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Lunéville : quoi voir ? découverte du "Versailles Lorrain".

La France regorge de châteaux, on le sait, et les villes et villages de France sont truffés de petites merveilles et d'une part de la Grande Histoire. Lunéville en est le meilleur exemple : un château énorme, demeure des ducs souverains de Lorraine, qui a vu passer les plus grands talents du Siècle des Lumières, mais aussi un orgue caché, une maison sculptée, et des noms qui ont marqué l'histoire de Lorraine et de France...

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Une ville riche en patrimoine

 

Le château de Lunéville 

Surnommé le Versailles Lorrain, il a été construit au début du XVIIIe siècle par la volonté de Léopold 1er de Lorraine et de Bar, d'après des plans signés par Germain Boffrand, architecte nantais, élève de Jules Hardouin-Mansart. Le château a été victime d'un terrible incendie qui a détruit une grande partie en 2003. Depuis il est en rénovation. Il a d'ailleurs été le plus grand chantier de reconstruction d'Europe. Les toits et les façades sont terminés. Il reste encore beaucoup à faire, mais il vaut vraiment le détour.

Le château de Lunéville vue des jardins / Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Shutterstock. com

Le château de Lunéville vue des jardins / Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Shutterstock. com

On peut y acceder soit depuis "la cour des communs" en passant les deux batiments qui forment les communs. Il y a parfois des expositions à l'intérieur du commun de gauche et à dans le commun de droite il y a le "conservatoire des broderies de Lunéville", un lieu qui enseigne et montre des tenues réalisées avec ce point de dentelle absolument unique au monde. Il s'agit d'éléments perlés qui sont brodés avec le tissus. Un technique qui est encore très demandée dans la Haute-Couture Française. En poursuivant on passe la statue du Général La Salle (1775-1809). Né à Metz, mort lors de la Bataille de Wagram, il était considéré comme l'essence même de l'officier de Cavalerie Français. C'est en 1893 que le régiment de cavalerie de Lunéville, stationné au château, a fait ériger cette statue. Enfin on arrive à la cour d'honneur. L'entrée dans le château se fait à droite. On peut visiter 3 salles : la salle de la Livrée (c'est l'accueil), la chapelle et la crypte. En passant le péristyle (le porche si vous préférez) on accède au parc du château, dit "parc des bosquets". Monsieur de France vous raconte l'histoire du château de Lunéville à la fin de cette page. Ne la râtez pas, elle est passionnante. 

Emplacement : Place de la 2e division de Cavalerie / 54 300 Lunéville. 

 

La maison du marchand 

Etonnante demeure en grès rose des Vosges. Elle est située entre le château et l'église Saint Jacques. Elle a été érigée au XVIIIe pour un marchand qui travaillait avec des produits du monde entier, ce que rappelle la façade qui affiche non seulement des tonneaux, mais aussi une tête d'indien coiffé de plumes ou un minaret. 

Emplacement : 3 rue du château à Lunéville. 

 

La façade en grès rose de la Maison du marchand à Lunéville / photo choisie par Monsieurdefrance.com : Jérôme Prod'homme

La façade en grès rose de la Maison du marchand à Lunéville / photo choisie par Monsieurdefrance.com : Jérôme Prod'homme

 

L'église Saint Jacques de Lunéville

Typiquement baroque l'église Saint Jacques, au sein de l'abbaye Saint Remi. Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Traveller70/Shutterstock. com

Typiquement baroque l'église Saint Jacques, au sein de l'abbaye Saint Remi. Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Traveller70/Shutterstock. com

C'est la grande église située à droite du château et qu'on voit de loin, notamment en arrivant depuis la route de Nancy, avec ses deux grands clochers en grès rose des Vosges. On la doit à la volonté du duc Léopold 1er, la première pierre ayant été posée en 1730 par son fils François III (devenu empereur sous le nom de François 1er). Elle a été imaginée par Jean Nicolas Jennesson (à qui on doit aussi la belle église Saint Sébastien de Nancy). Remaniée, à l'intérieur par Emmanuel Héré (architecte de la Place Stanislas de Nancy), elle affiche un étonnant orgue caché.

