De Gaulle : un général isolé mais déterminé
En ce mois de juin 1940, la France est à genoux. L’armée recule, la population fuit, les nazis ont envahi Paris. Au milieu de ce chaos, Charles de Gaulle, tout juste promu général de brigade à titre provisoire, est appelé par Paul Reynaud pour occuper un poste ministériel dans un gouvernement déjà vacillant. La stratégie mécanisée qu’il défendait depuis des années a été ignorée – et c’est précisément celle que les Allemands ont employée avec efficacité.
Le 14 juin, 4 jours avant l'appel du Général de Gaulle à la radio, les troupes nazies paradent sur les Champs-Elysées / Photo choisie par Monsieur de France : Par Bundesarchiv, Bild 146-1994-036-09A / CC-BY-SA, CC BY-SA 3.0 de, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5483600
Alors que le 14 juin, les troupes allemandes paradent sur les Champs-Élysées, de Gaulle quitte la France pour Londres. Il espère convaincre le gouvernement britannique de continuer la lutte.
Pétain annonce la défaite, de Gaulle entre en résistance
Le 17 juin 1940, à la radio, Philippe Pétain, glorifié pour sa défense de Verdun en 1916, annonce que la France a demandé un armistice :
« Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire […] pour mettre un terme aux hostilités. »
Le texte de l'appel du 18 juin / Photo choisie par Monsieur de France : Cette image provient de la bibliothèque en ligne Gallica sous l'identifiant ARK btv1b10209524t, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3109836
Face à ce discours de reddition, de Gaulle se rend à la BBC le lendemain. Ce 18 juin 1940, il prononce un message que très peu entendront sur le moment, mais qui deviendra le socle moral de la Résistance :
« Rien n’est perdu pour la France. Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. »
Un homme inconnu qui parie sur l’avenir
À ce moment précis, Charles de Gaulle est un inconnu pour la majorité des Français. Il n’a ni armée, ni pouvoir officiel, ni reconnaissance internationale. Roosevelt le méprise, Churchill le supporte difficilement. Pourtant, il ose dire :
« Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y ait dans l'univers tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. »
Le général de Gaulle au micro de la BBC / Photo choisie par Monsieur de France / Par Auteur inconnu (BBC) — [1], Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=88783608
Il fonde ce qu’on appellera bientôt la France libre et tente de rassembler autour de lui ceux qui refusent l’Occupation. Il s’adresse à la Nation depuis Londres, avec l’intuition que cette guerre est mondiale, et que la victoire, aussi lointaine semble-t-elle, reste possible.
De Londres à la Libération : un long combat
Ce 18 juin marque donc le point de départ d’un chemin semé d’embûches. De Gaulle se frotte à l’hostilité de l’administration britannique, doit convaincre des soldats dispersés, construire une légitimité politique depuis l’exil. Mais il tient bon. À chaque discours, il rappelle que la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre.
Quatre ans plus tard, il débarque en Normandie aux côtés des Alliés. Il incarne alors la France résistante, celle qui n’a pas cédé, celle qui a combattu l’occupant depuis le premier jour. Son appel, prononcé alors qu’il était seul, devient le moment fondateur de la légitimité gaullienne.
Le général de Gaulle descend les Champs-Elysées lors de la Libération de Paris / Photo choisie par monsieur de France : Par Auteur inconnu — http://media.iwm.org.uk/iwm/mediaLib//7/media-7068/large.jpgThis photograph HU 66477 comes from the collections of the Imperial War Museums., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=25092775
Une flamme devenue symbole national
Aujourd’hui, l’appel du 18 juin est reconnu comme l’un des textes les plus importants de l’histoire moderne française. Il est lu et étudié dans les écoles. L’image de de Gaulle à la radio de la BBC est gravée dans la mémoire collective. C’est le mythe fondateur de la France libre et l’acte de naissance de la Résistance.
Ce que Pétain voulait éteindre, de Gaulle l’a ravivé. Et ce qu’il dit à la fin de son message résonne encore :
« Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre, et ne s’éteindra pas. »