1. Versailles a toujours été un lieu ouvert au public
Les jardins fleuris de Versailles / Photo choisie par Monsieur de France : shutterstock
Étonnamment, le château de Versailles a toujours été ouvert au public, et pas seulement à la Cour. Le parc a longtemps été accessible au public avant que Louis XIV ne décide de le fermer en raison d’abus. Des vols, ou même des couples surpris dans les bosquets. Au 18e siècle, il fallait une tenue de circonstance et surtout une épée. On pouvait d’ailleurs en louer à l’entrée du château. Sous Louis XV on exige de porter la perruque. Ceci dit, rien n’est écrit. C’est la tradition qui commande.
Sous Louis XV il faut être bien habillé et porter "bourse" et pérruque. L'attentat de DAMIEN contre la vie du roi entraine des mesures plus restrictives ensuite / image choisie par Monsieur de France : Maurice-Quentin de La Tour, Public domain, via Wikimedia Commons
2. Un petit château devenu un palais mondialement connu
Versailles tel qu'il était en 1640, soit tel que Louis XIII l'a connu / Image choisie par Monsieur de France : Par Jacques Gomboust — Cette image provient de la bibliothèque en ligne Gallica sous l'identifiant ARK btv1b53010706v/f4.item, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28902867
Si Louis XIV s’intéresse à Versailles c’est parce que c’est l’une des rares constructions qu’on doit à son père, Louis XIII, qu’il a peu connu. Louis XIII avait la passion de la chasse, comme tous les Bourbon, et il s’est fait construire un petit château dans le style typique de son époque : briques rouges et pierres blanches, entre les villages de Versailles et de Trianon (Trianon avait encore son église et quelques maisons), près d’une forêt giboyeuse. Il aimait s’y retirer avec quelques proches (le château était même interdit aux femmes, et à la sienne tout particulièrement).
La construction du château de Versailles Par Adam François van der Meulen — 1. Adam Frans van der Meulen - Construction of the Château de Versailles2. Web Gallery of Art: Image Info about artwork, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15463386
C’était toutefois un lieu politique, puisque le roi y était, et c’est là qu’a eu lieu la journée des dupes, ce jour où des opposants au Cardinal de Richelieu ont cru parvenir à le faire renvoyer, sans succès, le cardinal se présentant à eux aux côtés du roi à Versailles. C’est autour de ce « petit château de cartes » comme disait Saint Simon, que Louis XIV a fait bâtir le plus grand palais du monde.
Louis XIV a ordonné de conserver le château de son père et de bâtir autour. Ainsi la façade de la cour de marbre est celle du premier château construit pour Louis XIII / Photo choisie par monsieur de France : shutterstock.
Il devait d’ailleurs être totalement effacé à la fin du 18e siècle et masqué par une nouvelle façade à colonnes, mais le manque d’argent et la Révolution Française ont empêché les travaux qui n’ont commencé que sur l’aile des ministres, qui affiche une façade avec fronton et colonnes vers la place d’armes. D'autres projets ont été présentés à Napoléon 1er mais aucun n'a été mis en route.
Un des projets de reconstruction des facades de Versailles présenté à Napoléon 1er par Dufour et Fontaine en 1811 / Image choisie par monsieur de France : Par Alexandre Dufour — Musée national du château de Versailles, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23612530
3. Louis XIV a écrit le premier guide touristique de Versailles
Très fier de son palais et surtout de ses jardins, c’est Louis XIV lui-même qui a rédigé « manière de montrer les jardins de Versailles », le tout premier guide touristique du château de Versailles. 7 versions différentes ont été écrites par le roi entre 1689 et 1795. Il est dans l’efficacité d’ailleurs puisqu’il indique les chemins (prenez à droite, à gauche etc…) mais il ne s’épanche pas. Efficace quoi. C’est ce guide qui sert en 1686 aux ambassadeurs du roi de Siam pour découvrir le parc, les bosquets et les jardins. Les fleurs étaient partout présentes dans les jardins de Versailles, notamment au domaine de Trianon où elles étaient si nombreuses que leur odeur entêtante pouvait gêner les visiteurs.
