous sauvent.
Le roi qui a le plus changé la culture française ?
François Ier. Il installe le français comme langue administrative, fait venir Léonard de Vinci, construit Chambord, ouvre la Renaissance en France. C’est notre mécène national.
La liste chronologique des rois de France.
Mérovingiens
- Mérovée (vers 448–458)
- Childéric Ier (458–481)
- Clovis Ier (481–511)
- Clotaire Ier (558–561)
- Sigebert Ier (561–575)
- Chilpéric Ier (561–584)
- Dagobert Ier (629–639)
- Childéric III (743–751)
Carolingiens
- Pépin le Bref (751–768) – le Bref
- Charlemagne (768–814) – le Grand
- Louis le Pieux (814–840) – le Pieux
- Charles le Chauve (843–877) – le Chauve
- Charles le Gros (881–888) – le Gros
- Charles le Simple (898–923) – le Simple
- Louis V (986–987) – le Fainéant
Capétiens directs
- Hugues Capet (987–996) – Capet
- Robert II (996–1031) – le Pieux
- Henri Ier (1031–1060)
- Philippe Ier (1060–1108)
- Louis VI (1108–1137) – le Gros
- Louis VII (1137–1180) – le Jeune
- Philippe II (1180–1223) – Auguste
- Louis VIII (1223–1226) – le Lion
- Saint Louis / Louis IX (1226–1270)
- Philippe III (1270–1285) – le Hardi
- Philippe IV (1285–1314) – le Bel
- Louis X (1314–1316) – le Hutin
- Jean Ier (1316)
- Philippe V (1316–1322) – le Long
- Charles IV (1322–1328) – le Bel
Valois
- Philippe VI (1328–1350) – le Fortuné
- Jean II (1350–1364) – le Bon
- Charles V (1364–1380) – le Sage
- Charles VI (1380–1422) – le Fou
- Charles VII (1422–1461) – le Victorieux
- Louis XI (1461–1483) – l’Universelle Aragne
- Charles VIII (1483–1498)
- Louis XII (1498–1515) – le Père du peuple
- François Ier (1515–1547)
- Henri II (1547–1559)
- François II (1559–1560)
- Charles IX (1560–1574)
- Henri III (1574–1589)
Bourbons
- Henri IV (1589–1610) – le Grand
- Louis XIII (1610–1643) - le Juste
- Louis XIV (1643–1715) – le Roi-Soleil
- Louis XV (1715–1774) – le Bien-Aimé
- Louis XVI (1774–1792)
- Louis XVIII (1814–1824)
- Charles X (1824–1830)
Orléans
- Louis-Philippe Ier (1830–1848) – le Roi-Citoyen