L'étonnant orgue caché de l'église Saint Jacques de Lunéville avec ses puttis musiciens. Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Jérôme Prod'homme

L'étonnant orgue caché de l'église Saint Jacques de Lunéville avec ses puttis musiciens. Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Jérôme Prod'homme

En fait, les colonnes qui entourent le buffet, sont faites avec les tuyaux de l'orgue peints en faux marbre. Des puttis musiciens, dont un amusant chef d'orchestre, semblent jouer de la musique. A l'entrée, sous une dalle noire, repose la marquise Emilie du Chatelet, première femme mathématicienne de l'histoire de France et amour de la vie de Voltaire. 

Emplacement : esplanade Saint Jacques à Lunéville.  

 

Le palais abbatial 

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Une des scènes à voir à l'hôtel abbatial de Lunéville / Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Jérôme Prod'homme. 

Situé à côté de l'Eglise (à droite) c'est un endroit très original puisqu'il est un espace muséal. Demeure de l'abbé de Saint Rémi, la grande abbaye Lunévilloise, dans laquelle se trouve aujourd'hui à la fois l'hôtel de ville et l'église Saint Jacques, il est devenu un endroit où on a recréé un logement aristocratique du milieu du Siècle des lumières. Ce qui est étonnant dans cet endroit c'est que tout est neuf côté décor, notamment les peintures, mais que les objets sont anciens. Une ingénieuse et délicate mise en scène donne l'impression qu'on est littéralement en 1750 et que la ou le propriétaire des lieux est parti quelques instants et va revenir. A voir notamment la table dressée à la Française dans le grand-salon et les expos temporaires toujours passionnantes. 

Emplacement : esplanade Saint Jacques à Lunéville.  

 

La synagogue

C'est l'une des plus anciennes de France. Elle a été construite en 1786 avec l'autorisation du roi Louis XVI. La facade de grès est très jolie. 

Emplacement : 5 rue Castara à Lunéville.  

 

Et des rues truffées d'hôtels particuliers 

La ville a été tracée par Germain Boffrand, l'architecte du château. Rue Banaudon (la rue très commerçante), rue de la République et dans tout le centre ville il y a de nombreux hôtels particuliers dont la Maison du traité où un traité de paix entre la France et l'Autriche fut signé en 1801. A voir aussi l'église Jeanne d'Arc, de style néogothique, le théâtre, la place Léopold, élégante... 

 

L'abbaye Saint Remi, dont les fondations ont plus de 1000 ans, et dans laquelle se trouve désormais la mairie de Lunéville. Photo choisie par monsieurdefrance.com : traveler70/ Schutterstock. com 

L'abbaye Saint Remi, dont les fondations ont plus de 1000 ans, et dans laquelle se trouve désormais la mairie de Lunéville. 

 

Autour de Lunéville 

 

Baccarat, les Vosges... 

Autour de Lunéville, on peut découvrir de nombreux endroits. Par exemple, à moins de 20 minutes on peut visiter la Maison de la Mirabelle à Rozelieures qui permet de découvrir la mirabelle, le fruit lorrain par excellence. On peut aussi se procurer pas mal de produits à base de mirabelles, de l'alcool par exemple, mais aussi du parfum et même du shampoing. On peut aussi découvrir le parc du Château de Gerbéviller, avec ses arbres pluri-centenaires, les week-ends au beaux jours. Baccarat, et ses célèbres manufactures de cristal sont à 20 minutes également. Le Lunévillois (les environs de Lunéville) se prête délicieusement à la randonnée cool ou au vélo. 

Un peu plus loin commence le département des Vosges. Vous êtes à 1H00 des montagnes. 

 

Nancy 

Nancy est toute proche de Lunéville. On peut y découvrir l'ensemble XVIIIe classé Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO en 1983. C'est aussi une ville passionnante si vous aimez l'Art Nouveau. Toutes les infos sont ci-dessous. 

https://monsieur-de-france.com/fr/place-stanislas-nancy-unesco-visite-tourisme-histoire

Juste à côté de Nancy, on peut visiter Nancy, sa célèbre Place Stanislas, mais aussi les monuments Art Nouveau... 