Le plan du parc de Versailles sous Louis XV / image choisie par monsieurdefrance.com : Par Jean Delagrive — Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE DD-2987 (834 B), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1337256
4. Le manque d’eau à Versailles : un vrai casse-tête
L'eau a toujours manqué à Versailles, et c'est un vrai privilège pour notre époque que de voir les fontaines fonctionner à grandes eaux / Photo choisie par monsieurdefrance.com : depositphotos
Le parc a toujours manqué de l’eau nécessaire pour faire fonctionner les fontaines en continu. Du coup, elles étaient mises en fonction uniquement lors du passage du roi. Quand le roi approchait, les fontainiers étaient prévenus par un sifflet et ouvraient les vannes. Ils les refermaient après le passage du monarque. Pour améliorer les choses, plusieurs solutions ont été explorées. Par exemple la machine de Marly, située à Bougival et construite entre 1681 et 1688 pour puiser l’eau de la Seine. Il a aussi été imaginé de détourner le cours de l’Eure et les travaux ont commencé en 1685. 30 000 hommes ont travaillé à ce projet (6000 en sont morts), principalement des soldats, qu’on utilisait pour de grands travaux quand il n’y avait pas conflit. Les guerres de la fin du règne ont fini par stopper les travaux. Il n’en reste qu’un aqueduc, qui passe dans le parc du château de la marquise de Maintenon, épouse morganatique du roi, à quelques kilomètres de Chartres.
Le bassin d'appolon à Versailles / Photo choisie par monsieurdefrance.com : shutterstock
5. La ménagerie royale : un véritable zoo à Versailles
Versailles était très célèbre pour sa ménagerie. Située dans le parc du château, elle était ouverte au public et permettait de voir des animaux sauvages. Érigée dès le début de la passion du roi pour Versailles, en 1663, elle était constituée de 3 pavillons, dont un pavillon central coiffé d’un dôme et de 7 cours fermées de grilles. Un balcon permettait au roi, mais aussi à des scientifiques, d’observer les animaux. On y croisait des autruches, flamants, gazelles, mais aussi des poules sultanes et même des cadeaux faits au roi tel qu’un éléphant offert par le roi du Portugal ou une tigresse offerte par le sultan du Maroc. La ménagerie a été fermée à la Révolution et les animaux transférés au Jardin des plantes à Paris.
La ménagerie de Versailles / Image choisie par monsieurdefrance.com : D'Aveline (French artist, late 17th and early 18th century) — Coloured copperplate print (Detail), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=714947
6. Animaux de compagnie et passions royales
Brillant, le chat de Louis XV était un chat angora blanc qui devait ressembler à celui ci / Photo choisie par monsieur de France : depositphotos
On ne le sait pas toujours mais les animaux domestiques avaient leur place à Versailles. Louis XIV chassait beaucoup et avait donc une meute. Il adorait ses chiens, principalement des braques, et les a même fait représenter dans des tableaux que nous avons toujours. Louis XV a fait la même chose. Il aimait aussi les chats. Deux sont restés célèbres : le général, que le roi avait nommé ainsi parce qu’il avait le port altier et Brillant, un chat angora blanc qui se promenait régulièrement sur la table lors des réunions du conseil du roi, et que seul Louis XV pouvait caresser. Il a piqué une énorme colère quand il a surpris des domestiques lui faire des misères. Louis XVI était assez épidermique aux animaux, et il a même tiré sur le chat de la comtesse de Maurepas. De son côté, Marie Antoinette avait ses animaux de la ferme avec ses poules, dont on servait les œufs à sa table, et des vaches qu’il lui arrivait de traire elle-même.
