C’est quoi le Kouign-Amann ?
Le Kouign-Amann, prononcé Kwin-Aman, signifie littéralement “gâteau au beurre” en breton (kouign = gâteau, amann = beurre). Et c’est bien ce qu’il est : un gâteau feuilleté caramélisé, né d’un heureux hasard.
Il se compose de pâte à pain, de beurre demi-sel et de sucre, que l’on plie comme une pâte feuilletée, avant de la cuire doucement pour obtenir une croûte dorée, croustillante et fondante à la fois.
En bouche, c’est une explosion de textures : d’abord le croustillant du caramel, puis la tendresse du beurre, enfin la douceur du sucre fondu. C’est un dessert puissant, généreux, intensément breton. Si sa richesse fait sourire (“plus il y a de beurre, meilleur il est”), elle raconte aussi un terroir : celui des paysans et pêcheurs de Cornouaille, pour qui le beurre demi-sel est une signature. En Bretagne, le beurre est une religion, et le Kouign-Amann en est la plus belle prière.
Une invention née à Douarnenez
Le port de Douarnenez par Christel SAGNIEZ de Pixabay
On raconte que le Kouign-Amann est né à Douarnenez vers 1860, dans la boulangerie d’un certain Yves-René Scordia.
Un jour de pénurie de farine, il aurait tenté une pâte à pain enrichie de beurre et de sucre : une erreur devenue génie. Le gâteau gonfle, dore, caramélise. Le succès est immédiat. Les marins de Douarnenez, qui naviguent vers l’Atlantique, emportent la recette, et la renommée du Kouign-Amann voyage avec eux.
À Douarnenez, chaque boulanger a sa version. Certains l’aiment bien doré, d’autres presque brûlé pour renforcer l’amertume du sucre caramélisé. Mais tous s’accordent sur une chose : le Kouign-Amann ne se fait qu’avec du beurre demi-sel, celui des laiteries bretonnes, riche et parfumé. Aujourd’hui encore, les habitants de Douarnenez le défendent bec et ongles : c’est leur gâteau, leur fierté, leur emblème. “On ne plaisante pas avec le beurre”, dit-on ici. Et c’est sans doute ce qui fait sa perfection.
Pourquoi le monde entier en raffole
Qui aurait cru qu’un gâteau né dans une petite ville du Finistère deviendrait un dessert iconique mondial ? Tout commence à New York, au début des années 2010. Le chef Dominique Ansel, déjà célèbre pour son “Cronut”, propose le Kouign-Amann dans sa boutique de Soho. Succès immédiat : les Américains découvrent cette “caramelized French pastry” et en tombent amoureux. À Seattle, Thierry Rautureau en fait sa signature ; à Paris, Yann Couvreur le revisite avec élégance.
Du beurre, du sucre, de la farine.. Juste trois ingrédients, et pourtant ça n'est pas simple à faire du Kouign Amann. Photo choisie par monsieurdefrance.com : Depositphotos.
Au Japon, on le trouve dans les pâtisseries de Tokyo ; au Danemark, dans les coffee shops nordiques ; au Canada, dans les boulangeries francophones. Instagram s’en empare, les vidéos de découpe croustillante se multiplient, et le nom breton – imprononçable mais charmant – devient un gage d’authenticité. Le Kouign-Amann est devenu un symbole du “vrai” goût français : riche, sincère, artisanal. Il incarne une idée de la France qui ne triche pas : celle du beurre, du sucre, et du plaisir.
Où goûter le meilleur Kouign-Amann en Bretagne
Impossible de venir en Bretagne sans goûter un Kouign-Amann. Le meilleur endroit ? Douarnenez, bien sûr.
Les boulangeries de la ville affichent fièrement “Kouign-Amann de Douarnenez” en vitrine. Le plus traditionnel se déguste tiède, à la main, au bord du port.
À Quimper, on en trouve des versions plus feuilletées, presque aériennes.
À Saint-Malo, il est plus sucré, plus doré.
Et à Dinan, certaines pâtisseries ajoutent une touche de vanille.
Partout, c’est un petit morceau de Bretagne à croquer.
Pour une expérience complète, accompagnez-le d’un cidre brut breton ou d’un café bien noir. Et souvenez-vous : c’est un dessert qui se partage.
Et si vous faisiez un kouign-amann à la maison ?
Voici la recette authentique du Kouign-Amann de Douarnenez, transmise par les boulangers bretons.
Ingrédients pour 6 à 8 parts :
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250 g de farine
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10 g de levure boulangère
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150 g d’eau tiède
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200 g de beurre demi-sel froid
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200 g de sucre
L'ingrédient principal : du beurre !
Préparation :
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Mélangez la farine, la levure et l’eau pour former une pâte. Laissez reposer 30 minutes.
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Étalez la pâte, déposez le beurre au centre, repliez en trois.
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Étalez à nouveau, saupoudrez de sucre, repliez encore.
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Répétez l’opération deux fois pour créer le feuilletage.
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Découpez, disposez dans un moule beurré, saupoudrez de sucre et laissez lever 30 minutes.
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Faites cuire à 200 °C (th. 6-7) pendant environ 40 minutes, jusqu’à ce que le dessus soit bien caramélisé.
Astuce : laissez tiédir dix minutes avant de démouler : le caramel se fixe et le beurre s’équilibre.
Résultat : un Kouign-Amann doré, croustillant et fondant. Un parfum de Bretagne dans votre cuisine.
FAQ – Tout savoir sur le Kouign-Amann
Comment prononcer Kouign-Amann ?
“Kwin-Amant”, cela veut dire “gâteau au beurre” en breton.
Pourquoi est-il si beurré ?
Parce que c’est son secret ! Le beurre fondu se mêle au sucre et crée la croûte caramélisée.
Peut-on en faire une version allégée ?
Non, et c’est très bien comme ça ! Le Kouign-Amann, c’est l’art du beurre assumé.
Quelle est la différence avec le far breton ?
Le far est un flan ; le Kouign-Amann, un pain feuilleté au beurre et au sucre.
Peut-on le conserver ?
Oui, 2 jours maximum à température ambiante, mais il est meilleur tiède, le jour même.