 

Le château de Haroué 

C'est l'une des oeuvres de Boffrand, l'architecte du château de Lunéville. Réalisé entre 1720 et 1729 pour l'un des habitués de la Cour de Lunéville, Marc de Beauvau-Craon (meilleur ami du duc Léopold), le château a été construit à l'emplacement d'une forteresse du Moyen-âge, ce qui explique les tours rondes qui lui donnent tant de charme. Un château à voir absolument. On y découvre des salons de receptions magnifiques (avec de rarissimes tapisseries de Nancy), le délicieux salon "Pillement", du nom du peintre qui y a réalisé des chinoiseries à la fois délicates et amusantes. Certains surnomment la demeure "le Palais à la campagne" ou encore "le Chambord Lorrain". Il faut dire qu'il est imposant avec ses "4 ponts, 12 tours et tourelles, 52 cheminées et 365 fenêres". La famille de Beauvau-Craon est toujours propriétaire des lieux qui sont, désormais, gérés par le Centre des Monuments Nationaux. 

Plus d'infos sur le site internet du château de Haroué et sur place : place du château, 54 740 Haroué. 

Le château de Haroué : un palais à la Campagne / Photo choisie par Monsieurdefrance.Fr : Mihai-Bogdan Lazar/Shutterstock

Le château de Haroué : un palais à la Campagne / Photo choisie par Monsieurdefrance.Fr : Mihai-Bogdan Lazar/Shutterstock

 

 

Une histoire du château de Lunéville

 

Vue sur le château de Lunéville depuis la Cour d'honneur / Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Traveller70/shutterstock.com

Vue sur le château de Lunéville depuis la Cour d'honneur. Au sommet : le drapeau de Lorraine, emblème des ducs de Lorraine avec les trois alérions d'argent / Photo choisie par Monsieurdefrance.com : Traveller70/shutterstock.com

 

Le Versailles Lorrain

C'est le "Versailles Lorrain" pour deux raisons : il est énorme et il a été construit à quelques kilomètres de la capitale officielle du souverain. Mais la comparaison s'arrête là. D'abord le château et ses symboles ne tournent pas autour d'un homme, comme c'est le cas pour Louis XIV à Versailles. Ici, la chambre du souverain est loin d'être le centre de la demeure puisqu'elle était située dans "les appartements ducaux", le lieu de vie du duc. Et puis, le château est à l'image des lorrains : modeste. Ne cherchez pas ici des kilos de dorures. D'abord le duc de Lorraine n'était aussi fortuné que le roi de France, évidemment, mais il était aussi ennemi du clinquant. Les rares dorures servent à souligner l'un des symboles des ducs : la croix de Lorraine, qu'on trouve sur les balcons. 

 

Lunéville est immense mais modeste. N'y cherchez pas les dorures de Versailles. La feuille d'or n'est pas pour le souverain, mais pour la Lorraine qu'on retrouve à travers les croix de Lorraine dorées qu'on voit sur les balcons. Photo choisie par Monsieurdefrance.com / Jérôme Prod'homme

Lunéville est immense mais modeste. N'y cherchez pas les dorures de Versailles. La feuille d'or n'est pas pour le souverain, mais pour la Lorraine qu'on retrouve à travers les croix de Lorraine dorées qu'on voit sur les balcons. Photo choisie par Monsieurdefrance.com / Jérôme Prod'homme

 

L'origine du château de Lunéville 

Lunéville a des origines très anciennes. Au point que dans certains grimoires on affirme que le lieu était un lieu de culte à la déesse de la Lune au temps des Gaulois. L'endroit a été fortifié assez tôt, par les comtes de Lunéville, il est devenu lorrain par le duc de Lorraine mathieu II en 1243. Entre 1620 et 1630, le vieux château médiéval est détruit et remplacé par un château neuf par la volonté du duc Henri II de Lorraine et de Bar (1563-1624). Très abîmé par la guerre de 30 ans et déserté par les ducs obligés de fuir leurs états occupés par la France de Richelieu et de Mazarin, le château de Henri II est détruit à son tour. A sa place, le duc Léopold 1er de Lorraine et de Bar décide de construire sa résidence. 

 

Le retour du duc de Lorraine

Le duc Léopold 1er "le bon" de Lorraine et de Bar vers l'âge de 25 ans par Nicolas Dupuy. Il est représenté avec les attributs de la souveraineté de son duché son manteau est doublé d'hermine (pour la souverainté), parcouru d'alérions (symboles de la Lorraine), la couronne ducale posée près de lui est dite "fermée" ce qui rappelle qu'il n'y a personne au-dessus de lui. photo choisie par monsieurdefrance Caroline Lena Becker sur wikipedia

Le duc Léopold 1er "le bon" de Lorraine et de Bar vers l'âge de 25 ans par Nicolas Dupuy. Il est représenté avec les attributs de la souveraineté de son duché son manteau est doublé d'hermine (pour la souverainté), parcouru d'alérions (symboles de la Lorraine), la couronne ducale posée près de lui est dite "fermée" ce qui rappelle qu'il n'y a personne au-dessus de lui. 