Le hameau de la reine à Trianon où se trouvait sa ferme, ses vaches et ses poules / Photo choisie par Monsieur de France Shutterstock
7. Versailles : un dédale de passages secrets
La chambre de Marie Antoinette. A gauche du lit se trouve une porte dans la tapisserie qui donne sur un couloir qui mène dans différentes petites pièces et jusqu'à la chambre de parade de Louis XIV / Photo choisie par monsieur de France : shutterstock
Ce qu’on ne voit pas quand on visite le château c’est qu’il est truffé de couloirs et de passages plus ou moins secrets ainsi que de petites pièces. Longeant les grands salons, rythmés par des escaliers, ces passages permettaient aux domestiques, mais aussi au roi, d’aller discrètement d’une pièce à l’autre sans être toujours obligé de traverser la foule de courtisans. Un chemin permettait notamment de relier la chambre de la Reine et la chambre du roi. Lors des journées d’octobre, Louis XVI a emprunté un passage et Marie Antoinette un autre pour fuir les émeutiers et ils ne se sont pas croisés. Marie Antoinette a fini par rejoindre le salon de l’œil de bœuf, devant la chambre de Louis XIV tandis que Louis XVI était à sa recherche. Il existe aussi des cours intérieures qu’on ne voit pas mais qui sont entourées de petites pièces, notamment d’un délicieux boudoir réalisé pour Marie Antoinette : le cabinet de la méridienne. Il est décoré sur le thème du paon de Junon, emblème du mariage et du dauphin puisqu’il a été réalisé en 1781 un peu avant la naissance de son enfant héritier du trône et donc Dauphin de France. Au 2e étage, les appartements de Madame du Barry, récemment restaurés, peuvent être visités, de même que les petits appartements de Louis XV, notamment son bureau.
Le sublime bureau de Louis XV, truffé de tiroirs secrets, qui se trouve dans les petits appartements du roi à Versailles / Photo choisie par Monsieur de France : Par TCY — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14185999
8. À Versailles, le roi mangeait froid
Louis XIV dînait en public lors du « Grand Couvert » et il était seul assis. Louis XV et Louis XVI ont continué cette règle de la Cour mais en le faisant moins souvent. Le roi pouvait dîner dans n’importe quelle pièce, puisqu’on dressait la table pour lui à l’endroit où il le souhaitait, sa chambre le plus souvent. De nombreux emplois, achetés très chers, étaient attachés à « la bouche » et avant que le roi ne soit servi, de nombreuses personnes devaient remplir leur office. Ainsi, rien que pour boire un verre, le roi devait attendre plus d’un quart d’heure entre le moment où il demandait à boire et le moment où il était servi. Les plats arrivaient froids la plupart du temps, puisque les cuisines étaient situées dans le Grand Commun à plusieurs centaines de mètres. Louis XV détestait cela, et il a fini par se faire installer une salle à manger dans ses petits appartements.
9. Le chocolat, star de la table royale
Le chocolat a été apprécié tout au long de l’histoire de Versailles. C’est Marie Thérèse d’Autriche, l’épouse de Louis XIV, qui l’a mis au goût du jour. Au 18e siècle, il est de bon ton de boire du chocolat et même de le faire mousser soi-même dans une chocolatière. La boisson n’a rien à voir avec le chocolat que nous buvons aujourd’hui. Elle est parfumée d’épices, très dense, et il faut agiter un bâton de bois pour la rendre un peu plus liquide. Louis XV appréciait particulièrement de préparer son café lui-même.
A Versailles, le chocolat est une vraie passion / Photo choisie par monsieurdefrance.com : despositphotos
10. Le premier vol de l’histoire de l'humanité a eu lieu à Versailles
Dessin de la première montgolfière a avoir volé en transportant des êtres humains / Image choisie par monsieurdefrance.com : Par Auteur inconnu — Cette image est disponible sur la Prints and Photographs division de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis sous le numéro d’identification ppmsca.02447 Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4409624
Versailles a toujours été un lieu plutôt favorable aux sciences. Il faut dire que Louis XV et Louis XVI étaient passionnés par les sciences de leur époque. C’est à Versailles, depuis la cour d’honneur, que le premier vol habité est parti le 19 septembre 1783. À bord de la montgolfière : un mouton, un canard et un coq. Ils ont atteint 550 mètres d’altitude. Seul le mouton s’est cassé une patte. Le premier vol d’être humain a eu lieu le 21 novembre 1783, avec Jean-François Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes.