 

Léopold 1er de Lorraine et de Bar est né à Innsbruck en Autriche puisque les ducs de Lorraine ont été chassés par les Français de Louis XIII et Louis XIV au XVIIe siècle. Les revers de fortune de Louis XIV ont fini par l'obliger à accepter l'indépendance du duché de Lorraine et le retour de son titulaire héréditaire ce jeune duc de 19 ans. Avec le traité de Ryswick, en 1697, Léopold reprend posséssion de ses duchés. Il épouse la nièce de Louis XIV, fille de son frère "Monsieur", Elisabeth-Charlotte d'Orléans. Le couple ducal fait son entrée dans un duché en liesse et s'installe à Nancy, la capitale. Après 60 ans de conflits, une épidémie de peste terrible et un XVIIe siècle qui l'a littéralement vidé de ses habitants, la Lorraine voit enfin arriver le bout du tunnel. On reconstruit et, grâce à Léopold, les duchés de Lorraine et de Bar commencent une période qui sera l'une des plus glorieuses de leur histoire : le XVIIe siècle. 

 

La duchesse Elisabeth Charlotte d'Orléans. 

La duchesse Elisabeth Charlotte d'Orléans. 

 

Et l'idée de s'installer à Lunéville. 

Léopold aime bien Lunéville. Il y va parfois et il entreprend même de rénover le château Renaissance de son prédécésseur Henri II. Ce qui va le décider à s'installer à Lunéville c'est le retour des soldats français en  Lorraine en 1702 lors de la Guerre de succession d'Espagne. Nancy, la capitale, devient l'endroit de stationnement des troupes françaises en route pour la guerre. Et Léopold refuse de vivre dans un lieu occupé par une puissance étrangère. Il choisi de s'installer à Lunéville et d'y bâtir sa demeure, celle d'un prince souverain.

 

Le château de Germain Boffrand

Portrait présumé de Germain Boffrand, architecte du château de Lunéville par Jean II Restout

Portrait présumé de Germain Boffrand, architecte du château de Lunéville par Jean II Restout

 

Le duc fait appel à Germain Boffrand (1667-1754). D'origine nantaise, l'homme est déjà réputé pour sa collaboration avec Jules Hardouin-Mansart (à qui on doit le grand Trianon et la Place Vendôme) avec qui il a dessiné la Place Vendôme. On comptera jusqu'à 6 projets différents (comme quoi, si vous faites construire, vous n'êtes pas les seuls à changer d'avis souvent !). L'idée de départ est un plan en H avec deux grandes ailes. Les finances du ducs auront raison de la deuxième aile. Des finances qui ne permettent pas non plus de réaliser, comme à Versailles, une chapelle avec des colonnes en marbre. C'est Germain Boffrand qui aura une idée géniale : des colonnes en grès rose, badigeonnées et un plafond en plâtre sculpté à la fois simple et gracieux. Les jardins sont déssinés par Yves des Hours et achevés en 1710.

 

Vue aérienne du château de Lunéville et du parc des Bosquets. On voit bien la forme de H inachevé. En préambule du châeau, deux batiments allongés : les communs, plus haut le château, et ensuite le parc des Bosquets. Image choisie par Monsieurdefrance.com : vue aérienne par google earth

Vue aérienne du château de Lunéville et du parc des Bosquets. On voit bien la forme de H inachevé. En préambule du châeau, deux batiments allongés : les communs, plus haut le château, et ensuite le parc des Bosquets. Image choisie par Monsieurdefrance.com : vue aérienne par google earth

 

Le château est précédé de deux grands batiments (les communs) pour les cuisines, les chevaux, des serviteurs. L'aile droite du château, un carré autour d'un petit jardin intérieur, constitue "les appartements ducaux" dans lesquels le duc et la duchesse vient à la fois leur travail de représentation et leur vie de famille. Une vie simple, d'ailleurs, en dehors des moments officiels. On a de nombreuses déscriptions qui nous parlent des appartements comme un lieu très vivant et très joyeux. Dans les cheminées de leur chambre, les nombreux enfants ducaux (le couple aura 14 enfants) s'amusent, étudient et élèvent des oiseaux. La duchesse ne dédaigne pas se faire un peu de cuisine dans sa chambre, notamment sa spécialité : la carpe à la poele. Dans le château on croise la duchesse Elisabeth-Charlotte, fille de la Palatine et de Monsieur, frère du Roi Louis XIV, le duc Léopold et sa maîtresse Anne Marguerite de Ligniville, épouse du meilleur ami du duc : Marc de Beauvau-Craon, que le duc couvre de bienfaits pour le remercier de n'être pas trop regardant sur les amours de son épouse...  Comme une sorte de tradition familiale, la fille des Beauvau-Craon sera à son tour maîtresse du souverain du château, mais pas Léopold. On en reparlera ici... Dès le début de son histoire, le château est touché par un incendie si violent qu'on évacue les enfants dans la cour où tout le monde attend en chemise de nuit. 

 

Le château de Lunéville au siècle des Lumières. 

Le château de Lunéville au siècle des Lumières. 

 

En 1729, la mort de Léopold, bâtisseur du château, interrompt les travaux. Son fils, François III de Lorraine et de Bar (1708-1765), vit à Vienne. Pour pouvoir épouser Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780) qui deviendra impératrice d'Autriche et pour devenir Empereur du Saint Empire Romain Germanique sous le nom de François 1er, le jeune duc accepte de faire un échange avec la France, qui lui refuse ce mariage parce qu'elle considère que si la Lorraine devenait Autrichienne, ce serait un pistolet autrichien braqué en permanence sur elle. Cet échange diplomatique est le suivant : la France accepte le mariage de l'héritier des ducs de Lorraine avec l'héritière de l'Empire d'Autriche. Il devient Grand-Duc de Toscane, à la place du dernier des Medicis qui vient de mourir. En échange, en 1737, François accepte de donner les duchés de Lorraine et de Bar à titre viager à Stanislas Leszczynski (1677-1766), ex-roi de Pologne, beau-père du roi de France Louis XV. Il est convenu qu'à la mort de Stanislas, la Lorraine sera unie à la France. Ce sera effectivement à la mort de Stanislas, en 1766, après un règne de près de 30 ans... 

 

Mariage de Beauvau en 1721 au Château de Lunéville par Claude Jacquard (Musée Lorrain à Nancy). 

Mariage de Beauvau en 1721 au Château de Lunéville par Claude Jacquard (Musée Lorrain à Nancy). 

 

Quand Stanislas déboule en Lorraine. 

Stanislas Leszczynski (1677-1766) roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar à titre viager. Portrait choisi par Monsieurdefrance.com : Jean Baptiste Van Loo (château de Versailles). 

Stanislas Leszczynski (1677-1766) roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar à titre viager. Portrait choisi par Monsieurdefrance.com : Jean Baptiste Van Loo (château de Versailles). 

Stanislas a été deux fois rois de Pologne, et deux fois chassé du trône par les russes et les saxons. Il a marié sa fille unique, Marie, à Louis XV et c'est à lui qu'on confie la Lorraine à titre viager. Il n'a d'ailleurs aucuns pouvoir. Le pouvoir, et la mise au pas des Lorrains, sont confiés à un chancelier : Antoire Martin Chaumont de la Galaizière (1687-1783). Stanislas ne règne donc pas, mais on le dote d'une liste civile très confortable. C'est un homme lettré, curieux d'esprit, de près de 60 ans qui arrive en trombe à Nancy en 1737. Il a hâte de découvrir son nouveau duché. La chute est rude en arrivant puisque son prédécesseur ne lui a laissé absolument aucun meubles. Il a même fait démonter les frises du toit du Palais Ducal à Nancy. Stanislas est obligé de dormir dans l'hôtel particulier de la famille de Beauvau (la Cour d'Appel de Nancy aujourd'hui) quelque temps, le temps qu'on aménage le Château de Lunéville pour lui. Il s'y installe avec sa femme, Catherine Opalinska, qui ne sort jamais parce qu'on lui a dit que le climat lorrain était très mauvais pour la santé. Les Lorrains ne lui sont pas du tout favorables, le considérant comme un usurpateur. A Commercy qu'on a érigé comme principauté pour elle, la duchesse douairière Elisabeth Charlotte, femme de Léopold et nièce le Louis XIV, s'installe dans le château meusien et ne se prive pas de faire savoir qu'elle est absolument contre l'arrangement de son fils. De bon caractère - il sera surnommé "le bienveillant" - Stanislas fait avec. Il va vite conquérir les coeurs et surtout faire de Lunéville le coeur d'une cour dynamique, ouverte et chaleureuse ; la Cour de Lunéville 

 

Et voit choses en grand 

 

S'il n'a pas de pouvoir réel, Stanislas touche tout de même une liste civile (une sorte de salaire annuel) très confortable, qui lui permettra pendant son règne de faire bâtir des châteaux (celui de Einville au Jard, par exemple, était magnifique) l'église Notre Dame de Bonsecours à Nancy, et, surtout, la fabuleuse Place Stanislas. Lunéville est sa résidence, il va donc y faire aménager de nombreuses choses, lui qui a l'âme bâtisseuse. Il fait ériger des "folies" dans le parc du château. Le trèfle, par exemple, un pavillon qui lui sert à se reposer, à fumer la "chibouque" une longue pipe qu'il a découvert quand il était prisonnier chez les turcs. Dans le château, il apprécie la "table volante" créée par la duchesse Elisabeth Charlotte, et qui permet de faire monter une table dressée d'avance depuis les cuisines jusqu'à la salle à manger et de se servir sans attendre et sans valets (on verra que Stanislas était très très gourmand). A côté du parc, au dessus de la rivière, il fait aménager "le rocher", une série de personnages en fer blanc, animés par l'eau, et qui reproduisent une vie champêtre idéale. Les personnages bougent, font parfois de la musique, ca épate les visiteurs et Stanislas adore. 

Les automates de la Cour du rocher au château de Lunéville. Gravure d'époque. 

Les automates de la Cour du rocher au château de Lunéville. Gravure d'époque. 

 

Une cour brillante  

 

Marie Catherine de Beauvau-Craon, marquise de Boufflers, Maîtresse royale de Stanislas (1706 1786)  

Marie Catherine de Beauvau-Craon, marquise de Boufflers, Maîtresse royale de Stanislas (1706 1786)  

Curieux d'esprit, bienveillant, Stanislas s'entoure bien vite d'une cour qui n'a rien à envier à Versailles et qui est même beaucoup moins coincée. On y croise la Marquise de Boufflers (1706-1786), maîtresse officielle du roi (ce qui ne l'empêche pas d'aller voir un peu ailleurs). Une femme, surnommée "la dame de volupté" et qui a écrit elle même son épitaphe : "Ci gît, dans une paix profonde, cette dame de volupté, qui, pour plus de sûreté, fit son paradis en ce monde". Elle côtoie, un temps, la reine Catherine, épouse du roi, ce qui ne manque pas de sel dans un château qui est grand mais n'empêche pas de se croiser. On y croise "Panpan", François Antoine Devaux (1712-1796), un lorrain qui écrit des poèmes et qui la coqueluche des dames de Lunéville. On y voit aussi un garçon étonnant : Nicolas Ferry, surnommé par le roi "Bébé". A la cour on donne des fêtes pour l'aristocratie Lorraine qui possède toujours des hôtels particuliers dans la cité de résidence du souverain. Et on reçoit des personnalités célèbres. 

 

Et des esprits brillants

 

Voltaire (1694-1778)

Voltaire (1694-1778)

 

Passionné de savoir, écrivain lui-même à ses heures (il a laissé pas mal d'écrits au sein d'une "oeuvre du philosophe bienveillant", Stanislas aime qu'on le surnomme "le roi philosophe". Catholique pratiquant, il est ouvert à son époque et aux grands esprits du XVIIIe avec qui il correspond et qu'il reçoit régulièrement. C'est notamment le cas de Voltaire (1694-1778), qui apprécie Lunéville au point d'écrire "on ne croyait presque pas avoir changé de lieu quand on passait de Versailles à Lunéville". Il y séjourne accompagné de la femme de sa vie, la marquise Emilie du Chatelet (1706-1749). Femme d'un immense savoir, elle est la première a avoir traduit Newton en Français en y ajoutant des remarques qui en font, aujourd'hui encore, une grande mathématicienne. C'est d'ailleurs la première mathématicienne de l'Histoire de France. C'est à Lunéville qu'elle finit tragiquement sa vie en 1749.

Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Chatelet (1706-1749). 

Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Chatelet (1706-1749). 

 

Amoureuse du marquis de Saint Lambert (qui lui, est amoureux de la Marquise de Boufflers, maîtresse de Stanislas...), elle tombe enceinte. Elle fait croire à son mari qu'il est le père en l'invitant dans leur château de Cirey (à 1H30 de Lunéville aujourd'hui) et en couchant avec lui après l'avoir fait bien boire (et pour la première fois depuis des années), et revient à Lunéville où il est prévu qu'elle accouche. L'accouchement se passe à merveille et une petite fille naît. C'est quelques jours plus tard qu'elle meurt en s'étant trouvée male subtitement. La légende dit que c'est après avoir bu un verre de sirop d'orgeat trop frais, plus certainement d'une infection suite à l'accouchement. Elle repose toujours sous une grande dalle noire, sans rien de gravé dessus, à l'entrée de l'église Saint Jacques de Lunéville. Ce décès cause un immense desespoir à Voltaire qui quitte Lunéville et qui finira par s'installer à Ferney, devenue Ferney-Voltaire, pas trop loin de la Suisse pour pouvoir s'y réfugier s'il venait au roi de France de vouloir le faire enfermer en raison de ses écrits... 

 

Et bébé, par qui le mot "bébé" est entré dans la langue Française et dans le monde. 

 

le "nain bébé" à l'âge de 11 ans en costume de Hussard (peut être par l'atelier Trubenbach).

le "nain bébé" à l'âge de 11 ans en costume de Hussard (peut être par l'atelier Trubenbach).

 

C'est un homme miniature. A sa naissance, Nicolas Ferry est si petit, qu'on le fait dormir dans un sabot. Ces parents présentent cet enfant étrange au roi Stanislas qui propose de l'adopter et de s'en occuper. Il lui fait faire une petite maison dans le château, un char tiré par des chèvres. Il le fait se dissimuler dans un gâteau, d'où il surgit armé et casqué alors que tout le monde est à table, ce qui cause grand émoi. Sa petite taille joue souvent des tours à Bébé, qui se perd dans les jardins et la Cour n'est pas rassurée. On a peur d'écraser Bébé, notamment parce que le roi le fait souvent se cacher sous des coussins pour arroser le derrière des dames. Mort jeune (25 ans), d'une peine de coeur, puisqu'il est tombé malade peu de temps après qu'une jeune femme miniature a refusé son amour, "Bébé" est entré dans la petite histoire pour deux raisons. Il est le nain jaune d'un jeu de société (pas très sympa d'ailleurs le nain jaune, à l'image du mauvais caractère de Nicolas) et surtout parce que ce surnom de "bébé" que lui a donné le Roi Stanislas est devenu un nom commun pour désigner un petit enfant, nom qui s'est transformé en "baby" chez les anglo-saxons. 

 

le "nain bébé" par les ateliers de Jean Girardet (1750) 

le "nain bébé" par les ateliers de Jean Girardet (1750) le chien permet une comparaison.

Objet d'une grande curiosité à son époque (il a failli être écrasé par la foule parisienne qui voulait le voir et n'a du son salut qu'au fait de réussir à se percher dans la botte qui servait d'enseigne à un cordonnier), Nicolas Ferry, dit "bébé" a été étudié par le naturaliste Buffon qui a conservé son squelette qui est toujours au musée de l'homme à Paris. 

 

La fin d'une époque 

 

Stanisław Leszczyński. Par Girardet.

Stanisław Leszczyński. Par Girardet.

 

En février 1766, Stanislas est très agé. Il a plus de 88 ans et il est très diminué. Il n'y voit plus (et il s'entête à pêcher, alors comme le voit n'y voit rien, ses serviteurs plongent dans la rivière pour accrocher eux même des poissons puisque le roi ne les voit pas, et il croira jusqu'à sa mort être un excellent pêcheur !). Ce jour d'hiver, il est assis près de sa cheminée, vétu de la belle robe de chambre que sa fille, Marie, Reine de France, lui a fait envoyer de Versailles. Alors qu'il se penche vers la cheminée pour saisir une braise et ranimer sa pipe, il ne voit pas que sa robe de chambre est trop près du foyer. Elle prend feu. Se levant et essayant d'éteindre ce feu qui embrase sa robe de chambre, le roi se lève et fini par tomber... Dans la cheminée. Il ne sera retrouvé que très longtemps plus tard, personne ne l'ayant entendu, et son fidèle serviteur étant absent pour la seule fois depuis des années (il ne s'en remettra jamais). Au bout d'une semaine de souffrance, Stanislas meurt, non sans un dernier trait d'humour puisque regardant sa maîtresse et ses brûlures, il a dit "madame ! Fallait il que je brûle d'un pareil feu pour vous ?". Il repose en l'Eglise Notre Dame de Bonsecours, à Nancy, qu'il faite reconstruire pour cela d'ailleurs, auprès de sa femme Catherine Opalinska. A sa mort, les duchés de Lorraine et de Bar font union à la couronne de France. Tout ce que Stanislas a fait est détruit par ordre de Louis XV, les petites constructions mais aussi des châteaux. Le château de Lunéville devient une sorte d'immense caserne. Le grand rideau de l'Histoire s'abat sur la Cour de Lunéville. 

 

Le château de Lunéville au temps du régiment de cavalerie en 1839 / gravure gallica.fr

Le château de Lunéville au temps du régiment de cavalerie en 1839 / gravure gallica.fr

Cela n'a pas ruiné la ville qui a su rebondir et vivre un XIXe siècle et une première moitié du XXe siècle avec de grandes richesses puisque Lunéville était à la fois une sous-préfécture, un lieu de production manufacturière (la faience à Lunéville Saint Clément, la broderie perlée...) et industrielle puisque c'est là qu'on a fabriqué les premières automobiles françaises, les Lorraine Dietrich. 

 

Stanislas le roi gourmand 

 

Stanislas était très très gourmand. Des contemporains racontent qu'il mangeait très vite, comme un glouton, ce qui ne faisait pas les affaires de ses visiteurs qui devaient manger aussi vite que lui puisqu'on ne pouvait pas continuer à manger après le roi, la table était débarrassée par les valets. Il aimait particulièrement le melon, il est d'ailleurs à l'origine du "melon de Lunéville", un melon assez énorme, proche de la pastèque, qui a été longtemps cultivé à grande échelle à Lunéville et dont il se donnait fréquemment des indigestions. Il appréciait beaucoup le bouillon de viande, qu'il prenait au petit déjeuner. Et on doit au moins deux belles spécialités française à Stanislas : la madeleine et le baba au rhum. 

 

La madeleine 

Pour tout savoir de la madeleine et de son étonnante histoire, et pour découvrir des recettes c'est ici : 

Qui a inventé la madeleine ? Réponse de Monsieur de France

 

Le baba-au-rhum 

C'est à Stanislas qu'on doit l'idée du baba. On vous raconte l'histoire et on vous donne la recette ci dessous 

C'est à Lunéville qu'on a inventé le baba. Photo choisie par Monsieur de France :  Roberto Di Francesco de Pixabay

 

Infos Geo Web 

Lunéville c'est un peu plus de 21 000 lunévilloises et lunévillois. La ville est aussi surnommée "la cité cavalière" en raison des nombreux régiments à cheval qui y étaient stationnés autrefois. Elle est sous-préfécture du département de Meurthe-et-Moselle, dans la région historique de Lorraine, région administrative du Grand Est. 

 

Par la route : 

Lunéville est située à environ 30 kms de Nancy, soit 20 minutes de voiture. Elle est située à 1H30 de Luxembourg, 1H30 de Strasbourg et un peu plus de 4H de Paris, via la N4 (pas payante), c'est un peu plus long par l'A4 ou l'A31 (payantes). 

 

Par le train : 

La gare est 15 minutes de Nancy en train. C'est aussi une gare TGV, elle vous met à 2H05 de Paris Est

 

Par l'avion : 

L'aéroport le plus proche est l'aéroport de Metz Nancy Lorraine, à Goin à un peu moins d'une heure de Lunéville. L'autre est situé au Luxembourg à un peu moins de 2H. 

 

Les sites internet 

Pour découvrir le tourisme à Lunéville et dans le Lunévillois c'est ici 

Pour découvrir le tourisme en Meurthe-Et-Moselle c'est là. 

Le tourisme dans la région Grand Est c'est explore Grand Est est c'est par là. 

 

Jérôme Prod'homme

Jérôme Prod'homme

Jérôme est "monsieur de France" l'auteur de ce site.